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Les hommes de notre temps s'aperçoivent que les anciens pouvoirs s'écroulent de toutes parts ; ils voient toutes les anciennes influences qui meurent, toutes les anciennes barrières qui tombent ; ...
Alexis de Tocqueville
L'homme suivant Buffon et Flourens, est donc d'une seule espèce et les variétés humaines sont produites par trois causes secondaires et extérieures : le climat, la nourriture et la manière de vivre.
Il y a plus de lumière et de sagesse dans beaucoup d'hommes réunis que dans un seul.
Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau.
Cette même égalité qui rend l'individu indépendant de chacun de ses concitoyens en particulier le livre isolé et sans défense à l'action du plus grand nombre.
L'histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies.
Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir.
Les peuples démocratiques haïssent souvent les dépositaires du pouvoir central ; mais ils aiment toujours ce pouvoir lui-même.
La culture de la terre promet à ses efforts des résultats presque certains, mais lents. On ne s'y enrichit que peu à peu avec peine. L'agriculture ne convient qu'à des riches qui ont déjà un grand superflu, ou à des pauvres qui ne demandent qu'à vivre.
Les progrès de la civilisation n'exposent pas seulement les hommes à beaucoup de misères nouvelles, ils portent encore la société à soulager des misères auxquelles, dans un état à demi policé, on ne songerait pas.
Il n'y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d'autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu'il n'en établit.
Le plus redoutable de tous les maux qui menacent l'avenir des Etats-Unis naît de la présence des Noirs sur leur sol.
L'esclave est un serviteur qui ne discute point et se soumet à tout sans murmurer. Quelquefois il assassine son maître mais il ne lui résiste jamais.
Les despotes eux-mêmes ne nient pas que la liberté ne soit excellente ; seulement ils ne la veulent que pour eux-mêmes, et ils soutiennent que tous les autres en sont indignes tout à fait.
Pourvu que le législateur se charge lui-même d'enlever aux hommes leur indépendance, ils sont à peu près contents.
C'est pour unir les avantages divers qui résultent de la grandeur et de la petitesse des nations que le système fédératif a été créé.
Je crois qu'il y a des résistances honnêtes et des rébellions légitimes.
Les Français veulent l'égalité, et quand ils ne la trouvent pas dans la liberté, ils la souhaitent dans l'esclavage.
Les grands hommes se passionnent pour les petites choses, quand les grandes viennent à leur manquer.
Les hommes ne sauraient jouir de la liberté politique sans l'acheter par quelques sacrifices, et ils ne s'en emparent jamais qu'avec beaucoup d'efforts.
La première et la plus vive des passions que l'égalité des conditions fait naître, ... c'est l'amour de cette même égalité.
Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales ; mais il dépend d'elles que l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères.
Je m'émeus du spectacle de la dégradation de l'homme par l'homme.
Ce n'est ni la situation, ni la grandeur, ni la richesse des capitales qui causent leur prépondérance politique sur le reste de l'empire, mais la nature du gouvernement.
Il ne faut pas mépriser l'homme, si l'on veut obtenir des autres et de soi de grands efforts.
En forçant les hommes à s'occuper d'autre chose que de leurs propres affaires, il combat l'égoïsme individuel, qui est comme la rouille des sociétés.
Il existe une loi générale qui a été faite ou du moins adoptée, non pas seulement par la majorité de tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes. Cette loi, c'est la justice. La justice forme donc la borne du droit de chaque peuple.
Chez les peuples démocratiques, ce sont les simples soldats qui restent les plus citoyens ; c'est sur eux que les habitudes nationales gardent le plus de prise et l'opinion publique le plus de pouvoir.
Le premier caractère de la puissance judiciaire, chez tous les peuples, est de servir d'arbitre. Pour qu'il y ait lieu à action de la part des tribunaux, il faut qu'il y ait contestation. Pour qu'il y ait juge, il faut qu'il y ait procès.
Les grandes révolutions qui réussissent, faisant disparaître les causes qui les avaient produites, deviennent ainsi incompréhensibles par leurs succès mêmes.
Les Américains ne sont arrivés que d'hier sur le sol qu'ils habitent, et ils y ont déjà bouleversé tout l'ordre de la nature à leur profit.
Si quelqu'un me montrait entre l'indépendance complète et l'asservissement entier de la pensée une position intermédiaire où je puisse espérer me tenir, je m'y établirais peut-être ; mais qui découvrira cette position intermédiaire.
En politique, ce qu'il y a souvent de plus difficile à apprécier et à comprendre, c'est ce qui se passe sous nos yeux.
Il n'y a que Dieu qui puisse sans danger être tout-puissant.
C'est avec l'idée des droits que les hommes ont défini ce qu'étaient la licence et la tyrannie.
Je n'admettrai point qu'un acte injuste, attentatoire aux droits sacrés de l'humanité, puisse se justifier par une raison d'utilité.
Ce qui met en danger la société, ce n'est pas la grande corruption de quelques-uns, c'est le relâchement de tous. Aux yeux du législateur, la prostitution est bien moins à redouter que la galanterie.
Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple.
Ils (les Français) veulent l'égalité dans la liberté et, s'ils ne peuvent l'obtenir, ils la veulent encore dans l'esclavage.
La liberté n'existe pas sans morale, ni la morale sans foi.
On ne réussit à rien, surtout dans la jeunesse, si on n'a pas un peu le diable au corps.
Le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d'ordinaire celui où il commence à se réformer.
Admirable position du nouveau monde, qui fait que l'homme n'y a encore d'ennemis que lui-même ! Pour être heureux et libre, il lui suffit de le vouloir.
L'on ne me fera point croire qu'un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffrages d'un peuple de serviteurs.
L'homme qui obéit à la violence se plie et s'abaisse.
L'individualisme est une expression récente qu'une idée nouvelle a fait naître. Nos pères ne connaissaient que l'égoïsme.
En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés.
Je ne crois pas qu'à aucune époque l'esclavage ait été utile à la vie et au bien-être social.
Il y a aujourd'hui sur la terre deux grands peuples qui, partis de points différents, semblent s'avancer vers le même but : ce sont les Russes et les Anglo-Américains.
Un mot abstrait est comme une boîte à double fond : on y met les idées que l'on désire, et on les en retire sans que personne le voie.