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Le mariage est la rencontre de deux miroirs, l'un grossissant et l'autre amaigrissant.
Alain Bosquet
Tout être est un univers. Si vous préférez, une cité de globules, de muscles, de gestes et de pensées qui bougent sans qu'on puisse en saisir le sens.
Dieu : mille questions, aucune réponse.
Ce qu'ils profèrent, ils refusent d'y réfléchir, les insultes succédant aux éructations heureuses, et les pleurnicheries aux silences intolérables.
Oui, mon chou, mords-moi, broute-moi. J'ai un goût d'algue, et d'huître et de pain pas entièrement cuit.
Eviter la vindicte divine ou, au contraire, se soumettre à la volonté des forces inconnues : quel bain de suprême inconscience !
Le dieu est rire - Je l'accepte s'il tue les autres dieux.
Le monde n'est réel que si je le dérange.
J'écris pour me débarrasser de moi. J'écris pour mieux me connaître. Entre ces deux extrêmes, la vérité titube, de plus en plus ivre.
Ecrire, c'est penser contre soi.
L'écriture est une délivrance qui, phrase après phrase, mot après mot, devient un esclavage.
Si l'homme n'était pas un animal debout, il serait moins féroce. La biologie est fautive.
Elle écoute avec intensité ce qu'on lui dit, les chuchotements de l'existence, les cris du hasard : elle est prête à y faire front, mais est-ce pour les étouffer ou pour s'en défendre ?
L'idée ne me viendrait pas de les berner. Certains sont d'anciens camarades de promotion : c'est comme qui dirait sacré !
Le 11 avril 1951, le président Truman relève le général Mac Arthur de son commandement, en Corée. Dans les écoles, la pointe Bic remplce peu à peu la plume sergent-major.
Je vous présente Ma poésie : c'est une île qui vole de livre en livre à la recherche de sa page natale, puis s'arrête chez moi, les deux ailes blessées, pour ses repas de chair et de paroles froides.
Je me liquide. Il est un âge où par lucidité on devient entrepreneur en démolitions.
Apprends avant toute chose l'interrogation : elle tempère l'émerveillement.
L'électro-ménager rend la vie de famille plus agréable : ce ne sont que lave-vaisselle, ce ne sont que machines à laver.
Pourquoi n'irais-je pas lundi à mes obsèques ? Les fleurs seront mignonnes. Une actrice lira un de mes poèmes. Je dirai aux amis que je suis très heureux de les avoir quittés.
Poète ? Nouveau-né à tout âge.
J'ai dépensé ma vie : il ne me reste plus un sou pour une mort décente.
Dieu est l'obstacle que j'érige entre moi-même et moi pour n'avoir pas à me comprendre.
Quand l'ébahissement cesse d'être naturel, il prend la forme de l'abscons et du saugrenu.
La vérité la plus tangible : le corps humain.
Peu à peu, je me suis dit que pour vivre, pour m'accepter, pour justifier le train-train sans histoire qu'est le mien, il fallait que je mette mon énergie au service des déhérités.
Une vie : cinq pour cent de rage, deux pour cent de volupté, et tout le reste est brouillard.
Je suis la somme des livres que j'ai lus. Ce n'est pas si simple : je suis aussi la somme des livres que j'ai refusé de lire.
Je n'ai jamais voulu connaître ma ville natale. Heureux qui n'a pas de lieu de naissance : il peut naître où il veut. Et aussi quand cela lui chante.
Je me demande qui je suis, dit Dieu... Peut-être suis-je un compromis conclu par l'être et le non-être aux dépens de moi-même...
Toute souffrance équivaut à une inspiration. D'une douleur on tire un livre.
A mon avis, tu devrais te montrer plus extatique, plus inspiré, plus lointain. Les camps, tu dois te dire qu'ils n'existent pas.
Toute innocence triche.
La peinture, c'est la course à l'absolu et à l'inconnaissable.
Les grandes causes, il n'en connaît que de trois sortes : la prison spirituelle des croyants, les aberrations des croisés de toutes sortes, et le jeu de la politique.
Ca te chagrine que je puisse respirer sans toi. Si tu y tiens vraiment, et pour soulager ton bon coeur un peu cul, tu peux me laisser un cadeau.
Pour redorer sa dignité, il faut d'abord s'être senti mal dans sa peau.
Par la prose je m'exprime. Par le poème je m'extrapole.
On désire le bonheur du couple : lui a fait son devoir, elle est plutôt jolie, et tous deux ont la tête sur les épaules.
Les maisons lui paraissent amènes, dans ce quartier qu'il affectionne.
Pour être moi, j'écris : - C'est aux mots de comprendre.
Il y a bien trois ou quatre têtes chaudes, qui signent des pétitions en notre faveur : c'est pour se soulager.
Chacun éprouve le même drame : il ne sait au juste qui il pourrait être. Parfois, il décide qu'il a trouvé. Il se met une identité : une camisole de force. Un uniforme d'amiral : ça finit par s'incruster sous la peau.
La violence est l'une des grandes industries américaines.
N'écoutez que votre inconscience : elle seule peut vous offrir des fruits qui chantent et des neiges qui soudain, en plein vol, se transforment en pélicans.
Dieu, il faut l'adorer ou le haïr ; sans cette alternative, tu ne seras qu'un estropié.
Tu ne vas pas jusqu'à pleurer sur le sort des tortues de mer, que la méchante bombe H a privées de leur sens de l'orientation sur cet atoll maudit, comment s'appelle-t-il encore, Bikini ?
L'amour excessif de Dieu implique la haine de l'homme.
Que veut dire exister ? Je suis sans être moi.
L'infarctus, le cancer, la lèpre ? J'ai peur d'une autre maladie : l'insignifiance.