Images
La civilisation industrielle, en supprimant la beauté naturelle, en la couvrant sur de longs espaces par le déchet industriel crée et suscite les besoins artificiels. Elle fait que la pauvreté ne peut plus être vécue et supportée.
Albert Camus
O mère ! O tendre enfant chérie ! plus grande que mon temps, plus grande que l'histoire qui te soumettait à elle, plus vraie que tout ce que j'ai aimé en ce monde. O mère ! pardonne à ton fils d'avoir fui la nuit de ta vérité.
De même qu'il faut savoir s'arrêter en art, qu'un moment vient toujours où une sculpture ne doit plus être touchée et qu'à cet égard une volonté d'inintelligence sert toujours plus un artiste que les ressources les plus déliées de la clairvoyance, de même il faut un minimum d'inintelligence pour parfaire une vie dans le bonheur. À ceux qui ne l'ont pas de la gagner.
Comme tous ceux qui n'ont point d'âme, vous ne pouvez supporter ceux qui en ont trop. Trop d'âme ! Voilà qui est gênant, n'est-ce pas ? Alors, on appelle cela maladie : les cuistres sont justifiés et contents.
Il n'y a pas de justes, mais seulement des coeurs plus ou moins pauvres en justice.
Il y a des gens qui souffrent raide et d'autres qui souffrent souple : les acrobates, les virtuoses (installés) de la douleur.
Votre morale n'est pas la mienne. Votre conscience n'est plus la mienne.
Mais qui se donne au temps de sa vie, à la maison qu'il défend, à la dignité des vivants, celui-là se donne à la terre et en reçoit la moisson qui ensemence et nourrit à nouveau.
Tout ce que je faisais d'inutile en ce lieu m'est alors remonté à la gorge et je n'ai eu qu'une hâte, c'est qu'on en finisse et que je retrouve ma cellule avec le sommeil.
Le nombre de mauvais romans ne doit pas faire oublier la grandeur des meilleurs.
Après tout, c'était un coup de génie de nous dire : Vous n'êtes pas reluisants, bon, c'est un fait. Eh bien, on ne va pas faire le détail ! On va liquider ça d'un seul coup.
Notre appétit de comprendre, notre nostalgie d'absolu ne sont explicables que dans la mesure où justement nous pouvons comprendre et expliquer beaucoup de choses.
De toutes les écoles de la patience et de la lucidité, la création est la plus efficace. Elle est aussi le bouleversant témoignage de la seule dignité de l'homme : la révolte tenace contre sa condition, la persévérance dans un effort tenu pour stérile.
Heureux les coeurs qui peuvent plier ! Ils ne seront jamais brisés.
Il était au courant des moindres détails du système d'évacuation immédiate qu'il avait organisé pour ceux qui montraient subitement des signes de la maladie.
Tout ce qui m'arriverait par surcroît, eh bien, c'est comme la pluie sur un caillou. Ça le rafraîchit et c'est déjà très beau. Un autre jour, il sera brûlant de soleil. Il m'a toujours semblé que c'est exactement ça, le bonheur.
Penser, ce n'est pas unifier, rendre familière l'apparence sous le visage d'un grand principe. Penser, c'est réapprendre à voir, diriger sa conscience, faire de chaque image un lieu privilégié.
Tout vient de mon impossibilité congénitale à être un bourgeois et un bourgeois content. La moindre apparence de stabilité dans ma vie me terrifie.
Il y a dans le monde et qui marche parallèlement à la force de mort et de contrainte une force énorme de persuasion qui s'appelle la culture.
Si toutes les expériences sont indifférentes, celle du devoir est aussi légitime qu'une autre.
La liberté, seule valeur impérissable de l'histoire.
Tout ce que je sais de la moralité, je l'ai appris du football.
Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée.
Un monde où il n'y a plus de place pour l'être, pour la joie, pour le loisir actif, est un monde qui doit mourir. Aucun peuple ne peut vivre en dehors de la beauté. Il peut quelque temps se survivre et c'est tout.
Le christianisme dans son essence (et c'est sa paradoxe grandeur) est une doctrine de l'injustice. Il est fondé sur le sacrifice de l'innocence et l'acceptation de ce sacrifice.
On veut gagner de l'argent pour vivre heureux et tout l'effort et le meilleur d'une vie se concentrent pour le gain de cet argent. Le bonheur est oublié, le moyen pris pour la fin.
Il y a un temps pour vivre et un temps pour créer, ce qui est moins naturel. Il me suffit de vivre de tout mon corps et de témoigner de tout mon coeur.
Lorsque nous serons tous coupables, ce sera la démocratie véritable.
Si on ne recherche que le bonheur, on aboutit à la facilité. Si on ne cultive que le malheur, on débouche dans la complaisance. Dans les deux cas, une dévaluation.
Que l'espoir de vie renaisse et Dieu n'est pas de force contre les intérêts de l'homme.
Et ce qu'il désirait le plus au monde, qui était que sa mère lu tout ce qui était sa vie et sa chair, cela était impossible. Son amour, son seul amour serait à jamais muet.
Parler de ses peines, c'est déjà se consoler.
L'amour physique a toujours été lié pour moi à un sentiment irrésistible d'innocence et de joie. Je ne puis aimer dans les larmes mais dans l'exaltation.
Dans un monde injuste ou indifférent, l'homme peut se sauver lui-même, et sauver les autres, par l'usage de la sincérité la plus simple et du mot le plus juste.
Vivre est une torture puisque vivre sépare.
Trouvez votre bonheur en vous-même.
J'ai accepté de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis, je vois s'annoncer un despotisme qui, s'il s'installe jamais, fera de moi un assassin alors que j'essaie d'être un justicier.
Nous ne prétendons pas échapper à l'Histoire, car nous sommes dans l'Histoire. Nous prétendons seulement lutter dans l'Histoire pour préserver de l'Histoire cette part de l'Homme qui ne lui appartient pas.
Je voulais mettre les rieurs de mon côté ou, du moins, me mettre de leur côté.
Les bons gouvernements sont les gouvernements où rien ne se passe.
Délicieuse angoisse d'être, proximité exquise d'un danger dont nous ne connaissons pas le nom, vivre, alors, est-ce courir à sa perte ? A nouveau, sans répit, courons à notre perte.
Il y a toujours des raisons au meurtre d'un homme. Il est, au contraire, impossible de justifier qu'il vive.
Les relations humaines nous aident toujours à continuer parce qu'elles supposent toujours des développements ultérieurs, un avenir - et aussi parce que nous vivons comme si notre seule tâche était précisément d'entretenir des relations avec d'autres personnes.
Il faut une rare vocation pour être un jouisseur.
Les martyrs ... doivent choisir d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais.
Ceux qui ont vraiment quelque chose à dire, ils n'en parlent jamais.
La lutte des idées est possible, même les armes à la main, et il est juste de savoir reconnaître les raisons de l'adversaire avant même de se défendre contre lui.
Une seule certitude suffit à celui qui cherche.
Ceci n'ira pas sans de terribles conséquences, dont nous ne connaissons encore que quelques-unes.
L'homme est ainsi, il a deux faces ; il ne peut aimer sans s'aimer.