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Il faut avoir bien du talent pour se croire autorisé à rompre avec tout ce qui a fait l'esthétique et le génie d'une langue.
Antoine Albalat
Aucune lecture ne remplace la lecture de Montaigne. Guez de Balzac est aussi très utile. C'est le Malherbe de la prose. Il a fixé le style français avant les Provinciales et avant les Pensées de Pascal.
L'ambition d'écrire fait partie de ce fond de vanité qui est le propre de tous les mortels. On veut écrire, non pas parce qu'on croit avoir quelque chose à dire, mais pour le plaisir de faire parler de soi.
On cite le mot de Boileau : Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue, mais on ne le met guère en pratique. Rien ne coûte plus à un homme de lettres que de demander l'avis d'un confrère. Chacun croit avoir plus de talent que le voisin.
La docilité aux conseils d'autrui prouve la largeur d'esprit, le sens du métier et l'intelligence ; car rien ne coûte tant que de sacrifier ce qu'on a écrit et de retrancher ce qu'on croyait bon.
La littérature est un agrément, comme la peinture, l'aquarelle et la musique, une distraction noble et permise, un moyen d'embellir les heures de la vie et les ennuis de la solitude.
La lecture met en ébullition, dissipe la sécheresse, active les facultés, déchrysalide l'intelligence et met en liberté l'imagination.
Un des axiomes favoris d'Edgard Poe, dit Baudelaire, était celui-ci : Tout, dans un poème comme dans un roman, dans un sonnet comme dans une nouvelle, doit concourir au dénouement. Un bon auteur a déjà sa dernière ligne en vue quand il écrit la première.
Ne rien livrer au hasard, c'est économiser du travail.
L'imagination est une folle, il faut la guider, la tenir, s'en servir comme d'un instrument, mais non l'employer pour elle-même, en faisant d'elle le but de l'inspiration et de l'art d'écrire.
L'art est avant tout une interprétation.
La nécessité du travail doit donc être considérée comme un principe au-dessus de toute contestation. Une prose n'est parfaite que si elle a été travaillée. Le travail contient toutes les possibilités de perfection.
Il y a des centaines de manières de mal écrire ; toutes sont le résultat du manque de travail.
La première condition préparatoire pour écrire, c'est de se connaître et pour cela, de s'examiner, de s'étudier, de savoir, comme le dit Horace, de quel fardeau vous pouvez charger vos épaules.
Un livre qu'on quitte sans en avoir extrait quelque chose est un livre qu'on n'a pas lu. J'ai insisté, tantôt, sur la nécessité de la lecture pour se créer une forme et un style. Le profit est le même pour le fond ; le même éveil se fera pour les idées.
Vous écrivez, mais vous voilà arrêté ? Lisez. Les livres vous redonneront l'inspiration. Lisez quand vous voudrez écrire ; lisez quand vous saurez écrire ; lisez quand vous ne pourrez plus écrire. Le talent n'est qu'une assimilation.
Savoir imiter, c'est apprendre à ne plus imiter, parce que c'est s'habituer à reconnaître l'imitation, et à s'en passer quand on y sera rompu. Le danseur de corde use du balancier pour le quitter.
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois et souvent effacez. Le talent n'est qu'une aptitude qui se développe.
L'écriture n'est que la transcription de la parole parlée, et c'est pour cela qu'on a dit que le style, c'est l'homme. Le style le mieux écrit est souvent le style qu'on pourrait le mieux parler.
Pénétrez-vous de cette idée que la bonne exécution littéraire et le bon style s'obtiennent par le travail, et qu'on peut par l'opiniâtreté et la persévérance doubler la force de son propre talent. Le talent n'est qu'une aptitude qui se développe.
Une description ne doit jamais paraître imaginée. Voilà le grand principe. Mettez-y votre coeur, vos élans, vos réflexions morales, vos aspirations imaginatives.
La lecture est la grande créatrice des vocations littéraires. On lit et, à force de lire, l'envie vous prend aussi d'écrire.
Les plus grands maîtres ont éprouvé le besoin de soumettre leurs oeuvres à des personnes éclairées. Il n'y a que les esprits médiocres qui sont toujours sûrs d'eux-mêmes.
Le talent n'est qu'une aptitude qui se développe. On peut en acquérir deux ou trois fois plus qu'on en a.
Notre imagination a des mirages qui nous trompent. Le vrai germe est parfois étouffé et n'apparaît que tardivement. Gautier et les Goncourt se croyaient, nés pour la peinture. Rousseau n'a compris qu'à quarante ans qu'il était écrivain.
Il est rare qu'on ait le discernement et le courage d'être purement et simplement ce que l'on est.
Avoir du talent, c'est comprendre que l'on peut faire mieux, et avoir les moyens intellectuels de réaliser la perfection que l'on rêve. Les vrais artistes ne se rebutent pas ; c'est cette persévérance qui constitue la pierre de touche du style.
La lecture est la base de l'art d'écrire. Sans doute on peut trouver des exceptions, des exemples de génie, un G. Sand s'improvisant écrivain. Il faut s'en tenir à la généralité.
On peut affirmer que l'homme qui ne lit pas est incapable de connaître ses forces, et ignorera toujours ce qu'il peut produire.
L'imagination n'est qu'une mémoire évocatrice.
L'éloquence n'est pas dans la quantité des choses dites, mais dans leur intensité.
Vous ne saisirez ce que c'est que bien écrire qu'après qu'on vous aura exposé ce que c'est que mal écrire.
Le don d'écrire, c'est-à-dire la facilité d'exprimer ce que l'on sent, est une faculté aussi naturelle à l'homme que le don de parler. En principe, tout le monde peut raconter ce qu'il, a vu. Pourquoi chacun ne pourrait-il pas l'écrire ?
Quelles sont vos préférences ? Avez-vous des aptitudes pour le roman, pour le dialogue, pour la poésie, pour la description ? Rien n'est plus difficile que de se connaître littérairement.
Peu de gens sont capables de juger leurs propres ouvrages. Qu'on se loue ou qu'on se critique, on se trompe presque toujours : ou on est indulgent ou on est injuste.
L'art n'est qu'une substitution. Il s'agit, comme on dit, de se mettre dans la peau d'autrui. Pensez-y longtemps, rôdez autour, évoquez cette situation, et notez, au fur et à mesure, les idées qui vous viendrons.
Rien n'est plus ridicule que l'orgueil. C'est un sentiment qui ne va jamais sans envie et qui n'est que l'hypertrophie puérile de la vanité.
Je ne crois pas qu'il soit très difficile de se faire une réputation de moraliste. L'art des maximes est un trompe-l'oeil. Il n'y pas un écrivain qui n'ait en portefeuille de quoi composer un bon livre de pensées.