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Avec toute mon équipe de La Parole Errante je cherche l'absolu de la langue. On se fout de l'approbation des autres, du consensus. On veut arracher les prisonniers, les drogués, les transplantés, les psychiatrisés à ce pauvre petit langage auquel les a condamnés une société qui ne les écoute plus. Nous voulons leur rendre leurs mots. Nous voulons en faire des poètes.
Armand Gatti
Le théâtre n'est jamais la fabrication d'un produit, ce qui élimine trois choses : le tiroir-caisse, les acteurs et les spectateurs. Que reste-t-il ? L'essentiel, l'aventure du langage.
J'aimerais pouvoir apprendre à nommer le monde.
J'espère que le souvenir de mes camarades et le mien ne sera pas oublié car il doit être mémorable
J'ai passé ma vie à douter. Par principe. Pour moi, une certitude est une capitulation. Je défends l'imprévisibilité au nom du respect de l'homme.
J'ai toujours nargué mes bourreaux en leur déclamant des poèmes, de Nerval à Pierre Louÿs... Ils me prenaient pour un dingue, me bourraient de coups pour me faire taire, mais ne me tuaient pas. Parce que je ne me taisais jamais. J'étais devenu leur distraction, une sorte de phénomène.
Conserve ma mémoire le temps que tu voudras, mais il faut te dire une chose, personne ne vit avec les morts.
Chez nous, dans ma famille, les armes sont les livres, les combats sont les mots, la révolution c'est les mots !
Le soir, Ruben s'est approché : "Tu écris, toi, non ? Pourquoi donc écris-tu ?" Je me suis entendu lui répondre : "Pour changer le passé." Je fais toujours la même chose, cinquante ans plus tard. Tant qu'on ne changera pas le passé, tant qu'on ne s'acharnera pas à le penser autrement, on ne pourra vivre le présent.
Je suis, depuis l'enfance, fasciné par les arbres. Quand j'ai été arrêté dans le maquis, je portais un manuscrit où j'avais commencé à décrire le fantastique destin d'arbres partant à la conquête du ciel... Les gendarmes français qui nous ont pris en Corrèze ont, hélas, cru qu'il s'agissait d'un texte codé pour Londres ! Mes trois camarades et moi avons été condamnés à mort.
J'ai toujours l'impression que je suis encore en train de sortir d'un camp... Longtemps, j'ai eu du mal à habiter un endroit fixe. J'étais un errant. Il me fallait juste un arbre, face à moi, pour que je puisse me poser et vivre.
Ce qui a changé ma vie, mon écriture, ça a été le passage d'une conception du monde à une autre totalement différente. C'était lorsque je suis passé de la physique classique à la physique quantique.
Savoir que, lorsqu'on dit quelque chose à quelqu'un, ce n'est pas ce qu'on lui dit qui se met à exister, mais une infinité d'aventures possibles et impossibles en même temps. Les mots jouent, sur la pensée, le même rôle que la lune sur les marées.
Faire du théâtre ne correspond plus à rien. Depuis Shakespeare, n'est-ce pas toujours le même langage, les mêmes situations ? La seule évolution, c'est qu'on a misérabilisé les milieux dont il est question. Après les aristos, les prolos. Quelle révolution !
J'écris pour changer le passé.
Je suis aussi, je suis surtout quelqu'un qui doute. De tout. Sauf de mon amour pour les animaux et les hommes et les arbres.
Tu diras aussi à tous mes camarades que tu connais que je les quitte en pensant à eux, qu'ils pensent un peu à leur camarade qui est mort pour sa patrie.
Je crois que nous sommes l'agonie d'une étoile... Seul, le verbe peut nous aider à retrouver l'éclat défunt de cette étoile. Car qu'est-ce que la science, sinon une tentative de dire le monde ?
A toutes époques révolutionnaires, les événements ont été produits non par les mots écrits, mais par les mots parlés.
Les mots jouent, sur la pensée, le même rôle que la lune sur les marées.
Tant qu'on ne changera pas le passé, tant qu'on ne s'acharnera pas à le penser autrement, on ne pourra vivre le présent.
J'ai toujours cru que, par la beauté des mots, on pouvait changer le monde.
Je crois dans le logos : le discours qui véhicule la pensée.