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Les larmes qui tombent au dedans ne s'évaporent pas.
Augusta Amiel-Lapeyre
Nous tendons dans le vide de multiples fils d'araignée pour former la toile qui pourrait retenir le bonheur.
Dans le domaine de la sensibilité, l'indifférence est une paralysie du coeur.
Mieux que la plume, le crayon se penche, s'épanche, se confie pleinement.
Paris est aussi le refuge discret des familles déchues ou amoindries par le malheur.
La véritable intelligence vient du coeur.
Quand on dit à une femme qu'elle ne vieillit pas, ses étés se transforment en printemps.
Ceux qui sentent leur vulgarité cherchent à la voiler par la préciosité.
La femme a la mémoire du coeur : l'homme plutôt celle des yeux.
La femme moderne a ouvert si bas son corsage que son coeur s'est échappé.
La femme dit : "Je t'aime." L'homme dit : "Aime-moi."
Ne dédaigne pas les phrases, les pensées qui semblent usées par le temps. Fouille-les : Elles te montreront la vérité en un relief puissant.
La rosserie est l'un des sous-produits de la civilisation.
Entre femmes il est de ces petites amitiés qui prennent comme la poudre et s'éteignent avec la même rapidité : ce sont les fusées du coeur.
Comme les croix, les ailes sont à la mesure de chacun.
Les vieillards aiment les sucreries ; ils ont absorbé tant d'amertumes !
La vieillesse frappe longtemps à la porte des retardataires avant qu'on lui dise : Entrez ; mais une fois introduite, elle est maîtresse de la place.
Etre riche est un art. Ceux qui ne le sont plus, sont à peu près les seuls à le comprendre.
Un encrier est un univers : il contient en puissance tous les modes de la pensée.
Le poète a sans doute du divin dans les yeux, puisqu'il voit de la beauté à tout, même à l'homme déchu.
C'est quand arrive l'âge de demander à la vie de s'arrêter qu'elle reprend plus rapidement sa marche.
A la campagne, les jours de pluie et de bourrasque, si notre oisiveté le permet, nous abritons notre ennui au fond de notre Moi... où d'ailleurs nous trouvons parfois d'autres rafales.
Celui qui est grandi la douleur trouve son fond de douceur dans son mal : c'est la souffrance dorée.
Même en musique où tout est harmonie, il y a des pauses, des silences. Acceptons donc aussi ces arrêts du coeur dont nous souffrons parfois de la part de ceux qui nous aiment.
Ceux qui ont la prétention de tout savoir n'ont pas souvent le talent de tout comprendre.
Trop chercher à briller, n'est-ce pas vouloir coiffer les autres d'un éteignoir ?
Celui qui plante un clou dans l'appartement où il s'installe croit toujours plus ou moins y fixer le bonheur.
Jadis, la femme ne se croyait vraiment chez elle que devant son armoire ouverte. Aujourd'hui, son armoire c'est le monde entier.
Les croix dorées sont généralement en plomb.
Celui qui se noie, ne trouvant pas de branche à saisir, chercherait à s'accrocher à une toile d'araignée !
La tyrannie a bien des esclaves, mais l'amour reste un affranchi.
Certains n'ont pas de défaillances ; ils n'ont que des lacunes.
Plus une étoile est placée haut dans le ciel de notre âme, plus nous sommes heureux de l'admiration que l'on a pour elle.
Nos joies ne sont pas cette gerbe de fleurs serrées que voudraient enlacer nos bras douloureux. Elles sont les rares fils d'or que nous arrachons à la trame sombre de nos jours.
Nous demandons à nos amis la franchise absolue et nous donnons un sens péjoratif à leurs paroles.
Ceux qui élargissent l'horizon de la pensée sont des précurseurs. Mais bien souvent, comme Jean-Baptiste, ils prêchent dans le désert.
Même lorsqu'elle n'est vêtue que de haillons, la femme considère ses haillons.
C'est dans le bois dur que se produisent les fentes profondes.
L'amitié mal cultivée est envahie par les broussailles.
Ceux qui t'entourent, s'ils chantent leur chanson, chante-la avec eux.
Notre âme est comme le fruit : en mûrissant, elle se détache.
L'échelle sur laquelle monte notre âme est toujours dressée par la souffrance.
Ne cherche pas à abriter tes maux près des grandes joies... ni des grandes peines.
Les prophètes de malheur commencent parfois ainsi leur prédiction : Un beau jour...
A la rencontre des douleurs morales, nos souffrances physiques recherchent l'appui des vieux murs familiers.
Ceux qui diminuent le plus les autres veulent les mesurer à leur propre taille.
L'homme - je n'ai pas dit la femme - exerce sa malignité sur l'infériorité intellectuelle de son semblable ; mais il accorde un pardon inavoué à ses fautes morales.
Le bienfait de la solitude contrebalance-t-il le mal qu'elle engendre ?
"Un grand coeur !" Est-ce parce qu'il ne contient souvent qu'une seule affection que nous le désignons ainsi ?
Dans l'océan des vulgarités les pensées nobles apparaissent comme des îles.