Images
Astérix est à l'image du Français tel que l'image d'Épinal l'a popularisé à l'internationale, et tel que René et moi souhaitions le caricaturer. Il a du caractère, et ce caractère, c'est bien le nôtre.
Albert Uderzo
Avoir passé le cap des 90 ans est miraculeux. Remarquez, dans la famille, la longévité est héréditaire.
"J'aurais aimé avoir l'idée du "Papyrus de César"
Comme on dit "il faut rendre à César ce qui appartient à César", j'ai envie de dire : Il faut rendre Astérix à ses lecteurs. Car c'est à eux qu'il appartient... Et pas à moi.
Nous sommes tous abonnés à l'irréparable outrage des ans.
Donner un César à une tragédienne, mais c'est absurde !
Le succès, ce sont des heures de labeur avant tout !
Depuis que j'ai passé la main, conclut-il, Je me rends compte qu'Astérix nous a échappé à Goscinny et à moi. Quand j'ai repris la série tout seul deux ans après la mort de René, je n'étais vraiment pas sûr de moi. D'autant que les critiques ont été assassines.
Regardez mes mains : parfois je me demande si je sais encore dessiner. Vous savez, j'ai tellement dessiné, tellement travaillé. La bande dessinée, ce n'était pas une profession qui payait bien quand j'ai commencé. Il fallait fournir beaucoup de dessins pour vivre.
La bande dessinée est un art très exigeant. Moi, je voulais faire des dessins animés, et puis je me suis rabattu sur la BD et, finalement, j'ai fait du dessin animé en BD, des dessins vivants.
Je ne veux pas laisser Astérix entre d'autres mains après ma disparition.
René Goscinny, scénariste d'Astérix pendant dix-huit ans, disait : "On a l'air d'idiots qui ne savent pas ce qu'ils ont fabriqué." Mais rien ne serait arrivé sans travail. Le succès, ce sont des heures de labeur avant tout !
Quand il m'arrivait de faire une bêtise, René Goscinny me disait toujours : Albert, ne sors jamais sans moi.
René Goscinny et moi avions le sentiment d'avoir tout dit dans Astérix. La preuve que non ! Avec cet album qui s'inspire de la volumineuse Guerre des Gaules de Jules César, l'action se recentre à la fois en Gaule et à Rome, à cause de la réaction de César. Bon sang, je regrette de ne pas y avoir pensé !
J'ai le sentiment que les dessins d'aujourd'hui sont souvent des reprises pas très heureuses. Je ne sais pas bien où se situe la création là-dedans. Je ne les lis pas car j'ai peur que cela me donne le bourdon !
Il faut rendre Astérix à ses lecteurs. Car c'est à eux qu'il appartient... Et pas à moi.
On s'est servi de l'esprit gaulois pour rigoler des défauts de ce peuple fort en gueule et volontiers querelleur.
César est un personnage que Goscinny et moi n'avons pas vraiment caricaturé. Jamais nous n'avons voulu trop le ridiculiser.
Astérix est transgénérationnel, il a un esprit indépendant. Mais j'avoue que je ne me suis jamais vraiment expliqué ce succès. Je n'avais pas prévu qu'il dure si longtemps !
Avec Astérix, René Goscinny jetait un regard éclairé sur notre société.
On attend le résultat des ventes pour savoir si on a du talent !