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Ne croyez pas surtout que vos amis vous téléphoneront tous les soirs, comme ils le devraient, pour savoir ... si vous n'avez pas besoin de compagnie, si vous n'êtes pas en disposition de sortir.
Albert Camus
La mort pour tous, mais à chacun sa mort. Après tout, le soleil nous chauffe quand même les os.
Par définition, un gouvernement n'a pas de conscience. Parfois, il a une politique, mais rien de plus.
Tout est simple. Ce sont les gens qui compliquent les choses.
La fiction est le mensonge par lequel nous disons la vérité.
Nous en savons assez pour dire que tel grand criminel mérite les travaux forcés à perpétuité. Mais nous n'en savons pas assez pour décréter qu'il soit ôté à son propre avenir, c'est-à-dire à notre commune chance de réparation.
Ah ! Si c'était un tremblement de terre ! Une bonne secousse et on n'en parle plus... on compte les morts, les vivants, et le tour est joué. Mais cette cochonnerie de maladie ! Même ceux qui ne l'ont pas la portent dans leur coeur.
Ce goût de l'homme sans quoi le monde ne sera jamais qu'une immense solitude.
Chaque excès diminue la vitalité, donc la souffrance. La débauche n'a rien de frénétique, contrairement à ce qu'on croit. Elle n'est qu'un long sommeil.
Il m'apparaissait au contraire que l'homme devait affirmer la justice pour lutter contre l'injustice éternelle, créer du bonheur pour protester contre l'univers du malheur.
Car devant Dieu, il y a moins un problème de liberté qu'un problème du mal. On connaît l'alternative : ou nous ne sommes pas libres et Dieu tout-puissant est responsable du mal. Ou nous sommes libres et responsables, mais Dieu n'est pas tout-puissant.
De la même manière, si l'on refuse ses raisons au suicide, il n'est pas possible d'en donner au meurtre. On n'est pas nihiliste à demi.
Le bonheur n'est pas tout et les hommes ont leur devoir.
L'homme d'aujourd'hui est en effet celui qui souffre par masses prodigieuses sur l'étroite surface de cette terre, l'homme privé de feu et de nourriture pour qui la liberté n'est qu'un luxe qui peut attendre ; et il n'est encore question pour cet homme que de souffrir un peu plus, comme il ne peut être question pour la liberté et ses derniers témoins que de disparaître un peu plus
Croyez-moi, pour certains êtres, au moins, ne pas prendre ce qu'on ne désire pas est la chose la plus difficile du monde.
L'âme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible.
Il faut aimer la vie avant d'en aimer le sens, dit Dostoïevski. Oui, et quand l'amour de vivre disparaît, aucun sens ne nous en console.
Vous savez que même des gens très intelligents tirent gloire de pouvoir vider une bouteille de plus que le voisin.
Quelques sonneries de clairon dans le ciel encore doré témoignaient seulement que les militaires se donnaient l'air de faire leur métier.
Vous ne serez jamais heureux si vous continuez à rechercher en quoi consiste le bonheur. Vous ne vivrez jamais si vous recherchez le sens de la vie.
L'homme est la créature qui, pour affirmer son être et sa différence, nie.
La pire maladie dans la vie, c'est la VIE puisque tout le monde en meurt un jour.
La vraie souffrance est de s'apercevoir que le chagrin ne dure pas. Même la douleur est privée de sens.
Même les lâches peuvent servir la révolution. Il suffit de trouver leur place.
"Vivre et mourir devant un miroir", telle était, selon Baudelaire, la devise du dandy. Elle est cohérente, en effet. Le dandy est par fonction un oppositionnel. Il ne se maintient que dans le défi.
La passion la plus forte du vingtième siècle : la servitude.
De grosses larmes d'énervement et de peine ruisselaient sur ses joues. Mais, à cause des rides, elles ne s'écoulaient pas. Elles s'étalaient, se rejoignaient et formaient un vernis d'eau sur ce visage détruit.
Le crime aussi est une solitude, même si on se met à mille pour l'accomplir.
Trop de sécurité pour le coeur de l'enfant, et sa vie d'adulte se passera à réclamer cette sécurité aux êtres - alors que les êtres ne sont que l'occasion du risque et de la liberté.
Hâtivement, les corps étaient jetés dans les fosses. Ils n'avaient pas fini de basculer que les pelletées de chaux s'écrasaient sur leurs visages et la terre les recouvrait de façon anonyme.
Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.
Pour cesser d'être douteux, il faut cesser d'être, tout bellement.
La mémoire des pauvres est déjà moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l'espace puisqu'ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d'une vie uniforme et grise.
Un enfant n'est rien par lui-même, ce sont ses parents qui le représentent. C'est par eux qu'il se définit, qu'il est défini aux yeux du monde. C'est à travers eux qu'il se sent jugé vraiment, c'est-à-dire jugé sans pouvoir faire appel.
Rien n'est moins spectaculaire qu'un fléau et, par leur durée même, les grands malheurs sont monotones.
On ne comprend bien Don Juan qu'en se référent toujours à ce qu'il symbolise VULGAIREMENT : le séducteur ordinaire et l'homme à femmes. Il est un séducteur ordinaire. A cette différence prés qu'il est CONSCIENT et c'est par là qu'il est ABSURDE.
La conscience vient au jour avec la révolte.
La mort sera ma suprême protestation contre un monde de larmes et de sang.
L'homme absurde multiplie encore ici ce qu'il ne peut unifier.
Il est vrai que je me suis fait une maxime pour mon usage personnel : "Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit." Hélas ! on se fait des maximes pour combler les trous de sa propre nature.
On ne naît pas fort, faible ou volontaire. On devient fort, on devient lucide. Le destin n'est pas dans l'homme mais autour de l'homme.
Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur.
N'avez-vous jamais eu subitement besoin de sympathie, de secours, d'amitié ? Oui, bien sûr. Moi, j'ai appris à me contenter de la sympathie. On la trouve plus facilement, et puis elle n'engage à rien. "Croyez à ma sympathie" (…) L'amitié, c'est moins simple. Elle est longue et dure à obtenir, mais quand on l'a, plus moyen de s'en débarrasser, il faut faire face
Nous ne sommes pas de ce monde, nous sommes des justes.
Un sentiment intense emporte son propre univers, magnifique ou misérable, selon les cas.
Rambert luttait pour empêcher que la peste le recouvrît.
Savez-vous ce qu'est devenue, dans cette ville, l'une des maisons qui abrita Descartes ? Un asile d'aliénés.
Le Brésil est un pays trop chaud où la nature mangera un jour les fragiles décors surélevés dont l'homme essaie de s'entourer. Les termites vont dévorer les gratte-ciel, tôt ou tard, les lianes vierges bloqueront les autres et la vérité du Brésil éclatera enfin.
L'intellectuel est quelqu'un dont le cerveau s'absente lui-même.
Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir.