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O flots abracadabrantesques Prenez mon coeur, qu'il soit sauvé.
Arthur Rimbaud
Oh ! je déteste maintenant le temps où les élèves étaient comme de grosses brebis suant dans leurs habits sales, et dormaient dans l'atmosphère empuantie de l'étude, sous la lumière du gaz, dans la chaleur fade du poêle !...
La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.
Je redoute l'hiver parce que c'est la saison du confort !
Quelles violettes frondaisons vont descendre ?
Le monde est très grand et plein de contrées magnifiques que l'existence de mille hommes ne suffirait pas à visiter.
Je n'aime pas les femmes. L'amour est à réinventer.
Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !
Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Je est un autre. J'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute.
Toutes les femmes qui l'avaient connu furent assassinées. Quel saccage au jardin de la beauté ! Sous le sabre, elles le bénirent.
C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège - T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté.
Mais, ô Femme, monceau d'entrailles, pitié douce.
Salut ; c'est le printemps ! c'est l'ange de tendresse ! Ne devinez-vous pas pourquoi je bous d'ivresse ? Ange de ma grand-mère, ange de mon berceau, Ne devinez-vous pas que je deviens oiseau, Que ma lyre frissonne et que je bats de l'aile Comme hirondell
La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde.
C'est un trou de verdure où chante une rivière, - Accrochant follement aux herbes des haillons - D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, - Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons.
Plus de lendemain, Braises de satin, Votre ardeur Est le devoir.
Dans une flache laissée par l'inondation du mois précédent à un sentier assez haut elle me fit remarquer de très petits poissons.
Satan, farceur, tu veux me dissoudre, avec tes charmes.
Le poète définirait la quantité d'inconnu s'éveillant en son temps dans l'âme universelle.
Ah ! Que le temps vienne Où les coeurs s'éprennent.
Ce n'est qu'au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain.
Tandis que les crachats rouges de la mitraille - Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ; - Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, - Croulent les bataillons en masse dans le feu.
Et je sens des baisers qui me viennent aux lèvres.
Je me suis fait faire une jambe de bois très légère ... je l'ai mise il y a quelques jours et ai essayé de me traîner en me soulevant encore sur des béquilles, mais je me suis enflammé le moignon et ai laissé l'instrument maudit de côté.
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; - Mon paletot aussi devenait idéal ; - J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; - Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Le chant des cieux, la marche des peuples ! - Esclaves, ne maudissons pas la vie.
Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles, - Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
J'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute : je lance un coup d'archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d'un bond sur la scène.
Tu en es encore à la tentation d'Antoine. L'ébat du zèle écourté, les tics d'orgueil puéril, l'affaissement et l'effroi.
L'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque chose, un énervement.
La vie fleurit par le travail.
J'ai embrassé l'aube d'été.
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides - Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux.
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, - Je dirai quelque jour vos naissances latentes, - A, noir corset velu des mouches éclatantes - Qui combinent autour des puanteurs cruelles.
La chambre est ouverte au ciel bleu-turquin ; - Pas de place : des coffrets et des huches ! - Dehors le mur est plein d'aristoloches - Où vibrent les gencives des lutins.
Le rêve maternel, C'est le tiède tapis, C'est le nid cotonneux Où les enfants tapis, Comme de beaux oiseaux Que balancent les branches, Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches !
Le plus probable, c'est qu'on va plutôt où l'on ne veut pas, et que l'on fait plutôt ce qu'on ne voudrait pas faire, et qu'on vit et décède tout autrement qu'on ne le voudrait jamais, sans espoir d'aucune espèce de compensation.
Le ciel est joli comme un ange, - L'azur et l'onde communient.
Mais moi je ne veux rire à rien ; - Et libre soit cette infortune.
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, - Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : - Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. - Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Dans un grenier où je fus enfermé à douze ans j'ai connu le monde, j'ai illustré la comédie humaine.
Est-elle almée ?... aux premières heures bleues - Se détruira-t-elle comme les fleurs feues... - Devant la splendide étendue où l'on sente - Souffler la ville énormément florissante !
O ses souffles, ses têtes, ses courses : la terrible célérité de la perfection des formes et de l'action !
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
Rien n'est vanité, à la science, et en avant ! crie l'Ecclésiaste moderne, c'est-à-dire tout le monde !
J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue.
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans - Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : - Mais l'amour infini me montera dans l'âme, - Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, - Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Les aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer.