Citations de Albert Camus

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Ecoutez, dit celui-ci, il faut l'isoler et tenter un traitement d'exception.

Nous ne pouvons affirmer l'innocence de personne, tandis que nous pouvons affirmer à coup sûr la culpabilité de tous. Chaque homme témoigne du crime de tous les autres, voilà ma foi et mon espérance.

Dans l'univers du révolté, la mort exalte l'injustice. Elle est le suprême abus.

J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer. Dans un sens, c'était un avantage.

La logique du révolté est de vouloir servir la justice pour ne pas ajouter à l'injustice de la condition, de s'efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le bonheur.

Sa bouche fuligineuse lui faisait mâcher les mots et il tournait vers le docteur des yeux globuleux où le mal de tête mettait des larmes.

L'intelligence dans les chaînes perd en lucidité ce qu'elle gagne en fureur.

J'en viens enfin à la mort et au sentiment que nous en avons. Sur ce point tout a été dit et il est décent de se garder du pathétique. On ne s'étonnera cependant jamais assez de ce que tout le monde vive comme si personne ne savait.

... on ne peut pas bien vivre en sachant que l'homme n'est rien et que la face de Dieu est affreuse.

Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous.

Seule la vérité peut affronter l'injustice. La vérité, ou bien l'amour.

Style. Prudence devant les formules. Elles sont parfois comme le tonnerre : elles frappent mais n'éclairent pas.

Quand on n'a pas de caractère, il faut bien se donner une méthode.

Je n'étais pas d'assez bonne étoffe pour pardonner aux offenses, mais je finissais toujour par les oublier.

L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même.

Les hommes ne vivent pas que de justice.

Il y a des moments où se laisser aller à la sincérité équivaut à un relâchement inexcusable.

Après un certain âge, tout homme est responsable de son visage.

Dans la ville, bâtie en escargot sur son plateau, à peine ouverte vers la mer, une torpeur morne régnait.

Il y a le risque d'être aimé... et cela m'empêcherait d'être heureux.

Ce qui le frappait dans l'amour c'était pour la première fois du moins, l'intimité effroyable que la femme acceptait et le fait de recevoir en son ventre le ventre d'un inconnu. Dans cette sorte de laisse-aller, d'abandon et de vertige, il reconnaissait le pouvoir exaltant et sordide de l'amour.

Le plus haut des tourments humains est d'être jugé sans loi.

Mais les traditions familiales n'ont souvent pas de fondement plus solide, et les ethnologues me font bien rire qui cherchent la raison de tant de rites mystérieux. Le vrai mystère, dans beaucoup de cas, c'est qu'il n'y a pas de raison du tout.

Nous appelons premières vérités celles que nous découvrons après toutes les autres.

Je suis fatigué et je n'ai plus envie de penser à cette époque.

L'injustice hypocrite amène les guerres. La justice violente les précipite.

Le bonheur est généreux. Il ne subsiste pas sur la destruction.

Commencer à penser, c'est commencer d'être miné.

La loi de ce monde n'est rien d 'autre que celle de la force ; son moteur, la volonté de puissance.

Ne jamais dire d'un homme qu'il est déshonoré. Des actions, des groupes, des civilisations peuvent l'être. Non l'individu. Car s'il n'a pas conscience du déshonneur il ne peut perdre un honneur qu'il n'a jamais eu.

Changer de métier n'est rien, mais renoncer à ce qu'on sait, à sa propre maîtrise, n'est pas facile.

Sur l'innocence morte, les juges pullulent, les juges de toutes les races, ceux du Christ et ceux de l'Antéchrist.

Délibérément, le monde a été amputé de ce qui fait sa permanence : la nature, la mer, la colline, la méditation des soirs.

... pour un homme, prendre conscience de son présent, c'est ne plus rien attendre.

La plupart effectuaient des pélerinages délicats aux lieux où ils avaient souffert.

L'arc se tord, le bois crie. Au sommet de la plus haute tension va jaillir l'élan d'une droite flèche, du trait le plus dur et le plus libre.

Le bouddhisme c'est l'athéisme devenu religion. La renaissance à partir du nihilisme. Exemple unique, je crois. Et précieux à méditer pour nous qui sommes aux prises avec le nihilisme.

Parler de ce qu'on ignore finit par vous l'apprendre.

Il faudrait vivre en spectateur de sa propre vie. Pour y ajouter le rêve qui l'achèverait. Mais on vit, et les autres rêvent votre vie.

L'homme ne peut pas se passer de la beauté, et c'est ce que notre époque prétend vouloir ignorer.

L'intégrité n'a pas besoin de règles.

... il s'est tué parce qu'un ami lui a parlé distraitement.

C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre.

On ne prostitue pas impunément les mots.

La fin dernière, attendue mais jamais souhaitée, la fin dernière est méprisable.

La nature a horreur des trop longs miracles.

Quoi ? On pouvait vivre dans ces cellules et être innocent ? Impropable, hautement improbable ! Ou sinon mon raisonnement se casserait le nez.

A partir du moment où elle est reconnue, l'absurdité est une passion, la plus déchirante de toutes.

Perdre la vie est peu de chose et j'aurai ce courage quand il le faudra. Mais voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre raison d'existence, voilà ce qui est insupportable. On ne peut vivre sans raison.

Mon désir de femme me tourmentait... Je pensais tellement à une femme, à toutes les femmes que je connaissais, à toutes les circonstances dans lesquelles je les avais appréciées, que ma cellule serait remplie de leurs visages et encombré de mes désirs.

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