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La logique des passions renverse l'ordre traditionnel du raisonnement et place la conclusion avant les prémisses.
Albert Camus
Il n'est guère de passion sans lutte.
Nous avions l'habitude de nous demander où vivait la guerre, en quoi cela la rendait si vile. Et maintenant, nous réalisons que nous savons où elle vit... en nous-mêmes.
On supporterait tellement mieux nos contemporains s'ils pouvaient de temps en temps changer de museau. Mais non, le menu ne change pas. Toujours la même fricassée.
Il était une heure après minuit, une petite pluie tombait, une bruine plutôt, qui dispersait les rares passants.
... je ne sais pas posséder. ... je suis avare de cette liberté qui disparaît dès que commence l'excès des biens. Le plus grand des luxes n'a jamais cessé de coïncider pour moi avec un certain dénuement.
Les humains sont des créatures qui ont passé leur vie à essayer de se convaincre que leur existence n'était pas absurde.
Il n'y a pas de frontière entre être et paraître.
L'histoire des hommes est l'histoire de leurs erreurs et non de leur vérité. La vérité est probablement comme le bonheur, elle est toute simple et elle n'a pas d'histoire.
Ce qui est naturel, c'est le microbe. Le reste, la santé, l'intégrité, la pureté, si vous voulez, c'est un effet de la volonté et d'une volonté qui ne doit jamais s'arrêter.
La jalousie témoigne pour l'esprit. Elle est la souffrance de voir l'autre réduit en objet et le désir que tous et tout le reconnaissent comme sujet. On n'est pas jaloux de Dieu.
Un destin n'est pas une punition.
Le bonheur, pourquoi le refuser ? En l'acceptant, on n'aggrave pas le malheur des autres et même ça aide à lutter pour eux. Je trouve regrettable cette honte qu'on éprouve à se sentir heureux.
L'absurdité est surtout le divorce de l'homme et du monde.
L'acte d'amour est une confession.
Le goût de la création est si fort que ceux qui en sont incapables choisissent le communisme qui leur assure une création toute collective.
La vie est la somme de tous vos choix. Alors, que faites-vous aujourd'hui ?
Un être beau n'a pas le droit d'enlaidir.
Ce qui est possible mérite d'avoir sa chance.
Je suis en vie, maintenant que je ne peux plus supporter de vivre.
Des pluies diluviennes et brèves s'abattirent sur la ville ; une chaleur orageuse suivait ces brusques ondées.
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
La liberté est dangereuse, aussi difficile à vivre que passionnant.
Au final, il faut plus de courage pour vivre que pour se tuer.
Pour lui aussi, l'antinomie et le paradoxe deviennent critères religieux. Ainsi cela même qui faisait désespérer du sens et de la profondeur de cette vie lui donne maintenant sa vérité et sa clarté.
Se faire écouter était son seul vice...
La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie.
Le vice le plus désespérant [est] celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer.
Il y a des gens dont la religion consiste à toujours pardonner les offenses, mais qui ne les oublient jamais. Pour moi je ne suis pas d'assez bonne étoffe pour pardonner à l'offense, mais je l'oublie toujours.
Sur tous les chemins du monde des millions d'hommes nous ont précédés et leurs traces sont visibles. Mais sur la mer la plus vieille, notre silence est toujours le premier.
On n'écrit pas pour dire que tout est fichu. Dans ce cas-là on se tait. Je m'y prépare.
La meilleure façon de parler de ce qu'on aime est d'en parler légèrement.
Chez les uns, la peste avait enraciné un scepticisme profond dont ils ne pouvaient se débarrasser.
Il est indifférent de dormir ou de rester éveillé, si je n'ai pas d'action sur l'ordre de ce monde.
... la défaite définitive (est) celle qui termine les guerres et fait de la paix elle-même une souffrance sans guérison.
Le bonheur ? - Sentir la main d'un homme avant de mourir.
Quel écrivain dès lors oserait, dans la bonne conscience, se faire prêcheur de vertu ? Quant à moi, il me faut dire une fois de plus que je ne suis rien de tout cela.
Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé ; il y a du malheur à ne point aimer.
Pour exister, l'homme doit se rebeller.
Toutes les grandes actions et toutes les grandes pensées ont un début ridicule. Les grandes oeuvres naissent souvent au coin d'une rue ou dans la porte tournante d'un restaurant.
Que faire pour être un autre ? Impossible. Il faudrait n'être plus personne, s'oublier pour quelqu'un, une fois, au moins. Mais comment ?
Question à poser : Aimez-vous les idées - avec passion, avec le sang ? Faites-vous une insomnie de cette idée ? Sentez-vous que vous jouez votre vie sur elle ? Que de penseurs reculeraient !
Grande mer, toujours labourée, toujours vierge, ma religion avec la nuit ! Elle nous lave et nous rassasie dans ses sillons stériles, elle nous libère et nous tient debout.
La littérature des pays totalitaires ne meurt pas tant parce qu'elle est dirigée que parce qu'elle est coupée des autres littératures. Tout artiste qui, d'avance, n'est pas ouvert à la réalité entière est mutilé.
Vous ne devrez pas, vous ne devrez jamais vous habituer à voir les hommes mourir à la façon des mouches, comme ils le font dans nos rues, aujourd'hui, et comme ils l'ont toujours fait depuis qu'à Athènes la peste a reçu son nom.
Je n'ai pas de goût, je crois, pour l'héroïsme et la sainteté. Ce qui m'intéresse, c'est d'être un homme.
Le grand courage, c'est encore de tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort.
Tous les spécialistes de la passion nous l'apprennent, il n'y a d'amour éternel que contrarié.
J'ai compris que je n'avais pas d'amis. Du reste même si j'en avais eu, je n'en serais pas plus avancé.
Je ne séduis pas, je cède.