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Une presse libre peut, bien sûr, être bonne ou mauvaise, mais très certainement sans liberté, la presse ne sera jamais que mauvaise.
Albert Camus
Le bonheur impliquait un choix et à l'intérieur de ce choix, une volonté concertée, et lucide.
La chronique locale ... est maintenant occupée tout entière par une campagne contre la municipalité : Nos édiles se sont-ils avisés du danger que pouvaient présenter les cadavres putréfiés de ces rongeurs ?
Il pleut toujours ; j'ai faim de lumière comme de pain et ne puis plus me supporter.
L'idée profonde de Parain est une idée d'honnêteté : la critique du langage ne peut éluder ce fait que nos paroles nous engagent et que nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. Et justement la grande misère humaine qui a longtemps poursuivi Parain et qui lui a inspiré des accents si émouvants, c'est le mensonge.
On peut admettre que la détermination économique joue un rôle capital dans la génèse des actions et des pensées humaines.
Je me suis senti tout d'un coup un besoin d'impossible.
Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime.
Quand le corps est triste, le coeur languit.
La vérité vaut tous les tourments. Seule elle fonde la joie qui doit couronner cet effort.
J'aime la beauté, le bonheur. C'est pour cela que je hais le despotisme. Comment leur expliquer ? La révolution, bien sûr ! Mais la révolution pour la vie, pour donner une chance à la vie. Tu comprends ?
L'absurde n'est pas dans l'homme ni dans le monde, mais dans leur présence commune.
La révolution, pour être créative, ne peut se passer ni d'une règle morale, ni d'une règle métaphysique pour contrebalancer la folie de l'histoire.
Mon Dieu, vous avez l'opinion de votre journal du matin. Moi, j'ai l'opinion du monde. Vous pensez avec L'Écho de Paris et je pense avec le monde. Quand il est dans la lumière, quand le soleil tape, j'ai envie d'aimer et d'embrasser, de me couler dans des corps comme dans des lumières, de prendre un bain de chair et de soleil.
Et vivre, c'est ne pas se résigner.
L'art et la révolte ne mourront qu'avec le dernier homme.
Ce n'est point le goût du concret, le sens de la condition humaine que je retrouve ici, mais un intellectualisme assez débridé pour généraliser le concret lui-même.
A certaines heures, pourtant, je me demande si l'amour n'est pas autre chose, s'il peut cesser d'être un monologue, et s'il n'y a pas une réponse, quelquefois.
Notre mépris pour ceux qui s'agrippent vainement à l'existence.
Mais selon lui, sa vraie maladie, c'était la vieillesse, et la vieillesse ne se guérit pas.
Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne m'intéresse pas.
J'ai une chance, ainsi, d'être envoyé en prison, idée alléchante, d'une certaine manière.
Tout ce qui exalte la vie, accroît en même temps son absurdité.
Le suicide est une solution à l'absurde.
Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair.
Je ne saurais plus admettre aucune vérité qui ne puisse me mettre dans l'obligation directe ou indirecte de faire condamner un homme à mort.
Toute doctrine artistique est un alibi où l'artiste tente de justifier ses propres limites.
Il l'avait battue jusqu'au sang. Auparavant, il ne la battait pas. Je la tapais, mais tendrement pour ainsi dire. Elle criait un peu.
Oui, il se reposerait là-bas. Pourquoi pas ? Ce serait aussi un prétexte à mémoire. Mais si c'était cela, gagner la partie, qu'il devait être dur de vivre seulement avec ce qu'on sait et ce dont on se souvient, et privé de ce qu'on espère !
Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. Et justement la grande misère humaine qui a longtemps poursuivi Parain et qui lui a inspiré des accents si émouvants, c'est le mensonge.
Ce qui vient après la mort est futile.
Toute création authentique est un cadeau pour le futur.
Je ne suis pas fait pour la politique parce que je suis incapable de vouloir ou d'accepter la mort de l'adversaire.
Les représailles sont liées à la nature et à l'instinct, pas à la loi. Le droit, par définition, ne peut obéir aux mêmes règles que la nature.
S'il suffisait d'aimer, les choses seraient trop simples.
Sur le plan de l'intelligence, je puis donc dire que l'absurde n'est pas dans l'homme (si une pareille métaphore pouvait avoir un sens), ni dans le monde, mais dans leur présence commune.
Je m'accroche comme un avare à la liberté qui disparaît dès qu'il y a un excès de choses.
On ne peut pas demander à la souffrance de justifier ses raisons. On s'exposerait à ne compatir à presque rien.
La revendication de justice aboutit à l'injustice si elle n'est pas fondée d'abord sur une justification éthique de la justice.
Un monde qu'on peut expliquer même avec de mauvaises raisons est un monde familier. Mais au contraire, dans un univers soudain privé d'illusions et de lumières, l'homme se sent comme un étranger.
Vous ne pouvez pas acquérir d'expérience en faisant des expériences. Vous ne pouvez pas créer d'expérience. Vous devez la subir.
La critique révolutionnaire condamne le roman pur comme l'évasion d'une imagination oisive.
Le signe de la jeunesse, c'est peut-être une vocation magnifique pour les bonheurs faciles. Mais surtout, c'est une précipitation à vivre qui touche au gaspillage.
La voix éternelle : Déméter, Nausicaa, Eurydice, Pasiphaé, Pénélope, Hélène, Perséphone.
Toute la bassesse et la cruauté de notre civilisation se mesure à cet axiome stupide que les peuples heureux n'ont pas d'histoire.
En régime capitaliste, l'homme qui se dit neutre est réputé favorable, objectivement, au régime. En régime d'Empire, l'homme qui est neutre est réputé hostile, objectivement, au régime.
Dieu nie le monde, et moi je nie Dieu ! Vive rien puisque c'est la seule chose qui existe !
C'est une sorte de snobisme spirituel qui fait croire aux gens qu'ils peuvent être heureux sans argent.
Oui, on peut faire la guerre en ce monde, singer l'amour, torturer son semblable, parader dans les journaux, ou simplement dire du mal de son voisin en tricotant. Mais, dans certains cas, continuer, simplement continuer, voilà ce qui est surhumain.
Quant au socialisme, en dehors des enseignements, d'ailleurs contradictoires à ses doctrines, qu'il pouvait tirer des révolutions françaises, il était obligé d'en parler au futur, et dans l'abstrait.