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Les racines, c'est un peu comme si on replongeait en apnée dans la mémoire. Le souffle est alors obligatoire sinon les larmes remontent à la surface.
André Bucher
Car c'est un très grand danger de voir l'estime de soi dépendre de la manière dont les autres vous considèrent.
Même les étoiles qui s'aiment, un jour doivent se quitter.
Autour de lui, à travers le brouillard un saule pleurait à la façon d'une effraie à face blanche, c'est-à-dire dans l'aigu et les bouleaux, les frênes et les trembles, jouxtant la mare, plaignaient doucement sous la morsure du vent. Cela intriguait [Alain]. Il tentait d'imaginer quelle espèce de créature se prolongeait ainsi en eux.
L'hiver usait et abusait. Il exténuait les corps, les arbres, les plantes et les animaux. Seules les montagnes lui résistaient et même le vent, son grand complice, était dérouté par elles de sa course, venant emboutir les flancs des vallées.
La vie c'est pas grand chose. Le réel est une cheville et le reste une entorse.
Dans toutes les régions montagneuses, la neige est auréolée d'un grand prestige. Elle décide du sort des récoltes, de la survie des arbres ainsi que de la santé des sources. Chaque année sur le point d'envahir le pays, elle consulte la rose des vents pour se souvenir du paysage qui s'endort sous elle et se réveillera à son départ
En soi, l'écriture propose un déracinement dans ce mélange permanent d'appartenance et d'exil. Ce qui explique mon obstination face à cet incessant flux et reflux, à vouloir planter, éclaircir, élaguer et non seulement abattre, mais remplacer, réparer même. Les arbres symbolisent la jonction, une symbiose adéquate entre ces pratiques.
L'amitié a besoin de lumière. On dirait une veilleuse qui brûlerait jour et nuit des l'antichambre de l'indifférence. A côté, l'amour n'est qu'une bougie.
Etrangeté que la mémoire sélective qui privilégie un souvenir plutôt qu'un autre alors que souvent la symbolique et le sens demeurent hermétiques.
C'est encore une idée convenue de prétendre qu'on doit faire le deuil d'une personne aimée. Est-ce si étrange de préférer vivre avec elle par la pensée, en harmonie, prolongeant son souvenir, de continuer à la pousser dans une autre vie ?
En définitive, la réalité d'une existence tenait à peu de choses. Deux ou trois dates symboliques, quelques photos, témoins embarrassants, où l'on a l'air en représentation, déguisé quasiment, avant d'enfiler son dernier costume, le cercueil.