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J'écris pour me frayer mon chemin secret.
Assia Djebar
Comme ils me paraissent lourds, tous ces hommes en foule à l'opinion indécise.
J'ai le désir d'ensoleiller cette langue de l'ombre qu'est l'arabe des femmes.
Je ne vois pour les femmes arabes qu'un seul moyen de tout débloquer : parler, parler sans cesse d'hier et d'aujourd'hui.
De trop me savoir fugitive, je me tairais et l'encre de mon écriture, trop vite, sécherait.
Le Maghreb a refusé l'écriture. Les femmes n'écrivent pas. Elles brodent, tissent des tapis. Écrire, c'est s'exposer.
L'enfance disparue pouvons-nous la ressusciter, nous, les mutilées de l'adolescence, les précipitées hors corridor d'un bonheur excisé ?
Certes derrière la soie de ce silence se tapit le soi, ou le moi, qui s'écrivant peu à peu s'arrime, en se coulant dans le sillon de l'écriture, aux replis de la mémoire et à son premier ébranlement - un soi - moi, plus anonyme, car déjà à demi effacé...
Sitôt libérées du passé, où sommes-nous ? Le présent se coagule. Sourire fugace du visage dévoilé ; l'enfance disparue pouvons-nous la ressusciter, nous, les mutilées de l'adolescence, les précipitées hors corridor d'un bonheur excisé ?
C'est dans la langue dite "étrangère" que je deviens de plus en plus transfuge.
Le français... ma langue silencieuse.