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Qu'aimable est la vertu que la grâce environne !
André Chénier
L'obstacle nous fait grands. Par l'obstacle excité, L'homme, heureux à poursuivre une pénible gloire, Va se perdre à l'écueil de la prospérité, Vaincu par sa propre victoire.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine ! - Son beau corps a roulé sous la vague marine.
L'épi naissant mûrit de la faux respecté. - Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été - Boit les doux présents de l'aurore.
O mes Muses, c'est vous ; vous mon premier amour, Vous qui m'avez aimé dès que j'ai vu le jour ! Leurs bras, à mon berceau dérobant mon enfance, Me portaient sous la grotte où Virgile eut naissance.
Mourir sans vider mon carquois ! - Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange - Ces bourreaux barbouilleurs de lois.
Je rêve assis au bord de cette onde sonore Qu'au penchant d'Hélicon, pour arroser ses bois, Le quadrupède ailé fit jaillir autrefois.
Mais la tendre élégie et sa grâce touchante M'ont séduit : l'élégie à la voix gémissante, Au ris mêlé de pleurs, aux longs cheveux épars ; Belle, levant au ciel ses humides regards.
O mort, tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ; Va consoler les coeurs que la honte, l'effroi, Le pâle désespoir dévore.
Détache la ceinture à la belle étrangère, Et la vierge en ses bras devient épouse et mère.
L'amour aime les champs, et les champs l'ont vu naître.
Ce n'est qu'aux inventeurs que la vie est promise.
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles - L'enveloppe. Etonnée, et loin des matelots, - Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots. - Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine. - Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson ; Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année.
Le bonheur des méchants est un crime des dieux.
Jusqu'à la mort nous espérons toujours.
Je meurs, avant le soir j'ai fini ma journée.
Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre.
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin : Je veux achever ma journée.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux.
Je meurs. Avant le soir j'ai fini ma journée. - A peine ouverte au jour ma rose s'est fanée. - La vie eut bien pour moi de volages douceurs ; - Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs.
Trop de désirs naissent de trop de force.
Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée. Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée. L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds. Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.
Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort, Moi je pleure et j'espère.
Les destins n'ont jamais de faveurs qui soient pures.
Les Ménades couraient en longs cheveux épars Et chantaient Evoë, Bacchus et Thyonée.
Hélas ! je n'ai rien fait pour la postérité ; et pourtant j'avais quelque chose là.
A peine ouverte au jour, ma rose s'est fanée.
Allumons nos flambeaux à leurs feux poétiques ; - Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.
Pleurez, doux alcyons ! O vous oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.
Plus une femme aime son mari, plus elle le corrige de ses défauts ; plus un mari aime sa femme, plus il risque d'augmenter ses défauts.
Qui prévient le moment l'empêche d'arriver.
Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat, - Se plie, et de la neige effacerait l'éclat.
Un langage sonore, aux douceurs souveraines, Le plus beau qui soit né sur les lèvres humaines.
Il est si doux, si beau, de s'être fait soi-même, De devoir tout à soi, tout aux beaux-arts qu'on aime.
Travaille. Un grand exemple est un puissant témoin. Montre ce qu'on peut faire en le faisant toi-même.
Les amants malheureux vieillissent en un jour.
Les riches grossiers - N'ont pas une âme ouverte à sentir les talents.
Pourtant, j'avais quelque chose là !
Il cueillait le moly, fleur qui rend l'homme sage.
Avant de la quitter, il faut user la vie. Le moment d'être sage est voisin du tombeau.
Ce qui se dit en trois mots n'est jamais si bien dit en quatre ; et un bon livre n'est pas celui qui dit tout, mais qui fait beaucoup penser.
O jours de mon printemps, jours couronnés de roses.
Oh ! de se confier noble et douce habitude ! Non, mon coeur n'est point né pour vivre en solitude.
Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine.
Le Messager de mort, noir recruteur des ombres...
Le moment d'être sage est voisin du tombeau.
Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre - Animent la fin d'un beau jour, - Au pied de l'échafaud j'essaye encore ma lyre. - Peut-être est-ce bientôt mon tour.
Tout mortel se soulage à parler de ses maux.