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Quand un homme a peur, la colère n'est pas loin ; l'irritation suit l'excitation.
Alain
La pensée ne respecte rien d'elle-même.
Réprobation : C'est un blâme assuré et public où domine l'idée de preuve, c'est-à-dire d'une pensée publique qu'il faut seulement réveiller.
Il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l'exerce... la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles.
Réfléchir, c'est nier ce que l'on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu'il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien.
C'est une erreur admirable que d'imaginer la sphère céleste tournant autour du pôle immobile ; erreur difficile à redresser ; mais toute l'astronomie est sortie.
Pascal disait que la maladie est insupportable pour celui qui se porte bien, justement parce qu'il se porte bien. Une maladie grave nous accable sans doute pour que nous n'en sentions plus enfin que l'action présente.
Toute idée claire que nous formons diminue notre esclavage et augmente notre liberté.
L'inspiration ne se dit point ; c'est l'oeuvre qui la dit.
L'erreur est de croire que l'action court au plaisir ; car le plaisir accompagne l'action.
Elas ! Pourquoy m'a elle procuree - Mort a demy sans l'avoir assouvie ? - Vie en langueur, telle est ma destinee - Quant je ne voy ma doulce dame en vie.
Le mot de passion nous avertit fortement ici, car il désigne un esclavage et un malheur.
Je définis le bourgeois comme un homme qui profite des résultats sans penser au travail.
Le paradoxe humain c'est que tout est dit et que rien n'est compris.
On se fait communément une étrange idée de ce que c'est qu'une opinion neuve et hardie. C'est toujours une opinion vieille comme les rues, mais expliquée.
Nous sommes ainsi bâtis que presque toutes nos émotions sont des malheurs...
Le nez en bec d'aigle, et bien coupant, exprime toujours quelque dureté impérieuse...
Ainsi, chacun promène son humeur pensée, disant : "Je suis ainsi." C'est toujours dire plus qu'on ne sait.
Ecrire est toujours un art plein de rencontres. La lettre la plus simple suppose un choix entre des milliers de mots, dont la plupart sont étrangers à ce que vous voulez dire.
De l'homme le plus sage faites un tyran ; aussitôt il extravague.
Dans les livres d'images qui ont amusé mes premières années, on voyait passer le père Fouettard, avec son paquet de verges sous le bras ; mais ce n'était à mes yeux qu'une métaphore.
La grâce est un bonheur d'expression et de mouvement qui n'inquiète et ne blesse personne.
L'oeuvre peinte nous avertit mieux que la chose ; elle nous arrête ; elle nous ramène. Elle finit par nous apprendre qu'il vaut mieux voir un même tableau cent fois qu'en voir cent une fois ; mais il faut aider l'oeuvre, mettre de soi, jurer de soi.
Le peintre est donc tenu par l'apparence ; et c'est son affaire d'enfermer tout le vrai qu'il pourra dans une seule apparence.
L'homme craint la vérité encore plus qu'il ne l'aime. Disons mieux ; il craint la vérité parce qu'il l'aime. Comme ces femmes trop belles qu'on se détourne de regarder beaucoup.
Quoi de plus difficile à surmonter que l'ennui, la tristesse ou le malheur de ceux que l'on aime ? Tout homme et toute femme devraient penser continuellement à ceci que le bonheur, j'entends celui que l'on conquiert pour soi, est l'offrande la plus belle et la plus généreuse.
Les esprits bègues, toujours en emportement devant la difficulté de penser.
Les hypocrites ne sont pas des menteurs délibérés. C'est qu'ils croient que penser n'est que penser.
A notre insu le travail nous guérit de la partie inférieure et presque mécanique de nos passions ; ce n'est pas peu. Les mains d'Othello étaient inoccupées lorsqu'il s'imagina d'étrangler quelqu'un.
Admirer c'est égaler.
Un charme est ce qui subjugue, plutôt que ce qui plaît.
La lecture qui ânonne ne sert à rien. Tant que l'esprit est occupé à former les mots, il laisse échapper l'idée.
Les confidences ... sont toujours de fausses confidences.
À s'informer de tout, on ne sait jamais rien.
Les métiers sans ennuis sont les métiers qu'on ne fait pas.
L'individu n'est que la moitié d'un homme.
La vie est un travail qu'il faut faire debout.
Nous cédons tous à cette manie de deviner ce qui est, au lieu de constater.
Se réveiller, c'est se mettre à la recherche du monde.
La bonne humeur a quelque chose de généreux ; elle donne plutôt qu'elle ne reçoit.
Si le maître se tait, et si les enfants lisent, tout va bien.
Gagner sa vie, cela ne fait point peine, et même fait plaisir. Ce qui irrite, c'est l'idée que ce salaire bien gagné ne vienne pas par le travail seul, comme un lièvre pris à la chasse, mais dépende encore de la volonté et du jugement de quelqu'un.
Le vrai poète est celui qui trouve l'idée en forgeant le vers. Il faut que la rime soit raison.
On n'a jamais dit, ni écrit, ni pensé qu'à rester peuple on perd son âme.
Tous les moyens de l'esprit sont enfermés dans le langage ; et qui n'a point réfléchi sur le langage n'a point réfléchi du tout.
Nous traînons toute notre vie des chapelets de mauvais vers et de maximes creuses qui nous font buter à chaque pas.
Michel-Ange ne s'est pas mis à peindre parce qu'il avait toutes ces figures dans la tête. Seulement il se mit à peindre, et les figures se montrèrent.
La rançon de la pensée, c'est qu'il faut bien penser.
Toute douleur veut être contemplée, ou bien elle n'est pas sentie du tout.
Le rire est le propre de l'homme, car l'esprit s'y délivre des apparences.
