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Gérard de Nerval, Edgar Poe, Baudelaire, Lautréamont, Nietzsche, Arthur Rimbaud, ne sont pas mort de rage, de maladie, de désespoir ou de misère, ils sont morts parce qu'on a voulu les tuer.
Antonin Artaud
Toute l'écriture est de la cochonnerie. Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de ce qui se passe dans leur pensée, sont des cochons. Toute la gent littéraire est cochonne, et spécialement celle de ce temps-ci.
Le théâtre c'est en réalité la genèse de la création.
Alors vous l'aurez délivré de tous ses automatismes et rendu à sa véritable liberté. Alors vous lui réapprendrez à danser à l'envers comme dans le délire des bals musette Et cet envers sera son véritable endroit.
La vie est de brûler des questions.
Je n'ai jamais rien étudié, mais tout vécu et cela m'a appris quelque chose.
Et ce que le théâtre peut encore arracher à la parole, ce sont ces possibilités d'expansion hors des mots, de développement dans l'espace, d'action dissociatrice et vibratoire sur la sensibilité.
Il ne s'agit pas d'assassiner le public avec les préoccupations cosmiques transcendantes.
Ames par âmes j'ai poursuivi mon amour, jour après jour au fond de moi-même, non comme les notes d'une mélodie sans suite, mais comme les mesures d'un infini sans mesure.
Je sais bien que le plus petit élan d'amour vrai nous rapproche beaucoup plus de Dieu que toute la science que nous pouvons avoir de la création et de ses degrés.
Sous tout cela la poésie demeure une diffuse notion de sublime qui ne se perçoit plus que sous son aspect atterrant.
Ce qui distingue les forfaits de la vie de ceux du théâtre, c'est que dans la vie on fait plus et on dit moins, et qu'au théâtre on parle beaucoup pour faire une toute petite chose.
Quand je lève les yeux vers vous On dirait que le monde tremble, Et les feux de l'amour ressemblent Aux caresses de votre époux.
Ce qui différencie les païens de nous, c'est qu'à l'origine de toutes leurs croyances, il y a un terrible effort pour ne pas penser en hommes, pour garder le contact avec la création entière, c'est-à-dire avec la divinité.
Avant d'en revenir à la culture je considère que le monde a faim, et qu'il ne se soucie pas de la culture ; et que c'est artificiellement que l'on veut ramener vers la culture des pensées qui ne sont tournées que vers la faim.
Et ce point de vue de la réalisation théâtrale d'un chef-d'oeuvre blackboulé est un point de vue auquel on ne pense jamais.
La poésie est anarchique dans la mesure où elle remet en cause toutes les relations d'objet à objet et des formes avec leur significations.
On ne voit plus au loin sur la mer dans la nuit opaque que la voile crayeuse d'un contrebandier.
Le secret du théâtre dans l'espace c'est la dissonance, le décalage des timbres, et le désenchaînement dialectique de l'expression.
C'est la supériorité et la loi puissante de cet art que son rythme, sa vitesse, son caractère d'éloignement de la vie, son aspect illusoire exigent un criblage serré et l'essentialisation de tous ses éléments.
Il faut que l'on comprenne que toute l'intelligence n'est qu'une vaste éventualité, et que l'on peut la perdre, non pas comme l'aliéné qui est mort, mais comme un vivant qui est dans la vie et qui en sent sur lui l'attraction et le souffle.
Il ne faut pas trop se hâter de juger les hommes, il faut leur faire crédit jusqu'à l'absurde, jusqu'à la lie.
Il assiste à toutes les déroutes de la morale, à toutes les débâcles de la psychologie.
L'atmosphère asphyxiante, dans laquelle nous vivons sans échappée possible.
Question ? Réponse. Simple travail d'adéquation...
Les prêtres fuient dans la liturgie de la messe les spasmes du Crucifié.
Cette harmonie constitue un des éléments nouveaux des toujours délicieusement abracadabrantesques compositions de Waroquier...
Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer.
Les situations dramatiques et psychologiques ici ont passé dans la mimique même du combat, qui est fonction du jeu athlétique et mystique des corps.
Notre anarchie et notre désordre d'esprit est fonction de l'anarchie du reste.
Il avait raison Van Gogh, on peut vivre pour l'infini, ne se satisfaire que d'infini, il y a assez d'infini sur la terre et dans les sphères pour rassasier mille grands génies.
Sans un élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est pas possible.
Je me débats donc, d'abord pour vivre, et le pain quotidien, c'est dur.
J'ai pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi-même.
Paysages de convulsions fortes, de traumatisme forcenés, comme d'un corps que la fièvre travaille pour l'amener à l'exacte santé.
Les Nombres, c'est-à-dire les degrés de la vibration.
Quand mes dents ne sont pas menacées, tous les chats du monde ne sont pas dangereux.
Que je sois antisocial est un fait, mais est-ce la faute de la société ou la mienne ?
Et tout à coup ce filet d'eau sur un volcan, la chute mince et ralentie de l'esprit.
Le monde en ébullition est enfer perpétuel, guerre sempiternelle jamais achevée pour vivre dans cet état de genèse, temps des hommes tous guerriers et héros.
Ce monde où l'on ne parle tant de progrès que parce qu'on désespère de progresser.
L'esprit a tendance à se délivrer du palpable pour arriver à ses fins.
Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d'abord cela.
Jamais quand c'est la vie elle même qui s'en va, on n'a autant parlé de civilisation et de culture.
J'ai choisi le domaine de la douleur et de l'ombre comme d'autres celui du rayonnement et de l'entassement de la matière. Je ne travaille pas dans l'étendue d'un domaine quelconque. Je travaille dans l'unique durée.
Le monde... a toujours fait tous les "crimes", je dis les crimes, pour n'avoir pas à entrer dans l'affre.
Il ne balance pas un instant, il n'hésite pas une minute ; et il montre par là combien peu comptent toutes les barrières qui pourraient lui être opposées.
Faire servir le cinéma à raconter des histoires, une action extérieure, c'est se priver du meilleur de ses ressources, aller à l'encontre de son but profond.
Quant à Poizat et à son Electre, la platitude de sa poésie, le bousillage et la guimauve foraine des mises en scène dont il se satisfait, prouvent la triste conception qu'il se fait de la tragédie.
Toute humanité veut vivre, mais elle ne veut pas payer le prix et ce prix est le prix de la mort.