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Une chambre au décor vaguement oriental, à peine éclairée par de petites lampes dont les abat-jour diffusent çà et là une lumière rousse.
Alain Robbe-Grillet
Dans le grand salon, Lady Ava est très entourée comme il se doit, par les invités qui, dès leur entrée, se dirigent d'abord vers elle pour la saluer.
Le bas du tablier est très ample, ainsi que la jupe, tandis que le haut n'est qu'un simple carré de toile.
Du moment que la patiente a été anesthésiée, il ne peut guère en tout cas être question d'un supplice.
Les rues sont pleines de troupes en armes, qui défilent en scandant des chants rythmés, aux intonations basses, plus nostalgiques que joyeuses.
Le biais de la fiction est en fin de compte plus personnel que la prétendue sincérité de l'aveu.
Johnson vendait, dans les quartiers chinois du monde entier ... toutes sortes de remèdes, poisons, liqueurs de jeunesse, philtres d'amour, aphrodisiaques.
Tant d'autres vêtements sont accrochés avec celui-là, accumulés les uns par-dessus les autres, qu'il est difficile de distinguer quoi que ce soit dans l'amoncellement.
Le seul engagement possible pour l'écrivain c'est la littérature.
C'est un papier gris pâle, rayé verticalement de bandes à peine plus foncées ; entre les bandes foncées, au milieu de chaque bande claire, court une ligne de petits dessins, tous identiques, d'un gris très sombre.
Johnson se décide à monter dans un pousse-pousse rouge, dont le coussin collant de molesquine laisse échapper son crin moisi par une déchirure du triangle.
Le grand attirail de soldat en campagne paraît cependant indiquer, plutôt, qu'il s'agit vraiment du début de la guerre, car un fantassin en permission ne vient pas chez lui dans un accoutrement si peu commode, en temps normal.
Le rien c'est n'importe quoi mais ce n'est pas rien pour autant.
Le clou de la soirée est sans conteste un long monologue, joué par Lady Ava elle-même, seule en scène depuis le début jusqu'à la fin de l'acte.
Sa main s'est posée sur la poignée de porcelaine, lisse et froide sous la paume. La crémone n'est pas fermée, les deux battants sont seulement poussés.
On sait bien que maintenant les filles - Toutes les filles, même celles de bonne famille - Sont plutôt, plutôt pilule que pastille.
La beauté peut tout se permettre. La beauté n'est jamais vulgaire.
C'est un soldat encore, où plutôt la moitié d'un soldat, car il est vêtu d'un calot et d'une vareuse militaires, mais avec un pantalon civil de couleur noire et des souliers en daim gris.
Un visage fatigué, plutôt maigre, encore amaigri par une barbe qui n'a pas été rasée depuis plusieurs jours.
Une vie malsaine et triste, sans projets, sans surprises, sans avenir possible.
Et derechef il marche dans la neige le long des rues désertes, au pied des hautes façades plates qui se succèdent, sans une variante, indéfiniment.
Si l'intention de la jeune Laura avait été de masquer par son agitation les bruits de la pièce contiguë, c'était en tout cas un mauvais calcul.
Le vent souffle dans les feuilles, entraînant les rameaux entiers dans un balancement, balancement, qui projette son ombre sur le crépi blanc des murs.
La capote militaire est boutonnée jusqu'au col, où se trouve inscrit le numéro matricule, de chaque côté, sur un losange d'étoffe rapporté.
A eux deux, ils ont soulevé le corps, l'homme le tenant par les cuisses et la femme par les épaules, sous les aiselles.
L'actrice est une jeune Japonaise que les habitués ne connaisent pas encore ; elle excite par conséquent la curiosité du public.
La fin est idiote, dit-elle. Tu as eu quelques bonnes idées, mais tu n'as pas su les exploiter intelligemment.
Rien ne sert de faire des suppositions contraires, puisque les choses sont ce qu'elles sont : on ne change rien à la réalité.
Quoi, vous êtes dans le noir ! Il fallait allumer l'électricité. A ces mots, la lumière se fait dans le corridor.
Le gamin qui s'éloigne en courant à toutes jambes, apparaissant et disparaissant, visible à chaque fois pendant quelques secondes, dans les taches de lumière successives, de plus en plus petit, à intervalles de temps égaux...
Elle allume les trois bougies, l'une après l'autre, avec application, craquant à chaque fois une nouvelle allumette et soufflant la flamme après usage, pour replacer ensuite le reste noirci dans la boîte, avec un très grand sérieux.
Elle le regarde en plissant un peu les paupières, semblant guetter la suite de ses paroles avec une attention exagérément tendue, vu l'importance que lui-même leur accorde.
Un des personnages le désignait du doigt sans se gêner, main pointant en avant.
Sans poser de question elle l'introduit dans un salon très encombré, meublé à l'ancienne mode, où elle lui désigne un siège en tapisserie.
A cet endroit, le marbre de la commode présente une longue fêlure, peu sinueuse, qui passe en biais sous le coin de la boîte et atteint le mur vers le milieu du meuble.
Elle s'appelle Laura, elle a treize ans et demi, elle propose de boire un verre de bitter-soda en bavardant, pour faire connaissance.
Puis il court aux deux autres portes, successivement, sans plus de succès : toutes les trois sont bloquées hermétiquement.
On n'entend pas non plus le moindre son : ni pas, ni murmures étouffés, ni chocs d'ustensiles.
Chaque fois qu'un des pieds touche le sol, le buste s'incline en avant tandis que l'air sort des poumons en produisant un sourd ahan, qui semble accompagner quelque travail pénible de bûcheron avec sa cognée ou de laboureur avec sa houe à bras.
Le vrai roman, c'est celui dont la signification dépasse l'anecdote, la transcende, fonde une vérité humaine profonde, une morale ou une métaphysique.
Lauren est allongée sur le couvre-lit de fourrure, entre les quatre colonnes soutenant le ciel qui forme au-dessus d'elle comme un dais.
La mince ligne noire, qui, demeurant dans la pénombre hors du cercle de lumière et à une distance de quatre ou cinq mètres, est d'observation très aléatoire.
L'affiche bariolée se reproduit à plusieurs dizaines d'exemplaires, collés côte à cête tout au long du couloir de correspondance.
La lueur des lampadaires est très faible, rendue plus incertaine encore par l'éclat diffus que répandent alentour toutes ces surfaces blêmes, le sol, le ciel, le rideau de flocons serrés.
Elle ouvre la porte d'un seul coup, avec violence. Le battant frappre contre une butée de caoutchouc et revient en vibrant jusqu'à moitié course.
Dehors, les corbeaux, dérangés dans leurs occupations familiales par une brusque querelle de clans, se mettent soudain à croasser tous ensemble avec fureur.
Elle a vu le sang qui tachait largement le côté de la capote ; mais le docteur l'a rassurée, affirmant que cela ne voulait rien dire quant à la gravité de la blessure.