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Nous sommes dans un siècle où l'obscurité protège mieux que la loi, et rassure plus que l'innocence.
Antoine de Rivarol
Il est bien doux pour moi de songer que je ne suis pas encore éteint dans le souvenir de Madame Roussel.
On ne tire pas des coups de fusil aux idées.
La distraction tient à une grande passion où à une grande insensibilité.
C'est sans doute un terrible avantage que de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser.
Si le talent empêche le génie de tomber, le génie l'empêche de ramper.
C'est à Paris que la providence est plus grande qu'ailleurs.
Ce qui fait le succès de quantité d'ouvrages est le rapport qui se trouve entre la médiocrité des idées de l'auteur et la médiocrité des idées du public.
Rivarol disait du fils de Buffon : c'est le plus pauvre chapitre de l'Histoire naturelle de son père.
L'historien et le romancier font entre eux un échange de vérités, de fictions et de couleurs, l'un pour vivifier ce qui n'est plus, l'autre pour faire croire ce qui n'est pas.
Si cette parole d'un sage : - Quand tu doutes, abstiens-toi, est la plus belle maxime de la morale, elle est aussi la première en métaphysique.
On ne pleure jamais tant que dans l'âge des espérances ; mais quand on n'a plus d'espoir, on voit tout d'un oeil sec, et le calme naît de l'impuissance.
Les rois de France, en vendant la noblesse, n'ont pas songé à vendre aussi le temps, qui manque toujours aux parvenus.
Tout le monde a besoin de la France, quand l'Angleterre a besoin de tout le monde.
C'est bien, mais il y a des longueurs.
La raison se compose de vérités qu'il faut dire et de vérités qu'il faut taire.
Il m'a donné un coup de pied de la main dont il écrit.
Otez le genre humain, l'univers est sans témoins.
L'amour entre deux êtres naquit être qui se demandaient le même plaisir.
Il sera pendu, mais la corde cassera.
Il y a des femmes honnêtes, comme il y a des vocations manquées.
On éprouve le besoin d'aimer avant d'aimer quelqu'un.
La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse.
Il n'est pas besoin de passer devant les objets quand les objets passent devant nous : aussi les habitants des grandes villes ne croient pas avoir besoin de voyager.
Exiger l'homme sans passions, c'est vouloir régenter la nature.
On veut de la sûreté pour soi et pour tout le monde. Il n'en est pas de même de la liberté. On n'en veut que pour soi et on se méfie de celle des autres.
En général, l'indulgence pour ceux que l'on connaît, est bien plus rare que la pitié pour ceux qu'on ne connaît pas.
Nous n'exigeons de grands détails que sur ce qui nous touche et nous flatte, on est sans intérêt pour le reste.
Le peuple ne goûte de la liberté, comme de liqueurs violentes, que pour s'enivrer et devenir furieux.
La nécessité est plus humaine que la philosophie : car c'est la nature qui fait la nécessité, et c'est nous qui faisons la philosophie.
Sur vingt amis, dix-neuf disent de vous du mal, et le vingtième, qui en dit du bien, le dit mal.
L'imprimerie est l'artillerie de la pensée.
Les souverains ne doivent jamais oublier que, le peuple étant toujours enfant, le gouvernement doit toujours être père.
L'incrédule se trompe sur l'autre vie, le croyant se trompe souvent sur celle-ci.
Les gens bornés aiment le mouvement, il n'y a que les hommes exercés à la méditation qui aiment le silence et le repos.
L'avare est le pauvre par excellence : c'est l'homme le plus sûr de n'être pas aimé pour lui-même.
La plus mauvaise roue fait le plus de bruit.
Dieu est la plus haute mesure de notre incapacité : l'univers, l'espace lui-même, ne sont pas si inaccessibles.
Le bonheur en général fait plus de flatteurs et d'envieux que le mérite ; parce qu'il éblouit et irrite plus de monde.
Le vrai philosophe est celui qui se place, par le seul effort de sa raison, au point où le commun des hommes n'arrive que par le bienfait du temps.
L'esprit méchant et le coeur bon, voilà la meilleure espèce d'hommes.
On a de la fortune sans bonheur, comme on a des femmes sans amour.
Une des propriétés de la vertu, c'est de ne pas exciter l'envie.
Il est dangereux d'être trop empressé auprès des femmes et de les assouvir. Il faut de l'indifférence pour les enflammer ; et elles s'accoutument autant de caresses excessives qu'elles s'en dégoûtent à la fin.
L'éternité ? Je m'y plairai sûrement, cela commence couché.
L'esprit est le côté partiel de l'homme ; le coeur est tout.
Ces mots ont dépassé ma pensée... Ils n'ont pas dû aller bien loin.
La liberté, pour l'homme, consiste à faire ce qu'il veut dans ce qu'il peut, comme sa raison consiste à ne pas vouloir tout ce qu'il peut.
Malheur à ceux qui remuent le fond d'une nation !
Il est bon de ne pas donner trop de vêtements à sa pensée ; il faut, pour ainsi dire, voyager dans les langues, et, après avoir savouré le goût des plus célèbres, se renfermer dans la sienne.