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La médecine est née du mal, si elle n'est pas née de la maladie et si elle a, au contraire, provoqué et créé de toutes pièces le malade pour se donner une raison d'être.
Antonin Artaud
Il faut plus de vertu à l'acteur furieux pour ne pas accomplir réellement un crime, qu'il ne faut de courage à l'assassin pour parvenir à réaliser le sien.
Le cinéma se rapprochera de plus en plus du fantastique, ce fantastique dont on s'apercçoit toujours plus qu'il est en réalité tout le réel, ou alors il ne vivra pas.
Nous avons moins besoin d'adeptes actifs que d'adeptes bouleversés.
La Nature obstinément manifeste la même idée.
Je voudrais faire un livre qui dérange les hommes, qui soit comme une porte ouverte et qui les mène où ils n'auraient jamais consenti à aller, une porte tout simplement abouchée à la réalité.
L'obsession des femmes est vitale, elle correspond à un besoin de vertu.
Une des raisons de l'atmosphère asphyxiante, dans laquelle nous vivons sans échappée possible et sans recours ... est dans ce respect de ce qui est écrit, formulé ou peint, et qui a pris forme, comme si toute expression n'était pas enfin à bout.
Moi, Antonin Artaud, je suis mon fils, mon père, ma mère et moi.
Car si l'on devait toujours penser à sa pensée, n'est-ce pas, pas moyen de penser, de se livrer à une opération mentale, supérieure à ce qui est proprement la pensée. Et non pas l'exsudat, la sécrétion de l'esprit, mais le mécanisme de cet exsudat.
La poésie, c'est de la multiplicité broyée et qui rend des flammes.
Monde abject qui n'a jamais vécu que l'érotisme des charniers. Sans lui, la mort n'aurait jamais commencé.
L'histoire des peuples est l'histoire de la trahison de l'unité.
On gagne l'amour par la conscience d'abord, et par la force de l'amour après.
L'action du théâtre comme celle de la peste est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartufferie.
Du fin fond de sa bouche entr'ouverte, de l'entre-deux de ses cils se dégagent comme des fumées miroitantes.
Sortant de son repos et se distendant jusqu'à l'être, Brahma souffre d'une souffrance qui rend des harmoniques de joie peut-être, mais qui à l'extrémité ultime de la courbe ne s'exprime plus que par un affreux broiement.
Ne cherchez pas les raisons de notre rupture autre part que dans les deux abominables lettres que vous venez de m'écrire, ainsi sans raison, gratuitement, me couvrant d'imputations injurieuses et non motivées.
D'ailleurs tous ces bruits sont liés à des mouvements, ils sont comme l'achèvement naturel des gestes qui ont la même qualité qu'eux.
Tout vrai langage est incompréhensible.
C'est alors qu'il donne l'ordre fou, l'ordre jugé délirant, absurde, imbécile et despotique par le peuple et par tout son entourage.
L'absolu n'a besoin de rien. Ni de dieu, ni d'ange, ni d'homme, ni d'esprit, ni de principe, ni de matière, ni de continuité.
Je souffre que l'Esprit ne soit pas dans la vie et que la vie ne soit pas dans l'Esprit...
Il y a par-dessus tout la complétude du nerf. Complétude qui tient toute la conscience, et les chemins occultes de l'esprit dans la chair.
C'est par la peau qu'on fera rentrer la métaphysique dans les esprits.
... une sorte d'harmonie visuelle foudroyante, je veux dire dont l'acuité agit tout entière et se rassemble dans un seul regard.
Qui ne sent pas la bombe cuite et le vertige comprimé n'est pas digne d'être vivant.
Van Gogh était une de ces natures d'une lucidité supérieure qui leur permet, en toutes circonstances, de voir plus loin, infiniment et dangereusement plus loin que le réel immédiat et apparent des faits.
Toute matière commence par un dérangement spirituel.
Là ou d'autres proposent des oeuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit.
Là où ça sent la merde ça sent l'être.
Quand je vis je ne me sens pas vivre. Mais quand je joue c'est là que je me sens exister.
Vous êtes une fleur unique que le monde ne veut pas laisser vivre.
Il faut suivre la foule pour la diriger. Lui tout céder pour tout lui reprendre.
La vérité de la vie est dans l'impulsivité de la matière. L'esprit de l'homme est malade au milieu des concepts.
Pas de basse besogne, pas de manifestations, pas de levées en masse de la crétinisation nationale qui ne trouvent chez vous un exutoire ou un tremplin.
Je chie sur les vertus chrétiennes et sur ce qui chez les bouddhas et les lamas en tient lieu.
Un jeune avocat, pour compléter son instruction professionnelle, entre comme collaborateur dans l'étude d'un des plus grands maîtres du barreau.
Il y a 380 points dans l'acupuncture chinoise, dont 73 principaux et qui servent à la thérapeutique courante.
Le bien est voulu, il est le résultat d'un acte, le mal est permanent.
(Le metteur en scène) n'est qu'un artisan, un adaptateur, une sorte de traducteur éternellement voué à faire passer une oeuvre dramatique d'un langage dans un autre...
Qui n'a été terrifié par cette idée qu'il allait un jour oublier sa vie ?
On ne nie bien que dans le concret.
L'objectif classe et digère la vie, il propose à la sensibilité, à l'âme, une nourriture toute prête, et nous laisse devant un monde fini et sec.
Dans la matière, il n'y a pas de dieux. Dans l'équilibre, il n'y a pas de dieux. Les dieux sont nés de la séparation des forces et ils mourront de leur réunion.
Seuls l'homme et la femme qui peuvent se rejoindre au-dessus de toute sexualité sont forts.
Les personnages vont jusqu'au bout de leurs impulsions, de leurs pensées. Ils atteignent par là à cette vérité générale qui est le but même du théâtre, tout en demeurant extrêmement typés et marqués par leur temps.
On doit en finir avec cette idée des chefs-d'oeuvre réservés à une soi-disant élite, et que la foule ne comprend pas.
Il est venu un temps, martèle-t-il, ou il fallut choisir entre renoncer à être homme ou devenir un aliéné évident.
La charité et la pitié ne sont plus de ce monde et l'Amour non plus. Et pourtant tout était basé sur l'Amour mais les hommes n'ont jamais su ce que c'était.