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Celui qui pour aimer ne cherche qu'une rose, N'est sûrement qu'un papillon.
Antoine de Rivarol
Les moyens qui rendent un homme propre à faire fortune sont les mêmes qui l'empêchent d'en jouir.
La nature ayant à créer un être qui convînt à l'homme, par ses proportions, et à l'enfant, par son moral, résolut le problème en faisant de la femme un grand enfant.
Les hommes naissent semblables mais pas égaux.
Pour le riche ignorant, le loisir est sans repos, le repos sans charmes, et le temps, trésor de l'homme occupé, tombe comme un impôt sur le désoeuvrement. Le savant se cherche, et le riche s'évite.
C'est de la prose où les vers se sont mis.
L'homme prendra toujours pour ses amis les ennemis de ses ennemis.
Les langues sont les vraies médailles de l'histoire.
Le repos est pour les masses et le mouvements pour les éléments.
Les idées sont comme les hommes : elles dépendent de l'état et de la place qu'on leur donne.
Un jour, je m'avisai de médire de l'amour : il m'envoya le mariage pour se venger.
On peut être un grand roi, un grand homme, un grand général, sans être un héros.
Mirabeau est l'homme du monde qui ressemble le plus à sa réputation : il est affreux.
Nous avons tous assez de force en nous pour supporter le malheur des autres, mais nous n'en avons peut-être pas autant pour supporter leur bonheur.
L'homme est le seul animal qui fasse du feu, ce qui lui a donné l'empire du monde.
L'homme qui dort, l'homme ivre, c'est l'homme diminué.
Quand le peuple est plus éclairé que le trône, il est bien près d'une révolution.
Dans le dictionnaire de l'Académie, on ne trouve pas ce qu'on ne sait point ; mais on n'y trouve pas ce qu'on sait.
Un homme lui dit un jour : "Je n'ai jamais fait qu'une méchanceté dans ma vie. - Quand finira-t-elle ?"
Le dévot croit aux visions d'autrui : le philosophe ne croit qu'aux siennes.
Que pensez-vous de mon livre ? - Je fais comme vous, Madame, je ne pense pas.
On n'a pas le droit d'une chose impossible.
Dans un salon, une jeune femme excessivement maigre avait un superbe chien couché à ses pieds. - "Qui est-ce ? demanda une dame à Rivarol. - C'est un chien qui garde son os."
La parole remet la pensée en sensation.
Plus d'un écrivain est persuadé qu'il a fait penser son lecteur quand il l'a fait suer.
Telle est l'étroite dépendance où la parole met la pensée, qu'il n'est pas de courtisan un peu habile qui n'ait éprouvé qu'à force de dire du bien d'un sot ou d'un fripon en place, on finit part en penser.
Le temps est le rivage de l'esprit ; tout passe devant lui, et nous croyons que c'est lui qui passe.
La philosophie ne répond que des individus, mais la religion répond des masses.
Le génie des idées est le comble de l'esprit ; le génie des expressions est le comble du talent.
Les gens d'esprit aiment les choses de l'esprit, comme les gourmands aiment les friandises et les coquettes, la louange.
Le désir est à la passion ce que le plaisir est au bonheur : mais le désir devient souvent passion, et nul plaisir n'est encore devenu bonheur.
Les rois continueront à perdre la tête tant qu'ils porteront la couronne sur les yeux plutôt que sur le front.
L'avare se moque du prodigue, le prodigue de l'avare : ils se prennent réciproquement pour des dupes.
Le religion unit les hommes dans les mêmes dogmes, la politique les unit dans les mêmes principes, et la philosophie les renvoie dans les bois : c'est la dissolvant de la société.
Lorsqu'un méchant fait le bien, on peut juger par un tel effort tout le mal qu'il prépare.
La paresse n'est, dans certains esprits, que le dégoût de la vie ; dans d'autres, c'en est le mépris.
Pour aimer assez, il faut aimer trop !
Les vices sont souvent des habitudes plutôt que des passions.
La lecture, charmant oubli de vous-mêmes et de la vie.
L'Europe présente une République fédérative, composée d'empires et de royaumes, et la plus redoutable qui ait jamais existé ; on ne peut en prévoir la fin, et cependant la langue française doit encore lui survivre.
Il a des phrases d'une longueur désespérante pour les asthmatiques.
Les idées perdront toujours leur procès contre les sensations.
C'est de la familiarité que naissent les plus tendres amitiés et les plus fortes haines.
L'homme : c'est un voyageur qui finit avec sa route.
On fait plus pour ceux qu'on craint que pour ceux qu'on aime.
Il naît plus d'hommes que de femmes en Europe ; cela seul y condamne les femmes à l'infidélité.
Le langage est la peinture de nos idées, qui à leur tour sont des images plus ou moins étendues de quelques parties de la nature.
La raison est souvent entre le rire et la colère.
Il me reste à prouver que, si la langue française a conquis l'empire par ses livres, par l'humeur et par l'heureuse position du peuple qui la parle, elle le conserve par son propre génie.
Entre l'amitié et l'amour, il y a une différence énorme : du jour à la nuit.