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Je ne connais guère en Europe que Madame de Staël qui puisse tromper sur son sexe.
Antoine de Rivarol
Les hommes se lassent d'aimer, mais ne se lassent pas de se haïr.
Voltaire s'abandonne rarement, et quand il s'abandonne il n'est jamais sublime.
La paresse nous l'avait ravi avant la mort.
Le mérite peut être malheureux et l'est souvent ; ce qui réconcilie avec lui.
Le talent est un art mêlé d'enthousiasme. S'il n'était qu'art, il serait froid ; s'il n'était qu'enthousiasme, il serait déréglé : le goût leur sert de lien.
Femme qui voyage laisse voyager son coeur.
Il est plus facile de marcher sur les flots avec le Christ que de traverser la vie avec un éditeur.
Ce monde est un grand banquet où la nature convie tous les êtres vivants, à condition que les convives se mangent les uns les autres.
Un homme habitué à écrire écrit aussi sans idées, comme ce vieux médecin qui tâtait le pouls de son fauteuil en mourant.
Quand on règne par l'opinion, a-t-on besoin d'un autre empire ?
Ce qui n'est pas clair n'est pas français ; ce qui n'est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin.
Le corps politique est comme un arbre : à mesure qu'il s'élève, il a autant besoin du ciel que de la terre.
Sans l'âme, le corps n'aurait pas de sentiment ; et sans le corps, l'âme n'aurait pas de sensations.
La plus grande illusion de l'homme est de croire que le temps passe. Le temps est le rivage ; nous passons, il a l'air de marcher.
Les passions sont les orateurs des grandes assemblées.
Les français, las de se gouverner, se massacrèrent ; las de se massacrer au dedans, ils subirent le joug de Bonaparte, qui les fit massacrer au dehors.
L'être qui ne fait que sentir, ne pense pas encore, et l'être qui pense sent toujours.
Je travaille autant que je peux, mais jamais autant que je voudrais.
Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu'on sait par des gens qui les ignorent.
Si la tristesse est si près de la fortune, pourquoi l'envie est-elle si loin de la pitié.
C'est après l'âge des passions que les grands hommes ont produit leurs chefs-d'oeuvre, comme c'est après l'éruption des volcans que la terre est plus fertile.
L'amour, qui vit dans les orages, et croît souvent au sein des perfidies, ne résiste pas toujours au calme de la fidélité.
Les hommes naissent nus et vivent habillés, comme ils naissent indépendants et vivent sous des lois.
Il faut faire, pour valoir quelque chose en ce monde, ce qu'on peut, ce qu'on doit et ce qui convient.
Les abus, mais c'est ce qu'il y a de mieux !
Se créer un nom par ses talents, c'est ne rien devoir qu'à soi-même.
L'homme, ici-bas, n'a pas reçu de provisions pour l'immortalité : c'est un voyageur qui finit sa route.
Il y a des gens qui n'ont de leur fortune que la crainte de la perdre.
Les sots devraient avoir pour les gens d'esprit une méfiance égale au mépris que ceux-ci ont pour eux.
Il faut faire mourir l'orgueil sans le blesser. Car si on le blesse, il ne meurt pas.
Le pauvre pédant prend les rayons de sa bibliothèque pour ceux de la gloire.
Il faut de si bonnes raisons pour vivre, qu'il n'en faut pas pour mourir.
C'est un terrible luxe que l'incrédulité.
Il n'est rien de si absent que la présence d'esprit.
En parlant des révolutionnaires : que faire de ces hommes qui lancent autant de traits que de regards, qui combattent avec la plume et écrivent avec des poignards ?
Un démon ? C'est un ange qui a eu des malheurs ; un ange émigré.
La grammaire est l'art de lever les difficultés d'une langue ; mais il ne faut pas que le levier soit plus lourd que le fardeau.
Les moutons s'attroupent, et les lions s'isolent.
Quand on succède au peuple, on est despote.
L'orgueil est toujours plus près du suicide que du repentir.
La nature ne compte que dans la tête humaine.
La vanité fait partie du talent : il est comme une montgolfière qui ne s'élève que lorsqu'elle est gonflée.
L'imprimerie est à l'écriture ce que l'écriture avait été aux hiéroglyphes : elle a fait faire un second pas à la pensée.
La propreté embellit l'opulence et déguise la misère.
Le temps est comme un fleuve, il ne remonte pas vers sa source.
La politique est comme le sphinx de la fable : elle dévore tous ceux qui n'expliquent pas ses énigmes.
Nos défauts devraient nous donner une qualité : l'indulgence pour les défauts des autres.
Quand l'armée dépend du peuple, il se trouve à la fin que le gouvernement dépend de l'armée.
Dans les républiques, le peuple donne sa faveur, jamais sa confiance.