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Ah ! que ma vie aussi comme une aile s'éploie ! Que le lait bleu du jour m'étourdisse et me noie, Que j'élève un front clair dans les vapeurs du ciel ! - Qu'importe ton destin, ton martyre ou ta joie, Il s'agit, ô mon coeur, que tu sois éternel !
Anna de Noailles
J'ai dit ce que j'ai vu et ce que j'ai senti, - D'un coeur pour qui le vrai ne fut point trop hardi - Et j'ai eu cette ardeur, par l'amour intimée, - Pour être, après ma mort, parfois encore aimée.
Solitude : la double solitude où sont tous les amants.
Tant que l'on vit, la vie amoureuse est possible.
Mes livres je les fis pour vous, ô jeunes hommes, Et j'ai laissé dedans, Comme font les enfants qui mordent dans des pommes La marque de mes dents.
... t'ai-je assez remercié - De l'amour que j'avais pour toi ?
Le langage natal, climat de la pensée, hors de qui nul ne respire amplement et ne ressemble plus à soi-même. Tout ce qui est tient son existence du verbe.
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Et la volupté n'est, peut-être, je le crois, Que l'essai de mourir ensemble.
Seul le plaisir physique contente l'âme pleinement.
J'écris pour que le jour où je ne serai plus - On sache comme l'air et le plaisir m'ont plu, - Et que mon livre porte à la foule future - Comme j'aimais la vie et l'heureuse Nature.
Le bonheur, la douceur, la joie, Tiennent entre les bras mêlés ; Pourtant les coeurs sont isolés Et las comme un rameau qui ploie.
A ce coeur si rompu, si amer et si lourd, Accorde le dormir sans songes et sans peines, Sauve-le du regret, de l'orgueil, de l'amour.
Je voudrais épuiser sur moi l'éternité.
Descendre par l'étroite, horizontale porte Où l'on passe étendu, voilé, silencieux ; Ne plus jamais vous voir, ô Lumière des cieux. Hélas ! Je n'étais pas faite pour être morte.
Et qu'un jeune homme, alors lisant ce que j'écris - Sentant par moi son coeur ému, troublé, surpris, - Ayant tout oublié des épouses réelles, - M'accueille dans son âme et me préfère à elles.
Le monde appartient à ceux qui n'ont pas d'heures fixes pour les repas.
Suavité ; j'ai mis mon coeur autour du monde.
Il n'est rien de réel que le rêve et l'amour.
Retenez, du savoir, ce qu'il faut au bonheur.
La bonté n'atténue pas la lucide vision.
Le corps, unique lieu de rêve et de raison, Asile du désir, de l'image et des sons.