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Ton savoir n'est rien, si tu ne sais pas que les autres le savent.
Arthur Schopenhauer
En tout et pour tout on ne jouit à proprement parler que de soi-même. Que le Soi ne vaille rien, et tous les grands plaisirs sont comme des vins délicieux dans une bouche contaminée par la gale.
Il peut arriver que nous regrettions, même longtemps après, la mort de nos ennemis et de nos adversaires presque aussi vivement que celle de nos amis : c'est quand nous voudrions les avoir pour témoins de nos brillants succès.
Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, elles ont besoin d'obscurité. Un certain degré d'ignorance générale est la condition de toutes les religions, le seul élément dans lequel elles peuvent vivre.
Me mêler aux querelles philosophiques de mon temps, cela m'entre aussi peu dans l'esprit que, quand je vois la populace se rosser dans la rue, je ne songe à descendre et à prendre part à la bagarre.
Il m'advient presque toujours parmi les hommes ce qui advenait à Jésus de Nazareth, quand il réveillait ses apôtres, tous constamment endormis.
Le monde est un accident regrettable.
Une pitié illimitée envers tous les êtres vivants est la garantie la plus solide et la plus certaine de la bonne conservation des moeurs.
Tel est le propre de l'action, positive ou négative, moralement bonne, d'être dirigée en vue de l'avantage et du profit d'un autre.
Mon époque et moi ne nous accordons pas ensemble, la chose est claire. Mais qui de nous deux gagnera le procès devant le tribunal de la postérité ?
Si la loi du matérialisme était la vraie loi, tout serait éclairci. Le "pourquoi" du phénomène serait ramené au "comment".
Nous ne mettons jamais tant d'art à mentir et à flagorner que quand il s'agit de nous duper nous-mêmes.
Plus un homme est bête et moins l'existence lui semble mystérieuse.
Ce n'est plus souvent que la perte des choses qui en enseigne la valeur.
L'égoïsme inspire une telle horreur que nous avons inventé la politesse pour le cacher, mais il perce à travers tous les voiles et se trahit en toute rencontre.
N'abrégez pas le matin en vous levant tard ; regardez-le comme la quintessence de la vie, jusqu'à un certain point sacré.
L'homme est certes libre de faire ce qu'il veut, mais il ne peut vouloir ce qu'il veut.
C'est la qualité de la conscience qui s'imposera d'abord comme essentiel.
Fumer la pipe dispense de penser.
Le monde visible n'est que le miroir de la volonté.
Je fais ici cette confession en prévision de ma mort, que je méprise la nation allemande à cause de son immense bêtise, et que je rougis de lui appartenir.
Je cause parfois avec les hommes comme l'enfant avec sa poupée. Elle sait très bien que la poupée ne l'entend pas, mais elle se procure, par une agréable auto-suggestion consciente, la joie de la conversation.
L'homme qui a suffisamment de richesse intérieure préfère rester hors de la société, pour n'avoir rien à donner et rien à supporter.
Borner ses désirs, refréner ses convoitises, maîtriser sa colère, se rappelant sans cesse que chaque individu ne peut jamais atteindre qu'une partie infiniment petite de ce qui est désirable et qu'en revanche des maux sans nombre doivent frapper chacun.
Les femmes se partagent en femmes trompées et en femmes trompeuses.
L'existence des hommes est bien plus occupée par des actes de volonté que par des actes de connaissance.
La beauté est une lettre ouverte de recommandation qui nous gagne les coeurs à l'avance.
Tout homme blanc est un homme décoloré.
En cruauté impitoyable, l'homme ne le cède à aucun tigre, à aucune hyène.
La vie d'un homme n'est qu'une lutte pour l'existence avec la certitude d'être vaincu.
Il semble que le bon Dieu ait créé le monde au profit du diable : il aurait mieux fait de s'abstenir.
Un savant c'est quelqu'un qui a appris beaucoup de choses ; un génie c'est quelqu'un dont l'humanité a à apprendre quelque chose, qu'elle ne connaissait pas encore.
Ce que l'homme a par soi-même ne lui profite jamais mieux que dans la vieillesse.
Toute ma philosophie peut se résumer dans cette expression : le monde est l'auto-connaissance de la volonté.
Le regard de l'intelligence, même la plus raffinée, diffère de celui de la génialité, en ce qu'il porte l'empreinte du service de la volonté ; tandis que celui de cette dernière en est exempt.
La religion catholique est une méthode pour obtenir le ciel en mendiant. Mais comme il est trop difficile à obtenir, les prêtres servent d'entremetteurs.
Aucune prose ne se lit aussi aisément et aussi agréablement que la prose française. L'écrivain français enchaîne ses pensées dans l'ordre le plus logique et en général le plus naturel.
Le mépris vient de la tête, la haine vient du coeur et l'un exclut l'autre.
Quiconque passe sa vie sans souffrances excessives, physiques ou psychiques a eu le sort le plus heureux qu'ont pouvait trouver.
La condition caractéristique du rêve, c'est le sommeil.
Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?
L'homme est le seul animal qui en fait souffrir d'autres sans autre but que celui-là.
Se marier s'est faire tout son possible pour se faire prendre en horreur par quelqu'un.
Les décorations sont des lettres de change tirées sur l'opinion publique.
On ne peut pas être vraiment soi qu'aussi longtemps qu'on est seul ; qui n'aime donc pas la solitude n'aime pas la liberté, car on n'est libre qu'étant seul.
Le médecin voit l'homme dans toute sa faiblesse ; le juriste le voit dans toute sa méchanceté ; le théologien dans toute sa bêtise.
Il n'y a pas de source plus sûre de consolations que de voir avec une parfaite évidence la nécessité inévitable de ce qui arrive.
Quelle est la plus grande jouissance possible à l'homme ? - La connaissance intuitive de la vérité. - L'exactitude de la réponse ne souffre pas le moindre doute.
Il n'y a en effet aucune opinion, aussi absurde soit-elle, que les hommes n'aient pas rapidement adoptée dès qu'on a réussi à les persuader qu'elle était généralement acceptée.
Un mot de trop détruit toujours son intention.
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