Images
Pour moi, l'art n'est pas un plaisir solitaire. C'est un moyen d'attiser le plus grand nombre d'hommes en leur fournissant une image privilégiée de nos joies et de nos malheurs communs.
Albert Camus
Puisque nous allons tous mourir, il est évident que quand et comment ne comptent pas.
Il faut mettre ses principes dans les grandes choses. Aux petites, la miséricorde suffit.
Entre les deux grilles se trouvait un espace de huit à dix mètres qui séparait les visiteurs des prisonniers.
La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait pas toujours à soi.
Si j'avais à écrire ici un livre de morale, il aurait cent pages et quatre vingt dix neuf seraient blanches.
Ce monde est empoisonné de malheurs et semble s'y complaire. Il est tout entier livré à ce mal que Nietzsche appelait l'esprit de lourdeur. N'y prêtons pas la main. Il est vain de pleurer sur l'esprit, il suffit de travailler pour lui.
Des imprimeurs de la ville virent très vite le parti qu'ils pouvaient tirer de cet engouement et diffusèrent à de nombreux exemplaires les textes qui circulaient.
... la force et la violence sont des dieux solitaires. Ils ne donnent rien au souvenir.
La forme de rébellion la plus élémentaire exprime paradoxalement l'aspiration à l'ordre.
Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde.
Rien n'est vrai qui force à exclure.
Le goût de la possession n'est qu'une autre forme du désir de durer ; c'est lui qui fait le délire impuissant de l'amour.
Les défaites d'un homme ne jugent pas les circonstances mais lui-même.
Pour le moment, il voulait faire comme tous ceux qui avaient l'air de croire, autour de lui, que la peste peut venir et repartir sans que le coeur des hommes en soit changé.
Connaître les limites de son corps, c'est ça la vraie psychologie.
La pauvreté, d'abord, n'a jamais été un malheur pour moi : la lumière répandait ses richesses. Même mes révoltes en ont été éclairées. Elles furent presque toujours, je crois pouvoir le dire sans tricher, des révoltes pour tous, et pour que la vie de tous soit élevée dans la lumière. Il n'est pas sûr que mon coeur fût naturellement disposé à cette sorte d'amour. Mais les circonstances m'ont aidé.
Pour qu'une pensée change le monde, il faut d'abord qu'elle change la vie de celui qui la porte. Il faut qu'elle se change en exemple.
On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire. Et comment vivre dans ce monde d'ombres ?
Ne croyez pas vos amis quand ils vous demandent d'être honnête avec eux. Tout ce qu'ils veulent vraiment, c'est rester dans la bonne opinion qu'ils ont d'eux-mêmes.
L'avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu.
Je suis allé au cinéma deux fois avec Emmanuel qui ne comprend pas toujours ce qui se passe sur l'écran. Il faut alors lui donner des explications.
Comprendre le monde pour un homme, c'est le réduire à l'humain.
Ne marche pas derrière moi Je ne peux pas mener. Ne marche pas devant moi. Je ne peux pas suivre. Marchez juste à côté de moi et soyez mon ami.
Et c'est bien là le génie : l'intelligence qui connaît ses frontières.
Le Juge : Je ne sers pas la loi pour ce qu'elle dit, mais parce qu'elle est la loi. - Diego : Mais si la loi est le crime ? - Le Juge : Si le crime devient la loi, il cesse d'être crime.
Toute pensée qui renonce à l'unité exalte la diversité. Et la diversité est le lieu de l'art.
Le contraire d'un idéaliste c'est trop souvent un homme sans amour.
Non, il s'agit au contraire de couper au jugement, d'éviter d'être toujours jugé, sans que jamais la sentence soit prononcée.
La presse, si bavarde dans l'affaire des rats, ne parlait plus de rien. C'est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s'occupent que de la rue.
Quand une guerre éclate, les gens disent : "Ca ne durera pas, c'est trop bête." Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait pas toujours à soi.
Les uns crient : Aime-moi ! Les autres : Ne m'aime pas ! Mais une certaine race, la pire et la plus malheureuse : Ne m'aime pas, et sois-moi fidèle !
Si, au contraire, l'artiste choisit, pour des raisons souvent extérieures à l'art, d'exalter la réalité brute, nous avons le réalisme.
Né pauvre, dans un quartier ouvrier, je ne savais pourtant pas ce qu'était le vrai malheur avant de connaître nos banlieues froides. Même l'extrême misère arabe ne peut s'y comparer, sous la différence des ciels. Mais une fois qu'on a connu les faubourgs industriels, on se sent à jamais souillé, je crois, et responsable de leur existence.
Notre destin est en face de nous et c'est lui que nous provoquons. Moins par orgueil que par conscience de notre condition sans portée.
Il m'a demandé alors si je n'étais pas intéressé par un changement de vie. J'ai répondu qu'on ne changeait jamais de vie, qu'en tout cas toutes se valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout.
Un journal, c'est la conscience d'une nation.
Que ce monde sans amour était comme un monde mort et qu'il vient toujours une heure où on se lasse des prisons, du travail et du courage pour réclamer le visage d'un être et le coeur émerveillé de la tendresse.
... une oeuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le coeur, une première fois, s'est ouvert.
Ne prenez au tragique que le bonheur.
Qu'est-ce que l'homme absurde ? Celui qui, sans le nier, ne fait rien pour l'éternel.
Je peux tout nier de cette partie de moi qui vit de nostalgies incertaines, sauf ce désir d'unité, cet appétit de résoudre, cette exigence de clarté et de cohésion.
Personne ne se rend compte que certaines personnes dépensent une énergie énorme simplement pour être normales.
Ne pas croire au sens profond des choses, c'est le propre de l'homme absurde.
Vous avez toujours des notions exagérées de choses dont vous ne connaissez rien.
Même pour gagner les guerres, il vaut mieux souffrir certaines injustices que les commettre.
Les rues étaient envahies, le soir, par la même foule où dominaient seulement les pardessus et les écharpes.
Un juge, ça a des hauts et des bas. Ca dépend s'il est marié, et avec qui. Et puis, tu es barine. Ce n'est pas le même tarif que pour les pauvres diables.
Le style d'un peintre est dans cette conjonction de la nature et de l'histoire.
L'homme est du bois dont on fait les bûchers.