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Tout homme est un criminel qui s'ignore.
Albert Camus
Les tristes ont deux raisons de l'être, ils ignorent ou ils espèrent.
Je dis seulement qu'il y a sur cette terre des fléaux et des victimes et qu'il faut, autant qu'il est possible, refuser d'être avec le fléau.
Il faut créer le bonheur pour protester contre l'univers du malheur.
Et si l'humanité entière rejette la révolution ? Et si le peuple entier, pour qui tu luttes, refuse que ses enfants soient tués ? Faudra-t-il le frapper aussi ?
Le besoin d'avoir raison est le signe d'un esprit vulgaire.
Il est bon quand même d'avoir eu un grand amour, une passion malheureuse dans sa vie.
L'absurde m'éclaire sur ce point : il n'y a pas de lendemain. Voici désormais la raison de ma liberté profonde.
Mon métier est de faire mes livres et de combattre quand la liberté des miens et de mon peuple est menacée. C'est tout.
L'absurde en lui-même est contradiction.
Parce que j'ai envie de vivre et d'être heureux. Je crois qu'on ne peut être ni l'un ni l'autre en poussant l'absurde dans toutes ses conséquences.
On croit qu'un homme souffre parce que l'être qu'il aime meurt en un jour. Mais sa vraie souffrance est moins futile : c'est de s'apercevoir que le chagrin non plus ne dure pas. Même la douleur est privée de sens.
Une fois de plus, la justice doit s'acheter avec le sang des hommes.
Tous les hommes en sains d'esprit ont pensé à leur propre suicide.
Un écrivain écrit en grande partie pour être lu (ceux qui disent le contraire, admirons-les, mais ne les croyons pas).
On voudrait que ceux qu'on commence d'aimer vous aient connu tel que vous étiez avant de les rencontrer, pour qu'ils puissent apercevoir ce qu'ils ont fait de vous.
Cette heure du soir, qui pour les croyants est celle de l'examen de conscience, cette heure est dure pour le prisonnier ou l'exilé qui n'ont à examiner que du vide.
Il était et il est impossible à une victime des camps de concentration d'expliquer à ceux qui l'avilissent qu'ils ne doivent pas le faire.
L'homme n'est rien en lui-même. Il n'est qu'une chance infinie. Mais il est le responsable infini de cette chance.
Ce qui distingue le plus l'homme de la bête, c'est l'imagination. De là que notre sexualité ne puisse être vraiment naturelle, c'est-à-dire aveugle.
Qu'est-ce que cela fait ? dit-il. Ce n'est pas la loi qui compte, c'est la condamnation. Nous n'y pouvons rien.
Nous pensions que le bonheur est la plus grande des conquêtes, celles qu'on fait contre le destin qui nous est imposé. Même dans la défaite, ce regret ne nous quittait pas.
La paix est la seule bataille qui vaille la peine d'être menée.
La révolution du XXe siècle, au contraire, prétend s'appuyer sur l'économie, mais elle est d'abord une politique et une idéologie.
Il n'y a pas d'ordre sans justice et l'ordre idéal des peuples réside dans le bonheur.
On vit avec quelques idées familières. Deux ou trois. Au hasard des mondes et des hommes rencontrés, on les polit, on les transforme. Il faut dix ans pour avoir une idée bien à soi - dont on puisse parler.
Les hypothèses, en science comme dans la vie, étant toujours dangereuses.
Et si nous choisissons de servir cette communauté, nous choisissons le dialogue jusqu'à l'absurde - contre toute politique du mensonge ou du silence. C'est comme cela qu'on est libre avec les autres.
Le désespoir, comme l'absurde, juge et désire tout, en général et rien, en particulier.
En même temps que les secours envoyés par air et par route, tous les soirs, sur les ondes ou dans la presse, des commentaires apitoyés ou admiratifs s'abattaient sur la cité.
Je n'entendais que les coups de mon sang qui bourdonnait à mes oreilles.
Ah ! tu ne sais pas que seul, on ne l'est jamais ! Et que partout le même poids d'avenir et de passé nous accompagne !
Ma vie n'est rien. Ce qui compte, ce sont les raisons de ma vie. Je ne suis pas un chien.
Il a l'air de vivre sur cette idée, pas si bête d'ailleurs, qu'un homme en proie à une grande maladie, ou à une angoisse profonde, est dispensé du même coup de toutes les autres maladies ou angoisses.
Une certaine continuité dans le désespoir peut engendrer la joie.
Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur.
Pourquoi la faiblesse devant le plaisir serait-elle plus coupable que la faiblesse devant la douleur. Celle-ci commet parfois des ravages incomparables.
Mais un moment arrive où la foi, si elle devient dogmatique, érige ses propres autels et exige l'adoration inconditionnelle.
Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur.
Pour remédier à la vie en société, je suggérerais la grande ville. De nos jours, c'est le seul désert à notre portée.
Oh ! avez-vous bien fermé la porte ? Oui ? Vérifiez, s'il vous plaît. Pardonnez-moi, j'ai le complexe du verrou.
La toux se fit de plus en plus rauque et tortura le malade toute la journée. Le soir enfin, le Père expectora cette ouate qui l'étouffait. Elle était rouge.
Je sais, par expérience, qu'il vaut mieux ne pas les regarder (les victimes). Il est plus facile de tuer ce qu'on ne connaît pas.
Les vieux époux ont le même nombre de poils dans les oreilles tant ils finissent par se ressembler.
Ni peur ni haine, c'est là notre victoire !
Et c'est si bon de se contredire de temps en temps. Cela repose.
Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous.
Il faut un minimum d'inintelligence pour parfaire une vie dans le bonheur.
J'ai compris qu'il ne suffisait pas de dénoncer l'injustice. Il fallait donner sa vie pour la combattre.
Même dans la destruction, il y a un ordre, il y a des limites.