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Mourir, lui arrivait-il parfois de penser, était peut-être le seul vrai plaisir que la vie réservât aux hommes.
Alberto Moravia
... il y a dans l'amour une grande capacité non seulement d'illusion, mais encore d'oubli.
Il n'y a pas de femmes frigides, il n'y a que des femmes qui n'ont pas rencontré l'homme qu'il leur faut.
Le romancier donne à voir par le trou de la serrure ce qu'on ne pourrait pas voir autrement.
Les mères ne sont jamais d'accord avec les hommes qui plaisent à leurs filles.
On peut tout prévoir, sauf le sentiment que pourra vous inspirer ce qu'on a prévu.
... la contradiction constitue le fond mouvant et imprévisible de l'âme humaine.
... sa voix était parfaitement neutre, à égale distance entre la vérité et le mensonge.
Oui, je me tuerais pour atteindre dans la mort cette pureté qui m'avait manqué dans la vie.
On sait que l'amour a des lunettes à travers lesquelles un monstre apparaît ravissant.
... un mal indéfini provoque des inquiétudes parce qu'au fond on espère jusqu'au bout qu'il n'est pas réel ; un mal certain inspire pendant quelque temps une morne tranquillité.
Ce fut alors que je devins peintre ; je veux dire que j'espérai rétabli une fois pour toutes, au moyen de l'expression artistique, mon rapport à la réalité.
... il pensa qu'il était beau d'agir, même si c'était pour détruire sa propre vie ; et qu'agir, c'était justement cela : accomplir des actes d'après des idées et non point par nécessité.
Le bonheur est d'autant plus grand qu'on y prête moins attention.
... l'homme veut toujours espérer même lorsqu'il est convaincu qu'il n'y a plus d'espoir.
Peut-on considérer le désespoir comme condition normale de la vie sans aller jusqu'à sa conséquence, jusqu'au suicide ?
Qu'est la vérité, en effet, sinon ce qui est évident pour tout le monde et considéré comme inattaquable ?
Nous sommes pressés parce que nous n'avons pas le temps, et, paradoxalement, nous n'avons pas le temps parce que nous voyageons en voiture. Si nous allions à pied, nous aurions plus de temps et ne serions pas pressés.
Plus on est heureux et moins on prête attention à son bonheur.
L'amour-propre est une curieuse bête, qui peut dormir même sous les coups les plus cruels et puis s'éveille, blessé à mort par une simple égratignure.
(L'ennui) est le fait de l'incommunicabilité et de l'incapacité d'en sortir.
Le désir n'étant en réalité que le secours décisif et puissant qu'apporte la nature à quelque chose qui existait avant elle et sans elle. La main de la nature délivrant, des viscères de l'avenir, la substance toute humaine et morale des choses futures.
(A quinze ans), il est facile de sauter des plus obscurs sentiments à une logique hardie et abstraite, dédaigneuse de tout compromis et de toute exception.
Il n'y a jamais rien de bizarre chez les gens. Dès qu'on cherche à les pénétrer, on saisit que leur conduite, si insolite qu'elle paraisse, est toujours due à quelque motif parfaitement plausible.
Il en est ainsi : la bonté, l'innocence, les hommes ne savent qu'en faire, et ce n'est peut-être pas là le moindre mystère de la vie que des qualités prodiguées par la nature et que tous louent en parole ne servent qu'à rendre encore plus malheureux.
Il est moins facile de se libérer des sentiments que des idées : celles-ci vont et viennent mais les sentiments demeurent.
Bref, nous ne nous jugions pas : nous nous aimions.
J'ai remarqué que plus on est envahi par le doute, plus on s'attache à une fausse lucidité d'esprit avec l'espoir d'éclaircir par le raisonnement ce que le sentiment a rendu trouble et obscur.
J'étais anti-famille, j'étais anti-social, en un mot, artiste. L'activité artistique ne peut être que contraire à la morale, à la raison, à la famille.
... diriger consiste en grande partie à savoir se servir astucieusement des autres.
Il est plus difficile de ne pas envier un ami qui est heureux que d'être généreux avec un ami dans le besoin.
(Il) était pour moi un peu ce qu'est un miroir pour un malade : un témoignage irrécusable des progrès de la maladie.