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Mais qui peut arrêter l'impétueuse ivresse - D'un coeur brûlant d'amour et que le plaisir presse !
Antoine Bertin
La bouche encore teinte des raisins qu'il a bus, - Le front chargé des fruits d'une heureuse vendange, - Et penché sur son char, le dieu vainqueur du Gange - Du plus riche des mois nous verse les tributs.
La douce illusion ne sied qu'à la jeunesse ; - Et déjà l'austère Sagesse - Vient tout bas m'avertir que j'ai vu trente hivers.
Lucas cueille un baiser sur le sein d'Egérie, - Qui toujours s'en offense et s'apaise toujours. - Mais sa rougeur lui reste et la rend plus jolie.
Ce vin doit porter un jour - Des bons mots à la jeunesse, - Des erreurs à la sagesse, - Des feux même à la vieillesse, - Et des désirs à l'amour.
Que j'aime à la presser, quand sa taille légère - Emprunte du sérail les magiques atours ; - Ou qu'à mes sens ravis sa tunique étrangère - D'un sein voluptueux dessine les contours !
Ciel ! que le moment fuit ! que les plaisirs sont courts ! - Déjà la lune errante, aux deux tiers de son cours, - Sous des nuages noirs se perdait éclipsée ; - L'airain sonnait minuit, il fallut nous quitter.