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Je ne déteste que les bourreaux.
Albert Camus
Il arrive toujours le premier à la porte du restaurant, s'efface, laisse passer sa femme ... et entre alors.
Le théâtre n'est pas un jeu, c'est là ma conviction.
Une seule chose était changée. Il se sentait libre à l'égard de son passé, et de ce qu'il avait perdu. Il ne voulait que ce resserrement et cet espace clos en lui, cette lucide et patiente ferveur devant le monde.
Un homme est toujours la proie de ses vérités.
L'absurde est la notion essentielle et la première vérité.
Et il n'est endroit que nous ne devions purifier en nous, fût-ce dans le secret des cœurs, pour mettre enfin de notre côté le peu de chances qui nous restent.
Car le châtiment sans jugement est supportable. Il a un nom d'ailleurs qui garantit notre innocence : le malheur.
Imaginer Dieu sans les prisons. Quelle solitude !
L'agonie serait légère si elle n'était soutenue par l'espoir éternel. Pour que le dieu soit un homme, il faut qu'il désespère.
Le souci de liberté et d'indépendance ne se conçoit que chez un être qui vit encore d'espoir.
Sachons donc ce que nous voulons, restons fermes sur l'esprit, même si la force prend pour nous séduire le visage d'une idée ou du confort. La première chose est de ne pas désespérer.
Une pensée profonde est en continuel devenir, épouse l'expérience d'une vie et s'y façonne.
Je me mets des règles strictes afin de corriger ma nature. Mais c'est à ma nature que j'obéis enfin.
Naître pour créer, aimer, gagner aux jeux, c'est naître pour vivre en temps de paix. Mais la guerre nous apprend à tout perdre et à devenir ce que nous n'étions pas. Tout devient une question de style.
Le jugement définitif de l'histoire dépend d'une infinité de jugements qui auront été prononcés d'ici là et qui seront alors confirmés ou infirmés.
Nous sommes au temps des hurlements et un homme qui refuse cette ivresse facile fait figure de résigné.
Ce monde doit cesser d'être celui de policiers, de soldats et de l'argent pour devenir celui de l'homme et de la femme, du travail fécond et du loisir réfléchi.
Il ya une sorte de snobisme spirituel à croire que l'argent n'est pas nécessaire au bonheur.
Il faut du temps pour vivre. Comme toute œuvre d'art la vie exige qu'on y pense.
Deux erreurs vulgaires : l'existence précède l'essence ou l'essence l'existence. L'une et l'autre marchent et s'élèvent du même pas.
Exception faite pour les rationalistes de profession, on désespère aujourd'hui de la vraie connaissance.
Je ne suis qu'un homme moyen, plus une exigence.
Je ne vais rien faire, lire, me promener, attendre. Attendre quoi ? Je n'en sais rien. Mais plutôt que de laisser une oeuvre qui trahisse tout ce que je sens, je préfère ne rien laisser du tout.
Les grands romanciers sont des romanciers philosophiques, c'est-à-dire le contraire des auteurs de thèses.
Oui, c'est peut-être cela le bonheur, le sentiment apitoyé de notre malheur.
Dans le monde de la condamnation à mort qui est le nôtre, les artistes témoignent pour ce qui dans l'homme refuse de mourir. Ennemis de personne, sinon des bourreaux !
Un drame, ils font sûrement un drame parce que leur voiture n'est pas du modèle le plus récent, n'est-il pas vrai ?
L'oeuvre d'art naît du renoncement de l'intelligence à raisonner le concret.
La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Après beaucoup d'années où le monde m'a offert beaucoup de spectacles, ce que, finalement, je sais de plus sûr sur la morale et les obligations des hommes, c'est au sport que je le dois.
Ce n'est pas la souffrance de l'enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée. La souffrance use l'espoir et la foi.
Tout ce qui fait travailler et s'agiter l'homme utilise l'espoir. La seule pensée qui ne soit mensongère est donc une pensée stérile. Dans le monde absurde, la valeur d'une notion ou d'une vie se mesure à son infécondité.
Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme.
Les mots prennent toujours la couleur des actions ou des sacrifices qu'ils suscitent.
Mais il comprit assez vite qu'un disciple n'était pas forcément quelqu'un qui aspire à apprendre quelque chose. Plus souvent, au contraire, on se faisait disciple pour le plaisir désintéressé d'enseigner son maître.
Moi j'écoutais et j'entendais qu'on me jugeais intelligent. Mais je ne comprenais pas bien comment les qualités d'un homme ordinaire pouvaient devenir des charges écrasantes contre un coupable.
L'enfer est ici, à vivre. Seuls échappent ceux qui s'extraient de la vie.
Allez toujours trop loin, car c'est là que vous trouverez la vérité.
Toutes les morales sont fondées sur l'idée qu'un acte a des conséquences qui le légitiment ou l'oblitèrent.
La vérité, comme la lumière, est aveuglante. Les mensonges, en revanche, forment un beau crépuscule qui valorise chaque objet.
Sur le trottoir d'en face, le marchand de tabac a sorti une chaise, l'a installée devant sa porte et l'a enfourchée en s'appuyant des deux bras sur le dossier.
Tu sais bien que je ne pense jamais. Je suis bien trop intelligent pour ça.
Ah ! C'est un affreux tourment de mourir en sachant qu'on sera oubliée.
Le plus sûr des mutismes n'est pas de se taire, mais de parler.
La vie n'a pas de sens, mais vaut la peine d'être vécue, à condition de reconnaître qu'elle n'a pas de sens.
Tout ce que gagne l'homme à connaître ce qu'il vaut, c'est de perdre jusqu'au respect de sa souffrance.
Beaucoup cependant espéraient toujours que l'épidémie allait s'arrêter et qu'ils seraient épargnés avec leur famille. En conséquence, ils ne se sentaient encore obligés à rien.
... l'amour des hommes est un déchirement. Ils ne peuvent se retenir de quitter ce qu'ils préfèrent.
Aller jusqu'au bout, ce n'est pas seulement résister, mais aussi se laisser aller.