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C'est presque toujours par vanité qu'on montre ses limites - en cherchant à les dépasser...
André Gide
J'avais besoin d'un poumon, m'a dit l'arbre : alors ma sève est devenue feuille, afin d'y pouvoir respirer. Puis quand j'eus respiré, ma feuille est tombée, et je n'en suis pas mort. Mon fruit contient toute ma pensée sur la vie.
Dès l'instant que j'eus compris que Dieu n'était pas encore mais qu'il devenait, et qu'il dépendait de chacun de nous qu'il devînt, la morale en moi fut restaurée.
Il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons.
Chaque matin, l'arrogance du géant est plus grande, son défi plus moqueur et l'insulte qu'il y mêle outrageante.
Quarante-trois caissettes, sacs ou cantines, contenant l'approvisionnement pour la seconde partie de notre voyage, seront expédiés directement à Fort-Archambault.
Il y a certainement une accoutumance au malheur, un endurcissement ou mieux : l'habitude du retrait, certaine faculté de repliement.
C'est l'amélioration de la race, à laquelle il faut travailler. Mais toute sélection implique la suppression des malvenus, et c'est ce à quoi notre chrétienne de société ne saurait se résoudre.
Ah ! qui délivrera mon esprit des lourdes chaînes de la logique ? Ma plus sincère émotion, dès que je l'exprime, est faussée.
Je crois à la vertu des petits peuples. Je crois à la vertu du petit nombre. Le monde sera sauvé par quelques-uns.
Il se dit que les romanciers, par la description trop exacte de leurs personnages, gênent plutôt l'imagination qu'ils ne la servent et qu'ils devraient laisser chaque lecteur se représenter chacun de ceux-ci comme il lui plaît.
Ce que nous appelons notre volonté, ce sont les fils qui font marcher la marionnette, et que Dieu tire.
Lorsqu'on se laisse aller, L'on se plaît à croire que c'est au génie. Le talent, c'est ce qui s'acquiert ; mais on n'en a cure. Je me souviens d'avoir écrit jadis qu'il fallait beaucoup de talent pour rendre un peu de génie supportable.
Je n'ai jamais dit, ni pensé, qu'on ne faisait de la bonne littérature qu'avec les mauvais sentiments.
Le plus petit instant de la vie est plus fort que la mort, et la nie.
Le monde m'est un miroir, et je suis étonné quant il me réflète mal.
Je sais si mal m'exprimer que je déçois aussitôt que j'ouvre la bouche.
Je m'agite dans ce dilemme : être moral ; être sincère.
L'amitié, c'est l'antichambre de l'amour.
Le plus grand poète français ? Victor Hugo, hélas.
Il tâchera de sévir, mais trop tard ; ses admonestations, ses menaces, ses réprimandes, achèvent d'indisposer contre lui les élèves.
Ceux que la littérature a tués, je pense qu'ils portaient déjà la mort en eux ; ceux qui se sont faits chrétiens étaient admirablement prêts pour l'être ; l'influence, disais-je, ne crée rien : elle éveille.
On ne s'entend que sur les lieux communs. Sans terrain banal, la société n'est plus possible.
Ce que l'on me reproche le plus âprement, c'est d'avoir travaillé à l'émancipation de l'esprit.
Par moments, cela sent furieusement la ménagerie. Adoum, qui s'y connaît, nous montre sur une aire de sable des traces de lion, toutes fraîches.
En art, comme partout, la pureté seule m'importe.
J'imaginais, j'entendais l'appel désespéré, puis le retombement, de cette âme aimante que tout, sauf Dieu, désertait.
Je me repens d'avoir assombri ma jeunesse, d'avoir préféré l'imaginaire au réel, de m'être détourné de la vie.
Quand un philosophe vous répond, on ne comprend même plus ce qu'on lui avait demandé.
Entre le désir et l'ennui - Notre inquiétude balance.
Il se montre tel que je l'ai vu toujours, portant beau, soigneux de sa parole.
C'est une grande sagesse que d'oser paraître imbécile mais il y faut un certain courage que je n'ai pas toujours eu.
On se demande, en voyant certains livres : Qui peut les lire ? - En voyant certaines gens : Que peuvent-ils lire ? - Puis ça finit par s'accrocher.
Et c'est ainsi que commença pour moi cette vie irrégulière et désencadrée, cette éducation rompue à laquelle je ne devais que trop prendre goût.
Comme Chopin par les sons, il faut se laisser guider par les mots.
Je ne tiens pas à m'avantager, et ce que j'expose le plus volontiers, je crois que ce sont mes faiblesses.
Je signe du ridicule nom qui est le vôtre, que je voudrais pouvoir vous rendre, et qu'il me tarde de déshonorer. Bernard Profitendieu.
C'est elle qui jetait à son chien les restes de viande, plutôt que de les laisser finir par ses boys.
C'est en se renonçant que toute vertu se parachève. C'est à la germination que prétend l'extrême succulence du fruit.
La joie, en moi, l'emporte toujours ; c'est pourquoi mes arrivées sont plus sincères que mes départs.
Une certaine inquiétude de l'âme est le reflet de celle de la chair.
L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté.
Devant le gîte d'étape de Moussareu, ahurissant tam-tam... Je n'ai rien vu de plus déconcertant, de plus sauvage.
Toute divergence d'opinion devient suspecte et seuls quelques très rares esprits ne se forcent pas à penser et juger "comme il faut".
Voilà pourquoi je n'ose rien projeter ni promettre et que je ne parviens à rien qu'en biaisant et rusant avec moi-même, le long de quels atermoiements.
J'étais pareil au fils prodigue, qui va dilapidant de grands biens.
Il n'y a guère de "règles de vie" dont on ne puisse se dire qu'il y aurait plus de sagesse à en prendre le contre-pied qu'à les suivre.
C'est un grand souci que de penser.
Le meilleur moyen pour amener autrui à "partager" votre conviction, n'est pas toujours de proclamer celle-ci.
L'on me reproche ma démarche oblique... mais qui ne sait, lorsqu'on a vent contraire, que force est de tirer des bordées ? Vous en parlez bien à votre aise, vous qui vous laissez porter par le vent. Je prends appui sur gouvernail.