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Il faut considérer les grandes choses comme si elles étaient petites. Et les petites comme si elles étaient grandes.
Anne Berest
Depuis toujours, les femmes décident seules qui sera le père de leurs enfants, elles le font pour eux, pour leur progéniture. Elles choisissent le meilleur, le plus approprié.
Elles savent que Dieu se nomme Chance. Et que tout peut mal finir. À partir de là, il faut composer avec ce que l'on a.
Je me demande si tous les parents préfèrent l'un de leurs enfants. Si c'est une chose inévitable et qu'ils parviennent plus ou moins bien à cacher. Je me demande si mon père a préféré l'une de nous.
Écrire, c'est peu à peu se retrancher du roman de la vie.
Les pères qui n'ont que des filles, comme les mères qui n'ont que des fils, restent pour toujours des rois et des reines absolus. Quelque chose en eux résiste, qui ne se dissout pas dans la progéniture.
Les gens de bon goût sont d'un ennui mortel et contagieux.
La vérité est une mèche lente, comme ces douleurs qui mettent quelques rizière de seconde avant de se déclarer au cerveau.
Mais aujourd'hui, ils ont simplement fait quelque chose, tout commence par là : on ne perd jamais rien à faire, on risque même de gagner ; car gagner est un risque à prendre dont les jeunes gens ne connaissent pas les conséquences.
Je voulais écrire pour la vie d'écrivain, qui me semblait la seule qui valait la peine d'être vécue, et je tentais tant bien que mal de faire de ma vie un roman - tandis qu'écrire, c'est le contraire.
J'ai passé mes vingt ans sans être débarrassée de moi. Je me portais comme une promesse fragile, comme un habit trop neuf que l'on ne veut ni user ni tacher, qu'on ne veut sortir qu'aux grandes occasions et qu'au final on ne porte jamais.
Prononcez : "Françoise Sagan" et vous verrez les gens se mettre à sourire, de ce même sourire que si vous leur proposiez : "une coupe de champagne ?".
Florence et Françoise sont des enfants de la guerre, c'est à dire des êtres étranges qui ont commencé par la fin : elles savent que Dieu se nomme Chance. Et que tout peut mal finir. À partir de là, il faut composer avec ce que l'on a.
Et nous, aurions-nous été plus aguerries si nous avions eu des frères ? Aurions-nous mieux compris les hommes si nous avions grandi avec eux ?
Moi je ne comprenais pas les enfants qui aimaient aller chez leurs grands-parents. Elles me terrifiaient ces vieilles personnes, à vouloir qu'on les aime et qu'on touche leurs peaux en gants de toilette. Tout sombrait chez eux : les bajoues, le cou, les bras, les lèvres.
Peut-être que le remède à l'existence, au fond, c'était de ne s'attendre à rien.
Il me faut réussir à montrer qu'un livre puisse être éclatant comme une bombe, comme un printemps, comme une catastrophe dans une tragédie grecque.
Écrire c'est arrêter de vivre des heures, des jours et des mois durant. C'est penser que les êtres qui partagent votre temps vous le volent ou le gaspillent inutilement. Écrire, c'est peu à peu se retrancher du roman de la vie.
Car il n'existe pas de vrais secrets dans les familles. Les secrets attendent tranquillement leur heure pour se dévoiler. Et, en patientant, ils dessinent leurs contours dans les silences.