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Sitôt les forains partis, chacun s'en retournait à sa prostration solitaire, devant sa télé, cultivant, au choix, dépression, aigreur, misanthropie, apathie ou diabète.
Adeline Dieudonné
Mon père regardait le journal télévisé, en expliquant chaque sujet à ma mère, partant du principe qu'elle n'était pas capable de comprendre la moindre information sans son éclairage. C'était important le journal télévisé pour mon père. Commenter l'actualité lui donnait l'impression d'avoir un rôle à y jouer. Comme si le monde attendait ses réflexions pour évoluer dans le bon sens.
Vous apprendrez ça. Il y a des gens qui vont vous assombrir le ciel, qui vont vous voler la joie, qui vont s'asseoir sur vos épaules pour vous empêcher de voler.
Il fallait que quelque chose se termine. En réalité, c'était peut-être la seule chose que nous partagions tous les quatre, l'envie d'en finir avec cette famille.
Elle a souri un peu, sa tristesse est partie faire un tour dehors.
Ma puce. J'ai cru que mon coeur allait exploser. Ma puce. Mon père m'avait appelée "ma puce". Ces deux petits mots ont tournoyé dans mes oreilles comme des lucioles, puis sont allés se faufiler au fond de ma poitrine. Leur lumière a brillé là pendant plusieurs jours.
Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie.
Chez nous, les repas familiaux ressemblaient à une punition, un grand verre de pisse qu'on devait boire quotidiennement. Chaque soirée se déroulait selon un rituel qui confinait au sacré
J'aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d'appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu'il puisse se passer chez moi.
Il n'a pas arrêté de pleuvoir cet été-là. On aurait dit que le ciel était en deuil.