Citations de André Gide

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L'art et la religion en moi dévotieusement s'épousaient, et je goûtais ma plus parfaite extase au plus fondu de leur accord.

J'ai compris à présent que, permanent à tout ce qui ce passe, Dieu n'habite pas l'objet mais l'amour ; et je sais à présent goûter la quiète éternité dans l'instant.

La lointaine canonnade a fait trembler le sol dans un indistinct grondement continu.

J'écris parce que j'ai une bonne plume, et pour être lu par vous...

Si l'on pouvait recouvrer l'intransigeance de la jeunesse, ce dont on s'indignerait le plus, c'est de ce qu'on est devenu.

C'est quand on se dit : "plus un jour à perdre !" qu'on emploie le plus stupidement son temps. Rien d'excellent ne se fait qu'à loisir.

Ne crains pas d'étonner ni de déplaire ; mais ne cherche jamais à étonner ou à déplaire.

Ici l'on exulte ; on éclate ; on s'enivre par tous les sens.

Pour en être plus économe, je noterai minutieusement l'emploi de mon temps.

Et lentement nous nous éprenions de ce grand pays monotone.

L'art commence à la résistance ; à la résistance vaincue. Aucun chef-d'oeuvre humain, qui ne soit laborieusement obtenu.

J'attends trop souvent que la phrase ait achevé de se former en moi, pour l'écrire.

Savoir se libérer n'est rien ; l'ardu, c'est savoir être libre.

On dit que je cours après ma jeunesse. Il est vrai. Et pas seulement après la mienne.

Il faut porter jusqu'à la fin toutes les idées qu'on soulève.

Ceux qui ont des yeux sont ceux qui ne savent pas regarder.

Il me semblait que j'étais la toison d'or et que je partais à la recherche d'un conquéreur.

J'en étais à ce point excédé que je ne sais plus trop si mon exaspération n'avait pas à la fin délabré tout l'amour que j'avais pour elle.

Tout son être respirait un bizarre mélange de fougue et de nonchaloir.

Au piano, une animation quasi-céleste le transfigurait.

Un assez gros éclat de bombe a crevé un volet de bois et fait sauter le panneau d'en bas d'une des fenêtres du salon.

Ma mère l'irritait beaucoup par les constants efforts qu'elle faisait pour le dégeler.

Sachez qu'il n'est pas un de mes amis qui à la suite d'une fréquentation un peu longue ne m'ai donné des gages d'imbécilité.

Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens, qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres.

C'est par nous que Dieu s'obtient.

Zézé, l'autre boy et le marmiton ... s'entassent fort inconfortablement au-dessus de l'accumulation des bagages, dans le camion.

Ceux qui craignent les influences et s'y dérobent, font le tacite aveu de la pauvreté de leur âme. Rien de bien neuf en eux à découvrir, puisqu'ils ne veulent prêter la main à rien de ce qui peut guider leur découverte. Et s'ils sont si peu soucieux de se retrouver des parents, c'est, je pense, qu'ils se pressentent fort mal apparentés.

Toute théorie n'est bonne qu'à condition de s'en servir pour passer outre.

Nous vivons contrefaits, plutôt que de ne pas ressembler au portrait que nous avons tracé de nous d'abord : c'est absurde ; ce faisant, nous risquons de fausser le meilleur.

Le mal n'est jamais dans l'amour.

De quel chaos l'homme est sorti, tu l'apprendras si tu ne le sais pas encore.

Ce que nous appelons mouvements du coeur n'est que le bousculement irraisonnable de nos pensées.

Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n'y projetait déjà une histoire.

Je garde l'habitude d'une vaste confiance qu'on appellerait de la foi, si elle était assermentée.

Je ne veux plus comprendre une morale qui ne permette et n'enseigne pas le plus grand, le plus beau, le plus libre emploi et développement de nos forces.

Je doute qu'il arrive jamais à cette simplification, cette "puissante érosion des contours" dont parle Nietzsche, et sans laquelle il n'y a pas de parfaite oeuvre d'art.

L'un d'eux se porte acquéreur de la totalité de la récolte, à raison de sept francs cinquante le kilo.

Léon Daudet et Souday prennent inopinément ma défense, et cette maladroite attaque de Henri Béraud tourne à sa déconfiture.

Tout comme Hugo, Balzac a trop de confiance en son génie ; souvent, pressé par le besoin sans doute, il bâcle.

Sans doute, est-il bien peu de préceptes de sagesse qui, pris sous un certain biais, ne semble folie.

La malédiction commence avec l'exploitation de ce travail par un autrui mystérieux qui ne connaît du travailleur que son "rendement".

C'est toujours une erreur de dédaigner ce qui peut encore servir.

Je n'admets qu'une chose pour ne pas être naturelle : l'art.

Cette admiration a bientôt fait place dès le chapitre suivant, à une animadversion encore plus vive.

La fleur ne vaut pour moi que comme une promesse de fruit.

Tout ce qui cherche à s'affirmer se nie ; tout ce qui se renonce s'affirme.

Je n'admets pas que rien me nuise ; je veux que tout me serve, au contraire. J'entends tourner tout à profit.

Une sorte d'état flasque de l'âme, qu'on appelait mélancolie, qui pâlissait avantageusement le front du poète.

Le rêve de demain est une joie, mais la joie de demain en est une autre, et rien heureusement ne ressemble au rêve qu'on s'en était fait ; car c'est différemment que vaut chaque chose.

Le nombre augmente... des choses que je me permets de penser, que je me permets un peu moins de dire, et que je ne permets aux autres de dire pas du tout. Par exemple : que le commencement de Madame Bovary est fort mal écrit.

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