Citations de Albert Cohen

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Chaque jour apportez une joie à votre mère, c'est ce que je vous dis gravement du haut de mon deuil.

De même que les pages que j'écris en ce moment, les nuits que je passe à les écrire, tout cela est si vain, si pour rien. Je mourrai. Plus de je bientôt.

La beauté est une promesse de ruine, la passion une promesse de satiété et d'oubli.

Le saint amour, c'est le mariage.

Les pauvres humains ont aussi besoin de sourire pendant un grand malheur solitaire.

Aimé, hier soir je lisais un livre et soudain je me suis aperçue que je ne comprenais rien et que je pensais à vous.

Ainsi est la vie, mon ami, et les inclinations du coeur ne se commandent pas ! Tel est fait pour être aimé, tel autre pour être moins aimé !

Amour de ma mère, à nul autre pareil. Elle perdait tout jugement quand il s'agissait de son fils. Elle acceptait tout de moi, possédée du génie divin qui divinise l'aimé, le pauvre aimé si peu divin.

Fort mais vulnérable, méprisant mais complimenteur, respectueux mais sexuel. Et chaque manège lustre son contraire et en accroît l'attrait.

Je ne supporte pas le masque d'amour ; il faut se lancer avec folie dans l'amour.

Sous le haut gaillard, elles adorent trouver l'enfant ... bref neuf dixièmes de gorille et un dixième d'orphelin leur font tourner la tête.

Sois cruel avec maîtrise. Le sel est excellent mais pas trop n'en faut. Par conséquent, alternances de duretés et de douceurs, sans oublier les obligatoires ébats.

O ce besoin d'être unie à lui, de n'aimer que ce qu'il aimait, de connaître les livres qu'il aimait pour les lire et à son tour les aimer.

L'amour du prochain réclame des poètes qui savent donner leur unique manteau.

Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge ; mais ils ne me rendront pas ma mère.

Qu'on se plaît à taquiner ce qu'on aime !

Il n'y a rien de plus grand que le saint mariage, alliance de deux humains unis.

Mais que m'importent les napoléons et leur joie, si je n'ai point celle de créer, d'agir et d'être admiré ? Moi, ce qu'il me faut, c'est une existence mouvementée, avec discussion et stratagème ! Enfin, un peu de vie avant beaucoup de mort !

Ma mère n'avait pas de moi, mais un fils.

Il fallait un peu de joie pour supporter le malheur, pour continuer à vivre, il le savait maintenant, n'importe quelle sorte de joie, même infime, même idiote.

Les hommes naissent libres et égaux en droit, mais ça ne dure pas longtemps !

La douleur, ça ne s'exprime pas toujours avec des mots nobles. Ça peut sortir par de petites plaisanteries tristes, petites vieilles grimaçant aux fenêtres mortes de mes yeux.

Sur la manche de son veston, il découvrit une tache de graisse. Eh, mon Dieu, quelle horreur ! murmura-t-il fémininement.

L'important c'est de dormir, quand on dort on n'est pas malheureux.

En vérité, en vérité, je vous le dis, l'épouse qui presse le furoncle du mari pour en faire tendrement sortir le pus, c'est autrement plus grave et plus beau que les coups de reins et sauts de carpe de la Karénine.

Le terrible des morts, c'est leurs gestes de vie dans notre mémoire. Car alors, ils vivent atrocement et nous n'y comprenons plus rien.

Être un grand homme n'est rien si on ne peut le paraître.

Se faire aimer est si facile, si déshonorant. Toujours la même vieille stratégie et les mêmes misérables causes, la viande et le social.

Le sommeil c'est la musique des tombes.

Chacun de nous a ainsi sa petite monture sociale qu'il chevauche dès qu'il peut, sa petite couronne rédemptrice qu'il sort le plus vite possible.

On ne souffre que par orgueil et l'homme orgueilleux seul croit qu'il vivra toujours.

L'amour de ma mère est immortel.

J'avais besoin de sa tendresse, cette tendresse qu'elles ne donnent que si elles sont en passion, cette maternité divine des femmes en amour.

Le plus souvent, elle résistait à la tentation, savait qu'à trop lire une lettre on l'abîmait, on ne la sentait plus.

J'attends que ma mère, sous la lune qui est son message, apparaisse peut-être. Mais seuls les souvenirs arrivent. Les souvenirs, cette terrible vie qui n'est pas de la vie et qui fait mal.

De plaisir, je viens de me faire un clin d'oeil dans la glace.

Ainsi suis-je, mon ami, gracieux avec les gracieux, mais rugissant avec les rugissants et lion avec les hyènes !

Elle allait dans un institut de beauté pour se faire désincruster le visage. Qu'est-ce que ça pouvait être cette désincrustation ? Peut-être que ça faisait sortir de petits vers de chaque pore.

Ce que je sais plus encore, c'est que ma mère était un génie de l'amour. Comme la tienne, toi qui me lis.

On n'exprime efficacement, et par conséquent avec le maximum de profit, que les sentiments sincères. De plus, on a la conscience en paix.

O curieuses pâleurs de mes amours défuntes.

Je veux être le petit garçon de Maman, un petit garçon très gentil qui, lorsqu'il est malade, aime tenir le bas de la jupe de Maman assise auprès du lit. Lorsque je tiens le bas de sa jupe, personne ne peut rien contre moi.

Tout ce que j'ai de bon, c'est à ma mère que je le dois.

Nous sommes le monstre d'humanité car nous avons déclaré combat à la nature.

Jurer est une chose, tenir parole est une deuxième chose.

En ce monde mortel, il n'est de grave que ce rapport tendre entre les hommes que l'on nomme Amour.

Un fils ne juge jamais sa mère.

Combien nous pouvons faire souffrir ceux qui nous aiment et quel affreux pouvoir de mal nous avons sur eux.

Ce qui est laid, c'est que sur cette terre il ne suffise pas d'être tendre et naïf pour être accueilli à bras ouverts.

Oui, aussitôt entré, il l'embrasserait, il la serrerait fort contre lui, et en avant vers le lit, soit chez elle, soit chez lui ! Non, chez elle, le lit était plus grand. La déshabiller vite, lui dire de se coucher, et en avant, à la hussarde !

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