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Je vois que la crainte nous conduit à combattre la maladie par le régime et les remèdes ; mais quel régime et quels remèdes nous guériront de craindre ?
Alain
Mais dans tout sourire il y a de l'enfance ; c'est un oubli et un recommencement.
L'ombre d'un arbre exprime aussi l'azimuth et la hauteur du soleil...
... on peut affirmer que certaines maladies ont disparu ou presque par l'incrédulité des médecins.
L'idée de l'expérience ne remplace nullement l'expérience.
La poésie est le plus ancien récit, et je croirais bien que c'est la poésie qui nous a d'abord consolés du langage.
Il n'y a de redoutable au monde que l'homme qui s'ennuie.
Il y a chez les femmes une vanité d'apparence qui est réellement de nécessité pour elles. Il faut qu'elles soient considérées, maquillées, parées.
Je n'ai jamais méprisé ces hommes de l'autre génération, qui parlaient par citations ; cela valait toujours mieux que ce qu'ils auraient dit à leur manière.
L'homme qui ne fait rien n'aime rien.
L'action théâtrale ... doit être annoncée et en quelque sorte étalée pour les spectateurs ; et cela n'a point lieu pour les événements réels, que nul, peut-on dire, ne voit jamais.
On doit appeler machine, dans le sens le plus étendu, toute idée sans penseur.
Et que faisons-nous d'autre, sinon d'aller toujours de trop penser à trop peu penser ?
Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre ; par la résistance, il assure la liberté.
Ce n'est point parce que j'ai réussi que je suis content ; mais c'est parce que j'étais content que j'ai réussi.
La société a à sa charge tous ceux qui ne peuvent pas travailler ; cela est de consentement universel ; personne ne propose de laisser à la rue un vieillard, un malade, un enfant.
Plus on sort de soi-même et plus on est soi-même, mieux, ainsi on se sent vivre.
Un homme cultivé ressemble à une boîte à musique. Il a deux ou trois petites chansons dans le ventre.
Le subalterne est courtisan ; le subalterne ne dit jamais ce qui est, mais seulement ce qui plait ; cette règle est suivie ingénument.
L'ennui se nourrit de ces signes qui n'ont qu'un sens et qui, par cela même, n'ont plus de sens.
C'est toujours par l'ennui et ses folies que l'ordre social est rompu.
C'est un devoir aussi envers les autres que d'être heureux.
Comme on vit mal avec ceux que l'on connaît trop. Comme on vit mal avec ceux qu'on ne connaît pas du tout. Comme on vit bien avec ceux que l'on ne connaît pas trop.
Accord : C'est une entente et une paix de nature, qui ne doit rien à la volonté.
J'ai souvent envie de demander aux femmes par quoi elles remplacent l'intelligence.
... il faut s'appliquer à se consoler, au lieu de se jeter au malheur comme au gouffre. Et ceux qui s'y appliqueront de bonne foi seront bien plus vite consolés qu'ils ne pensent.
Celui qui ne lit que ce qui lui plaît, je le vois bien seul. Toujours en compagnie de ses chétives idées personnelles, comme on dit, mais il ne sortira jamais de l'enfance.
Le saint est l'homme qui se passe de Dieu.
On dit communément que le nu est toujours chaste pourvu qu'il soit beau ; mais il vaut mieux dire que le nu est beau pourvu qu'il soit chaste.
Tout cela est calculable, mesurable par des raisonnement rigoureux et par des mesures précises.
Si le juge suprême tuait de sa propre main, comme au temps des sacrifices, nous pourrions juger le juge d'après ses mains et son visage.
Les grandes pensées ont quelque chose d'enfantin, qui fait que les beaux esprits passeront toujours à côté sans les voir.
Il y a l'avenir qui se fait et l'avenir qu'on fait. L'avenir réel se compose des deux.
Il faut que la pensée voyage et contemple, si l'on veut que le corps soit bien.
L'action dévore la pensée.
Le désir est, à ce que je crois, un très petit personnage...
Il faut se tenir entre deux folies, l'une de croire que l'on peut tout, et l'autre de croire qu'on ne peut rien.
L'induction, l'analogie, le syllogisme hypothétique et disjonctif, marquent les degrés du raisonnement selon l'essence.
Exister est bon ; non pas meilleur qu'autre chose ; car exister est tout, et ne pas exister n'est rien.
... Les idées, même les plus sublimes, ne sont jamais à inventer, et elles se trouvent inscrites dans le vocabulaire consacré par l'usage.
Vous riez d'une prédiction sinistre et invraisemblable ; vous rirez moins si cette prédiction s'accomplit en partie ; le plus courageux des hommes attendra alors la suite.
Toute l'enfance se passe à oublier l'enfant qu'on était la veille.
Un homme savant a compris un certain nombre de vérités. un homme cultivé a compris une certain nombre d'erreurs. Et voilà toute la différence entre l'esprit droit et l'esprit juste.
Le propre de l'homme est sans doute de se tromper en compagnie, et de n'en point démordre aisément.
Avant de dormir soi-même, il faut faire dormir ses pensées. Mais cela ne va pas bien, car vouloir endormir une pensée, c'est penser ; et penser c'est s'éveiller.
Ce léger brouillard des jeunes feuilles, ils admiraient de le découvrir un beau matin...
Un homme vieux, ce n'est pas un homme jeune qui souffre de vieillesse ; un homme qui meurt ce n'est pas un vivant qui meurt.
Le seul intérêt de la pensée est de donner un sens à la religion.
L'enseignement doit être résolument retardataire.
Règle d'hygiène : n'aie jamais deux fois la même pensée.