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L'aimer, j'y ai songé comme on aime. Mais la moitié d'un citron vert, ses cheveux de rame, l'étourderie des pièges à prendre les bêtes vivantes, je n'ai pu m'en défaire complètement.
André Breton
Le camée Léon, il me suffisait de le fasciner pour qu'il prît les fenêtres béantes par les ouïes et allât les vendre à la criée.
- Qu'est-ce que la jalousie ? - C'est un clairon sur une table servie.
Au départ il ne s'agit pas de comprendre mais bien d'aimer.
Les confidences de fous, je passerais ma vie à les provoquer. Ce sont gens d'une honnêteté scrupuleuse, et dont l'innocence n'a d'égale que la mienne.
Léon changeait l'eau des magnolias. Cette prunelle qui se dilate lentement à la surface du meurtre, prunelle de licorne ou de griffon, m'engageait à me passer de ses services.
La nuit est venue tout d'un coup comme une grande rosace de fleurs retournée sur nos têtes.
- Qu'est-ce que l'amour physique ? - C'est la moitié du plaisir.
C'est qu'il s'agit de vivre où la vie est encore capable de provoquer la convulsion ou la conversion générale sans avoir recours à autre chose qu'à la reproduction des phénomènes naturels.
Je ne nie pas que l'amour ait maille à partir avec la vie. Je dis qu'il doit vaincre et pour cela s'être élevé à une telle conscience poétique de lui-même que tout ce qu'il rencontre nécessairement d'hostile se fonde au foyer de sa propre gloire.
Le délire d'interprétation ne commence qu'où l'homme mal préparé prend peur dans cette forêt d'indices.
Je veux qu'on se taise quand on cesse de ressentir.
Les aspirations de l'homme à la liberté doivent être maintenues en pouvoir de se recréer sans cesse ; c'est pourquoi elle doit être conçue non comme état mais comme force vivre entraînant une progression continuelle.
Qu'est-ce que la liberté ? Une multitude de points multicolores dans les paupières.
Le parc, à cette heure, étendait ses mains blondes au-dessus de la fontaine magique.
La classe est sur les plus hautes branches du retour, entre les verdiers et les brûlures. C'est l'école buissonnière dans toute son acception.
Ah ! descendre les cheveux en bas, les membres à l'abandon dans la blancheur du rapide. De quels cordiaux disposez vous ? J'ai besoin d'une troisième main, comme un oiseau, que les autres n'endorment pas.
J'ai entendu dire dans ma jeunesse que l'odeur du pain chaud est insupportable aux malades mais je répète que les fleurs sentent l'encre d'imprimerie.
L'homme propose et dispose. Il ne tient qu'à lui de s'appartenir tout entier.
A quelques boutiques de là, un choix presque électif se porta pour moi sur une grande cuiller en bois, d'exécution paysanne, mais assez belle, me sembla-t-il, assez hardie de forme...
Un jour, on verra deux grandes ailes obscurcir le ciel et il suffira de se laisser étouffer dans l'odeur musquée de partout.
Les accidents du travail, nul ne contredira, sont plus beaux que les mariages de raison.
Un château sans signification roulait à la surface de la terre. Près de Dieu le cahier de ce château était ouvert sur un dessin d'ombres, de plumes, d'iris.
Poésie : Les mots font l'amour.
Qu'est-ce que l'absence ? Une eau calme, limpide, un miroir mouvant.
Le plus beau présent de la vie est la liberté qu'elle vous laisse d'en sortir à votre heure.
Ses prises de courant sur vous, du côté du canal de l'Ourcq, ne sont-elles pas de nature à éloigner la petite voiture de glaces et de nougat qui stationnait sous le viaduc du métropolitain ?
Quand une jeune fille, dans une ferme, laisse couler à travers sa chambre l'eau d'une source voisine et que son fiancé vient s'accouder à la barre arquée de sa fenêtre, ils partent eux aussi pour ne plus se retrouver.
C'est d'un élan tout intuitif que j'ai opté en amour pour la forme passionnelle et exclusive.
Qu'est-ce que les yeux ? Le veilleur de nuit dans une usine de parfums.
La surprise doit être recherchée pour elle-même, inconditionnellement. Elle n'existe que dans l'intrication en un seul objet du naturel et du surnaturel.
L'écho présent est celui des larmes, et de la beauté propre aux aventures illisibles, aux rêves tronqués.
La grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf n'a éclaté que dans la courte mémoire du fabuliste.
Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout.
Dans ses rêves il y a des noyers noirs.
L'histoire tombe au-dehors comme la neige.
La mise en évidence de l'irrationalité immédiate, confondante, de certains événements nécessite la stricte authenticité du document humain qui les enregistre.
Ce n'est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l'imagination.
Ce qu'il y a d'admirable dans le fantastique, c'est qu'il n'y a plus de fantastique : il n'y a que le réel.
Servantes de la faiblesse, servantes du bonheur, les femmes abusent de la lumière dans un éclat de rire.
Assez de crocodiles là-bas, assez de dents de crocodile sur les cuirasses de guerriers samouraïs, assez de jets d'encre enfin, et des renégats à oeil de cassis, à cheveux de poule !
Chacun sait que la tête des dindons est un prisme à sept ou huit faces tout comme le chapeau haut de forme est un prisme à sept ou huit reflets.
Qu'est-ce que le suicide ? Plusieurs sonneries assourdissantes.
Qu'est-ce qu'un lit ? Un éventail vite déplié. Le bruit d'une aile d'oiseau.
L'idée de surréalisme tend simplement à la récupération totale de notre force psychique.
Ne pas alourdir ses pensées du poids de ses souliers.
Il semble que de toutes parts la civilisation bourgeoise se trouve plus inexorablement condamnée du fait de son manque absolu de justification poétique.
Tout doit pouvoir être libéré de sa coque... Ne vous croyez pas à l'intérieur d'une caverne, mais à la surface d'un oeuf.
La tentation de retoucher à distance l'expression d'un état émotionnel, faute de pouvoir au présent la revivre, se solde inévitablement par la dissonance et l'échec.
La pornographie, c'est l'érotisme des autres.