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Le costume folklorique est un vêtement qui s'est figé, qui n'évolue plus, et celui qui le porte avoue par là même qu'il renonce à modifier sa condition. Le costume folklorique est le symbole de la résignation.
Adolf Loos
Que veut donc l'architecture au juste ? Il veut, en s'aidant de matériaux, susciter en l'homme des sentiments qui à proprement parler ne font pas encore partie intrinsèque de ces matériaux. Il bâtit une église. Les gens doivent être incités au recueillement. Il construit un bar. Les gens doivent s'y sentir à l'aise.
Les temps barbares où ont été amalgamés oeuvres d'art et objets usuels sont définitivement révolus. Pour le salut de l'art. Car le dix-neuvième siècle se verra un jour consacrer un grand chapitre de l'histoire de l'humanité : nous lui sommes redevables de cet exploit d'avoir amené la rupture claire et nette entre art et artisanat.
L'architecte ne crée pas seulement pour son temps, la postérité devra aussi avoir droit à jouir de son oeuvre.
Mais celui qui va écouter la Neuvième Symphonie et puis s'installe pour dessiner un motif de papier peint, c'est soit un escroc, soit un dégénéré.
Un homme moderne qui se tatoue est un criminel ou un dégénéré. Dans beaucoup de prisons, la proportion de tatoués s'élève à quatre-vingts pour cent. Les tatoués qui vivent en liberté sont des criminels latents ou des aristocrates dégénérés. Il arrive que leur vie semble irréprochable jusqu'au bout. C'est qu'ils sont morts avant leur crime.
Pris dans un sens psychologique, l'ornement servirait à soulager le travailleur de la monotonie de son travail.
Chaque matériau a son propre langage formel, et aucun ne peut parler une langue étrangère. Car les formes se sont élaborées à partir des possibilités d'utilisation et du mode d'obtention de chaque matériau. Elles sont apparues avec le matériau et par le matériau.
Les changements formels ne doivent pas procéder du besoin d'innover, mais du désir de perfectionner encore ce qui est bon. Il ne s'agit pas de donner un nouveau siège à notre époque, mais le meilleur siège possible.
Je mange selon mon goût, et ce n'est pas ma faute si la cuisine pompeuse des siècles passés, les pièces montées, les architectures de paons, de faisans et de homards me coupent l'appétit. Je traverse avec horreur une exposition culinaire, en pensant qu'il y a des gens qui mangent tous ces cadavres empaillés. Moi, je mange du roastbeef.
Malheur quand un peuple reste à la traîne au cours de l'évolution culturelle !
L'ornement moderne n'a ni parents, ni descendance, ni passé, ni avenir. Les aveugles d'entre nos contemporains, ceux pour qui la grandeur de notre époque est un livre fermé de sept sceaux, ont salué avec des cris de joie "l'art nouveau" que maintenant ils abominent ; ils se préparent à admirer quelque nouvel "art nouveau" dont la faveur ne sera pas moins éphémère.
Car tout État, finalement, part de l'hypothèse qu'un peuple à un stade peu élevé est plus facile à gouverner.
Seules la fantaisie et l'ambition de la femme peuvent assumer la responsabilité de cet assassinat du matériau – car l'ornement au service de la femme vivra éternellement.
J'appelle culture cet équilibre interne et externe de l'être humain, que seul garantit un mode raisonnable de penser et d'agir. Un de ces jours, je tiendrai une conférence sur le thème : pourquoi les Papous ont-ils une culture et pas les Allemands ?
Seule une toute petite partie de l'architecture relève de l'art : le tombeau et le monument.
Aujourd'hui, la plupart des maisons ne plaisent qu'à deux personnes : le maître d'ouvrage et l'architecte.
Il y a des prisons où quatre-vingts pour cent des détenus présentent des tatouages. Les tatoués qui ne se trouvent pas en prison sont des criminels latents ou des aristocrates dégénéras. Quand un tatoué meurt en liberté, c'est qu'il est mort quelques années avant d'avoir commis un meurtre.
Il ne peut plus être crée aujourd'hui d'ornement par quelqu'un vivant à notre stade culturel.
La satisfaction de ma vanité m'est interdite.
La maison doit plaire à tous. A la différence de l'oeuvre d'art qui n'a besoin de plaire à personne
Il n'existe pas de plus grand malheur que d'être condamné à l'inactivité.
Ne chercher la beauté que dans la forme, ne pas la faire dépendre de l'ornement, c'est là le but vers lequel tend l'humanité entière.
L'absence d'ornement est un signe de force spirituelle.
Ce n'est ni un être humain ni une association qui nous a crée nos armoires, nos coffrets à cigarettes, nos bijoux. C'est le temps qui les a crées. Ils changent d'année en année, de jour en jour, d'heure en heure. Car nous-mêmes changeons d'heure en heure, nous, nos vues, nos habitudes. De ce fait, notre culture évolue.
L'architecture éveille en l'homme des états d'âme... La tâche des architectes est de préciser ces états d'âme.
Un m'as-tu vu est un homme qui s'habille avec l'intention expresse de se distinguer de son milieu. Il en appellera tantôt à l'étique, tantôt à l'hygiène, tantôt à l'esthétique pour justifier son sot comportement.
Or il se trouve que la nature m'a octroyé un don précieux. Elle m'a fait dur d'oreille. Je peux donc rester assis au milieu de gens qui discutent et d ébattent, sans être condamné à entendre les bêtises qu'ils débitent. Et je suis mes propres pensées.
La pulsion qui pousse quelqu'un à ornementer son visage et tout ce qui peut s'atteindre est le tout premier commencement des arts plastiques. C'est le balbutiement de la peinture. Tout art est érotique.
Les peuples modernes s'enrichissent, les peuples arriérés s'appauvrissent. Les Anglais amassent des capitaux énormes, tandis qu'en Autriche nous tirons le diable par la queue.
Je supporte les tatouages des Cafres, les ornements des Persans, des paysannes slovaques, les dessins de mon cordonnier. Ils n'ont, les uns et les autres, que l'ornement pour embellir et exalter leur vie. Nous, les aristocrates, nous avons notre art moderne, l'art qui a remplacé l'ornement. Nous avons Rodin et Beethoven.
En règle générale, l'ornement va renchérir l'objet ; malgré tout, il arrive qu'un objet ornementé, avec un matériau du même coût et un temps de travail prouvé être trois fois plus long, soit offert pour la moitié du prix que vaut un objet lisse. L'absence d'ornement a pour conséquence une réduction du temps de travail et une élévation de salaire.
L'évolution de la culture ressemble à la marche d'une armée qui aurait une majorité de traînards.
L'art est le vouloir propre du genius. Dieu lui en a donné la mission.
L'évolution de la culture signifie suppression de l'ornement sur les objets d'usage courant.
Le vagabond est l'expression la plus héroïque d'une forte individualité. Il n'est nul besoin d'héroïsme pour avoir de l'argent et rester sans travailler. Mais qui traverse la vie sans argent ni travail est un héros.
Le costume folklorique est le symbole de la résignation.
Chaque époque avait son style, la nôtre serait la seule à qui en serait refusé un ? Par style, on entendait l'ornement. Alors, j'ai dit : ne pleurez pas ! Voyez, que notre époque ne soit pas en état de produire un nouvel ornement, c'est cela même qui fait sa grandeur. L'ornement, nous l'avons surmonté, nous sommes parvenus au stade du dépouillement.
L'histoire de l'humanité n'avait pas eu jusqu'à présent à enregistrer de période de non-culture.
Mais un édifice dont tous les détails, jusqu'aux moindres cadres de serrures, sortent d'une seule et même tête pers toute fraîcheur et devient ennuyeux.
Mais nous ne sommes pas encore devenus incultes au point de vouloir inculquer la poésie à un jeune garçon parce qu'il a une jolie écriture.
J'avoue la vérité que voici pour l'offrir au monde : l'évolution de la culture est synonyme d'une disparition de l'ornement sur les objets d'usage. Je croyais apporter ainsi à ce monde une joie neuve, et il ne m'en a pas remercié. Je fus pris de tristesse, et les têtes se baissèrent. Ce qui accablait, c'était de savoir qu'on ne pourrait pas produire de nouvel ornement.
Ne bâtis pas pittoresque. Abandonne ce genre d'effet aux maçons, aux montagnes, au soleil.