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A présent, j'ai compris : c'est une véritable handicapée mentale. Tout s'explique.
Amélie Nothomb
Pour autant, il serait excessif d'affirmer que si mon histoire d'amour avait réussi, je ne serais pas ce high jacker du dimanche. D'abord parce que la réussite d'une histoire d'amour, je ne sais pas ce que c'est. Quand l'amour peutil être considéré comme réussi ?
Il y a des beautés qui sautent aux yeux et d'autres qui sont écrites en hiéroglyphes : on met du temps à déchiffrer leur splendeur mais, quand elle est apparue elle est plus belle que la beauté.
La mort, comme un terrier, comme une chambre aux rideaux fermés, comme la solitude, est à la fois horrible et tentante : on sent qu'on pourrait y être bien.
Ils deviennent de plus en plus stupides, ce qui les conforte dans leur idée d'être brillants car on n'a rien inventé de mieux que la bêtise pour se croire intelligent.
Je lis comme je mange : ça ne signifie pas seulement que j'en ai besoin, ça signifie surtout que ça entre dans mes composantes et que ça les modifie.
J'ai la conviction infalsifiable d'être le plus incarné des humains. Quand je m'allonge pour dormir, ce simple abandon me procure un plaisir si grand que je dois m'empêcher de gémir.
J'admire la gentillesse qui a pour origine la gentillesse ou l'amour. Mais connaissez-vous beaucoup de gens qui la pratiquent, cette gentillesse-là ? Dans l'immense majorité des cas, quand les humains sont gentils, c'est pour qu'on leur fiche la paix.
La noblesse, c'est aussi admettre ce qui va de soi. Il ne fallait pas se cacher que le monde s'était préparé à mon existence depuis des milliards d'années.
Voir le visage de ce qu'on aime, surtout quand le visage est beau a de quoi combler un coeur peu nourri.
Vous réagissez comme les pauvres, vous placez votre honneur de manière à en être la victime.
Je n'injurie jamais, monsieur, je diagnostique.
On peut aimer quelqu'un aussi longtemps qu'on peut le comprendre.
Le Japon est un pays qui sait ce que "craquer" veut dire.
Le sommeil qui vous aspire comme un lavabo qui vide, les rares vacances dont personne ne connaît le mode d'emploi : rien qui mérite le nom de vie.
Chacun tue ce qu'il aime. L'amour mène tout à sa perte.
Mais vous êtes un jean-foutre ! Vous provoquez des éruptions volcaniques avec 2 500 années de retard, le jour de votre choix, et vous n'êtes même pas fichu de me dire si j'existe encore le 9 mai 1995 !
Il n'est qu'une clef pour accéder au savoir, et c'est le désir.
Koestler dit avec raison que ce qui a le plus tué sur terre, c'est le langage.
Ce que l'esprit ne comprend pas, le corps le saisit.
Le matricule est à la connaissance de l'autre ce que la carte d'identité est à la personne : rien.
Ce sont les petits esprits qui sont les plus nuisibles.
Rien de tel que d'être profondément indésirable pour savoir à quel point les gens se fichent de vous.
Quand on tombe amoureux, on négocie après coup avec soi-même, histoire de voir si on s'autorise cette absurdité.
Aussi longtemps qu'on ne se réjouit pas de la chute de quelqu'un, c'est qu'on peut encore se regarder dans la glace. Se délecter de la médiocrité d'autrui reste le comble de la médiocrité.
Le but de la photographie est de révéler l'amour que l'on éprouve en une seule image.
La laideur, c'est rassurant : il n'y a aucun défi à relever, il suffit de s'abandonner à sa malchance, de s'en gargariser, c'est si confortable. La beauté est une promesse : il faut pouvoir la tenir, il faut être à la hauteur.
Vous savez bien que le programme télévisé est souvent l'unique conversation des gens. C'est pour ça que tout le monde regarde les mêmes choses : pour ne pas être largué et avoir quelque chose à partager.
Il n'y a pas d'échec amoureux. C'est une contradiction dans les termes. Eprouver l'amour est déjà un tel triomphe que l'on pourrait se demander pourquoi l'on veut davantage.
Les corps ont trois possibilités de beauté : la force, la grâce et la plénitude.
Quand une femme détruit la vie d'un autre, elle considère cet exploit comme la preuve suprême de sa spiritualité. "Je fous la merde, donc j'ai une âme", raisonne-t-elle.
Le verbe refouler, c'est le mot fourre-tout du XXe siècle.
Si j'ai écrit ce moment, c'était parce qu'il était impossible à dire. L'écriture commence là où s'arrête la parole, et c'est un grand mystère que ce passage de l'indicible au dicible. La parole et l'écrit se relaient et ne se recoupent jamais.
Il est bien plus divertissant d'être ennuyeux que d'être intéressant.
Le magicien aime et estime son public, le tricheur méprise celui qu'il plume.
"Ce qui t'a été donné te sera repris" : ta vie entière sera rythmée par le deuil.
L'amitié n'apparaît pas pour combler un appétit. Elle surgit quand on rencontre l'être qui rend possible cette relation sublime.
L'amitié est une chose bizarre : on n'aime ses amis ni pour leur corps ni pour leurs idées. En ce cas, d'où cet étrange sentiment provient-il ?
Ton devoir est de te sacrifier pour autrui. Cependant, n'imagines pas que ton sacrifice rendra heureux ceux auxquels tu le dédieras. Cela leur permettra de ne pas rougir de toi. Tu n'as aucune chance ni d'être heureuse ni de rendre heureux.
L'amour n'est pas la spécialité des humains.
Je vais te dire un grand secret, il est plus facile de mourir que de vivre, c'est pourquoi je vivrai pour toi, mon amour, car tous les vrais amoureux citent Aragon sans le savoir, ou en le sachant.
Le concept de remplacement est la base du désastre de l'humanité.
Ceux qui s'évadent meurent perdus dans un excès d'espace. C'est le paradoxe de l'infini : on pressent une liberté qui n'y existe pas. C'est une prison si grande qu'on n'en sort jamais.
La proportion de 100 % est exclue à tout jamais de la terminologie scientifique.
La vie c'est ce que tu vois : de la membrane, de la tripe, un trou sans fond qui exige d'être rempli. La vie est ce tuyau qui avale et qui reste vide.
Imaginez une ville qui soit à la fois aussi mystique et sublime que Pagan, aussi riche et bourgeoise que Bordeaux, aussi technologique et chaotique que Seattle : pour autant qu'une telle mixture soit imaginable, c'est ce qui évoque le mieux Kyoto.
C'est une grande chose que de savoir quand on va mourir. On peut s'organiser et faire de son dernier jour une oeuvre d'art.
Il y a la croissance et puis il y a la décrépitude ; entre les deux il n'y a rien. L'apogée, ça n'existe pas.
S'éprend-on de ceux pour qui l'on a du goût ? Impensable. On tombe amoureux de ceux que l'on ne supporte pas, de ceux qui représentent un danger insoutenable.
Les livres aussi, ce sont des voisins - des voisins de rêve, qui viennent chez vous seulement quand vous les appelez, et qui s'en vont dès que vous ne voulez plus les voir.