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Il est bête, mais il écoute les gens d'esprit avec patience.
Antoine de Rivarol
Il y a des temps où le gouvernement perd la confiance du peuple mais je n'en connais pas où le gouvernement puisse se fier au peuple.
On passe la moitié de sa vie à retenir sans comprendre, et l'autre moitié à comprendre sans retenir.
Il faut attaquer l'opinion avec ses armes : on ne tire pas des coups de fusil aux idées.
Pour arriver à des choses neuves en littérature, il faut déplacer les expressions ; en philosophie, il faut déplacer les idées.
Lorsqu'on veut empêcher les horreurs d'une révolution, il faut la vouloir et la faire soi-même.
Par sa nature, l'homme ne veut que deux choses, ou des idées neuves ou de nouvelles tournures : il exprime l'inconnu clairement pour se faire entendre, et il relève le connu par l'expression pour se faire remarquer.
Telle est la différence entre la corruption et la barbarie : l'une est plus féconde en vices, et l'autre en crimes.
Les enfants crient ou chantent tout ce qu'ils demandent, caressent ou brisent tout ce qu'ils touchent, et pleurent tout ce qu'ils perdent.
Les mots sont comme les monnaies : ils ont une valeur propre avant d'exprimer tous les genres de valeur.
Nous sommes le seul animal qui soit surpris de l'univers, et qui s'étonne tous les jours de n'en être pas plus étonné.
Non, je ne fais rien. - Il y a, comme cela, des années où l'on n'est pas en train.
La peur est la plus terrible des passions parce qu'elle fait ses premiers effets contre la raison ; elle paralyse le coeur et l'esprit.
Un homme devient grand, et tout à coup beaucoup de gens se font lierre, parce qu'il s'est fait chêne.
L'or est le souverain des souverains.
Les opinions, les théories, les systèmes, passent tour à tour sur la meule du temps, qui leur donne d'abord du tranchant et de l'éclat, et qui finit par les user.
C'est par l'esprit qu'on s'amuse ; c'est par le coeur qu'on ne s'ennuie pas.
Les corps politiques recommencent sans cesse ; ils ne vivent que de remèdes.
Se moquer du monde est tout l'art d'en jouir ?
L'amitié est pour l'hiver de l'âge ce qu'est l'amour pour la jeunesse.
Les destins trop brillants amènent trop d'orages.
Nos goûts et nos passions nous dégradent plus que nos opinions et nos erreurs.
Quelles que soient les qualités d'un amant, rien ne le flatte plus que d'être loué pour celles qu'il n'a pas.
La vanité fait plus d'heureux que l'orgueil.
Celui qui n'a qu'un désir ou qu'une opinion est un homme à caractère.
Les grands talents sont, pour l'ordinaire, plus rivaux qu'amis ; ils croissent et brillent séparés, de peur de se faire ombrage : les moutons s'attroupent et les lions s'isolent.
Il ne faut pas des sots aux gens d'esprit, comme il faut des dupes aux fripons.
Je parlais de peur d'écouter.
La grandeur d'un homme est comme sa réputation : elle vit et respire sur les lèvres d'autrui.
La possession d'une chose donne des idées plus justes que le désir. L'homme a plus d'ardeur pour acquérir que pour conserver.
L'amour est un larcin que l'état de nature fait à l'état social.
Les idées sont des fonds qui ne portent intérêt qu'entre les mains du talent.
Il est plus facile à l'imagination de se composer un enfer avec la douleur qu'un paradis avec le plaisir.
Un livre, c'est pendant des semaines, pendant des mois, la pensée qui se recueille et se concentre : c'est ce corps qui fait converger ses muscles et ses nerfs vers un seul point... vers le bout de la plume.
L'envie qui parle et qui crie est toujours maladroite ; c'est l'envie qui se tait qu'on doit craindre.
On parvient quelquefois à vaincre les gens dans une discussion, à les convaincre jamais.
La chat ne nous caresse pas, il se caresse à nous.
Toutes nos idées sont d'abord des sensations, et ensuite des souvenirs.
Puisque Hobbes a dit que le méchant est un grand enfant, il faut nécessairement que les enfants soient de petits philosophes.
Les écrivains qui savent le plus de langues sont ceux qui commettent le plus d'impropriétés.
Toutes les femmes veulent qu'on les estime ; elles tiennent beaucoup moins à ce qu'on les respecte.
Il est des malheurs comme des vices dont on rougit d'autant moins qu'on les partage avec plus de monde.
L'homme a plus d'ardeur pour acquérir que pour conserver.
La paresse ne peut se passer de travail ; on ne se repose voluptueusement que si l'on a pu se fatiguer.
L'homme, dans sa maison, n'habite pas l'escalier, mais il s'en sert pour monter et pénétrer partout ; ainsi l'esprit humain ne séjourne pas dans les nombres, mais il arrive par eux à la science et à tous les arts.
Il y aura toujours deux mondes soumis aux spéculations des philosophes : celui de leur imagination, où tout est vraisemblable et rien n'est vrai, et celui de la nature où tout est vrai sans que rien paraisse vraisemblable.
Je n'ai rien à faire, et c'est cela qui prend tout mon temps.
Quelqu'un lui disait (à Rivarol) : connaissez-vous le vers du siècle : "Le trident de Neptune est le sceptre du monde." - Oui, répondit-il, mais ce n'est qu'un ver solitaire.
La nature tonne à l'oreille des hommes de lettres, quand elle murmure à peine à celle des gens du monde.
On peut comparer la société à une salle de spectacle ; on n'y est aux loges que parce qu'on paie davantage.