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La main à plume vaut la main à charrue. Quel siècle à mains !
Arthur Rimbaud
Le marié a le vent qui le floue - Pendant son absence, ici, tout le temps. - Même des esprits des eaux, malfaisants - Entrent vaguer aux sphères de l'alcôve.
Je suis esclave de l'Epoux infernal, celui qui a perdu les vierges folles. C'est bien ce démon-là. Ce n'est pas un spectre, ce n'est pas un fantôme.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, - Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, - Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, - Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Entends comme brame - près des acacias - en avril la rame - viride du pois !
Sur la place taillée en mesquine pelouse - Square où tout est correct, les arbres et les fleurs - Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs - Portent, les jeudis soir, leurs bêtises jalouses.
Sur l'onde calme et moire où dorment les étoiles - La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, - Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
Car Je est un autre. Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. Cela m'est évident : j'assiste à l'éclosion de ma pensée...
Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer - les premiers ! - Noël sur la terre !
C'est faux de dire : Je pense. On devrait dire : On me pense.
Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Christ ! ô Christ, éternel voleur des énergies.
Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, - Je buvais, accroupi dans quelque bruyère - Entourée de tendres bois de noisetiers, - Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.
La femme ne sait plus même être courtisane !
Je vais dévoiler tous les mystères : mystères religieux ou surnaturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant. Je suis maître en fantasmagorie.
Un Génie apparut, d'une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien, ressortait la promesse d'un amour multiple et complexe ! d'un bonheur indicible, insupportable même !
J'ai de mes ancêtres gaulois l'oeil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte.
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse - D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse - Que dorait un rayon de soleil arriéré.
A quatre heures du matin, l'été, - Le Sommeil d'amour dure encore. - Sous les bosquets l'aube évapore - L'odeur du soir fêté.
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux - Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes.
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser.
Le monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas ?
La vie est la farce à mener par tous.
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. - Toute lune est atroce et tout soleil amer : - L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. - O que ma quille éclate ! O que j'aille à la mer !
Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours.
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Esclaves, ne maudissons pas la vie.
Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Oisive jeunesse - A tout asservie, - Par délicatesse - J'ai perdu ma vie. - Ah ! Que le temps vienne - Où les coeurs s'éprennent.
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
Le poète se fait voyant par un long, immense et déraisonné dérèglement de tous les sens.
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises ! - Echouages hideux au fond des golfes bruns - Où les serpents géants dévorés des punaises - Choient, des arbres tordus avec de noirs parfums !
O Mort mystérieuse, ô soeur de charité !
Vous revoilà professeur. On se doit à la société, m'avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière.
O Reine des Bergers ! - Porte aux travailleurs l'eau-de-vie, - Pour que leurs forces soient en paix - En attendant le bain dans la mer, à midi.
La morale est la faiblesse de la cervelle. Acquise sans aucune reflexion, elle s'imprime en nous à nos dépens. Elle est un danger si elle n'est attuénuée par la pensée raisonnable.
Puisque de vous seules, - Braises de satin, - Le Devoir s'exhale - Sans qu'on dise : enfin.
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures, - L'eau verte pénétra ma coque de sapin - Et des taches de vins bleus et des vomissures - Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Quelle bête faut-il adorer ? Quelle sainte image attaque-t-on ? Quels coeurs briserai-je ? Quel mensonge dois-je tenir ? - Dans quel sang marcher ?
La nature n'est qu'un spectacle de bonté.
On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici.
Se peut-il qu'Elle me fasse pardonner les ambitions continuellement écrasées.
Tous les êtres ont une fatalité au bonheur.
Reconnais ce tour - Si gai, si facile : - Ce n'est qu'onde, flore, - Et c'est ta famille !
J'ai fait la magique étude Du Bonheur, que nul n'élude.
L'éclat de ces mains amoureuses - Tourne le crâne des brebis ! - Dans leurs phalanges savoureuses - Le grand soleil met un rubis !
Il s'en allait avec des gentillesses de petite fille au catéchisme.
Je n'ai jamais été de ce peuple-ci ; je n'ai jamais été chrétien, je suis de la race qui chantait dans le supplice.
Le travail humain ! c'est l'explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps.