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Je fais raconter par Adoum la chasse à l'hippopotame, puis le dépeçage de la bête et l'odeur épouvantable de nos baleinières transformées en boucaneries.
André Gide
Toute pensée qui n'est pas chargée d'amour semble impie.
Je me sentais d'étreinte assez large pour embrasser l'entière humanité ; ou l'étrangler peut-être... Que peu de chose la vie humaine !
Cet état d'équilibre n'est beau que sur la corde raide ; assis par terre, il n'a plus rien de glorieux.
Il y a ce que l'on sait et il y a ce que l'on ignore. Entre deux, ce que l'on suppose.
Le grand plaisir du débauché, c'est d'entraîner à la débauche.
Chaque animal n'est qu'un paquet de joie.
C'est un vase informe (le mot DIEU) à parois indéfiniment extensibles, qui contient ce qu'il plaît à chacun d'y mettre, mais qui ne contient que ce que chacun de nous y a mis.
J'ai mis assez loingtemps à me rendre compte que, dans ses lectures, il cherche surtout à se renseigner.
Laissons même ce mot de vérité qui ferait croire trop aisément que le despotisme de certaines idées est légitime.
D'autre part un petit entrefilet de la colonne suivante m'apprend que, depuis une quinzaine, Béraud fulmine contre l'Action française.
Par instants j'ai envie de me plaindre. J'arrive, par orgueil, à réfréner cette envie.
Le souci de se montrer intelligent le fait déraisonner sans cesse.
Je me suis souvent persuadé que les pires gredins sont ceux auxquels les sourires affectueux ont manqué.
Tout coup vaille.
Attends tout ce qui vient à toi ; mais ne désire que ce qui vient à toi. Ne désire que ce que tu as. Comprends qu'à chaque instant du jour tu peux posséder Dieu dans sa totalité. Que ton désir soit de l'amour, et que ta possession soit amoureuse.
Je n'écris plus ; je ne peux plus écrire ; je me heurte à quelque extraordinaire difficulté que je ne peux analyser encore et réduire - un véritable tétanos intellectuel.
Le bonheur de tous ne s'obtient qu'en désindividualisant chacun.
J'ai besoin du bonheur de tous pour être heureux.
De combien de silence déjà savait s'envelopper notre amour ?
Je parviens à jouer passablement les deux premiers morceaux d'Ibéria, qui sont bougrement difficiles.
Il advient le plus souvent que l'on ne prête à autrui que les sentiments dont l'on est soi-même capable.
Par instruction, ainsi, je peux accumuler en moi de lourds trésors, toute une encombrante richesse, une fortune ..., mais qui restera différente de moi jusqu'à la consommation des siècles.
Nous nous développons dans la sympathie, mais c'est en nous opposant que nous apprenons à nous connaître.
Sa raison de commettre le crime, c'est précisément de le commettre sans raison.
Quelques mythes d'abord suffisaient. Puis on a voulu expliquer.
J'ai horreur des repas solitaires, et le système des tables à trois m'agrée, car à deux l'on pourrait se disputer.
Il n'est pas d'acropole que le flot de barbarie ne puisse atteindre, pas d'arche qu'il ne vienne à bout d'engloutir.
Et si je te foutais mon poing sur la gueule, personnellement..., tu t'en foutrais peut-être un peu moins ?
Remarquable discours de Valéry. D'une gravité, d'une ampleur, d'une solennité admirables, sans emphase aucune.
La peste soit de ces gens devant lesquels on ne peut pas renifler sans qu'aussitôt ils vous demandent : Vous êtes enrhumé ?
C'est en renonçant à sa divinité que le Christ vraiment devient Dieu. Et, réciproquement, en se renonçant dans le Christ Dieu se crée.
Ce qui paraîtra bientôt le plus vieux, c'est ce qui d'abord aura paru le plus moderne.
Autre bel exemple d'anacoluthe : "L'homme est ainsi fait, qu'à force de lui dire qu'il est un sot, il le croit." (Pascal.) Il faudrait, logiquement : "qu'à force de s'entendre dire qu'il est un sot...".
Ne souhaite pas trouver Dieu ailleurs que partout.
Je le revois si bien ! un peu dégingandé, comme un enfant grandi trop vite, flexible, délicat.
Pour bien juger de quelque chose il faut s'en éloigner un peu, après l'avoir aimé. Cela est vrai des pays, des êtres et de soi-même.
Ne distingue pas Dieu du bonheur et place tout ton bonheur dans l'instant.
Rien ne flatte les gens davantage que l'intérêt que l'on prend ou semble prendre à leurs propos.
J'appelle symbole tout ce qui paraît.
Tu me rappelles certains Anglais : plus leur pensée s'émancipe, plus ils se raccrochent à la morale ; c'est au point qu'il n'y a pas plus puritain que certains de leurs libres-penseurs.
Un grand sommeil m'engourdit depuis mon lever jusqu'au soir ... lentement je perds l'habitude de l'effort ... tout s'amollit dans cette facilité de l'existence.
Ils s'obstinent à voir dans Les Faux-monnayeurs un livre manqué. On disait la même chose de L'Education sentimentale de Flaubert, et des Possédés de Dostoïevski.
Nos actes les plus sincères sont aussi les moins calculés ; l'explication qu'on en cherche après coup reste vaine.
Ce n'est qu'un idéal bourgeois que, de nos jours, propose le bourgeois à l'ascension du prolétaire.
C'est mon enfance solitaire et rechignée qui m'a fait ce que je suis.
C'est une grande et rare vertu que la patience, que de savoir attendre et mûrir, que se corriger, se reprendre et, comme disait l'apôtre, tendre à la perfection.
Les adolescences trop chastes font les vieillesses dissolues. Sans doute est-il plus facile de renoncer à ce que l'on a connu qu'à ce que l'on imagine.
Il faut aux insultes laisser les autres avoir raison, pour que cela les console de n'avoir pas autre chose.
Plus un humoriste est intelligent, moins il a besoin de déformer la réalité pour la rendre significative.
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