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Se suicider peut être doublement criminel : parfois, on ne tue pas que soi-même.
Benoîte Groult
Ca dure toute la vie, une évasion. C'est tout le temps à refaire.
Il faut en tout cas admettre une vérité dérangeante : on est vieux dans le regard des autres bien avant de l'être dans le sien.
Quand la vie tient ainsi tout entière dans l'instant et qu'on parvient à oublier tout le reste, on atteint peut-être la plus intense forme de joie.
Fourier avait fait annoncer dans la presse qu'il serait à son domicile tous les jours à midi pour recevoir le mécène éventuel. Pendant des années... il ne manqua jamais de se trouver chez lui pour accueillir ce visiteur qui ne vint jamais.
L'effort physique est en général un facteur de classe, non de sexe. Les tâches les plus pénibles sont toujours réservées à ceux d'en bas, qu'ils soient robustes ou non.
La vie, c'est comme la culture : l'essentiel c'est ce qui reste quand on a vécu.
C'était un boulot à plein temps de vieillir. Et rien que pour empirer un peu chaque jour, ça coûtait très cher !
Dieu à la rescousse pour mieux garantir la différence des sexes, ce Dieu que les misogynes mettent toujours dans leur camp.
Quand les sentiments se vantent d'être profonds, c'est qu'ils manquent de surface.
Car le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse ; c'est aussi à la promesse, ou du moins l'espoir, d'un monde différent et qui pourrait être meilleur.
L'âge est un secret bien gardé. Dire que ce qu'est la vieillesse, c'est chercher à décrire la neige à des gens qui vivent sous les tropiques.
Dans la vie, les défaites sont bien plus riches que les victoires. Elles font réfléchir, évaluer, alors que le bonheur est souvent un statu quo.
On croit transmettre de grandes choses à ses enfants et c'est parfois par des petits souvenirs de rien du tout qu'on reste dans leur mémoire.
A toutes celles qui vivent dans l'illusion que l'égalité est acquise et que l'histoire ne revient pas en arrière, je voudrais dire que rien n'est plus précaire que les droits des femmes.
Le féminisme n'a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours.
Ce sont les questions qui sont le sel de la vie. Les réponses, il faut s'en garder : elles peuvent tuer.
A vingt ans, on voudrait tout et on peut raisonnablement tout espérer. A trente ans, on peut croire encore qu'on l'aura. A quarante ans, il est trop tard. Ce n'est pas que l'on ait soi-même vieilli, c'est l'espérance qui a vieilli en soi.
Jamais ne sera écrite la généalogie véritable de chaque humain, tissée de détours inouïs, fruit des hasards, des caprices ou des passions.
A l'aube, je me suis levée pour regarder par la fenêtre minuscule de quel gris était la pluie.
Mais celui qui parle le langage de la raison est celui qui aime le moins.
Eux, les vieux, cumulent tous les âges de la vie. Tous ceux qu'ils ont été cohabitent, sans compter ceux qu'ils auraient pu être et qui s'obstinent à venir empoisonner le présent avec leurs regrets ou leur amertume.
Deux siècles après la Déclaration des droits de l'homme, il faut encore lutter pour qu'elle s'applique à l'espère humaine tout entière.
Il n'y a qu'une manière d'être féministe aujourd'hui pour un homme, c'est de se taire enfin sur la féminité. C'est de laisser parler les femmes.
Je n'avais que faire de beaux souvenirs en bocal. Je hais les beaux souvenirs. Je n'aime que les beaux avenirs.
A partir d'une certaine récurrence, la chance n'est plus un hasard mais une qualité.
Si on y pense, nous sommes une insulte à la perfection de l'univers et jamais plus la septuagénaire que je suis ne marchera comme vénus parmi les vagues.
Le bel âge après tout, c'est celui où l'on sait à quels rêves on tient le plus celui où l'on peut encore en réaliser quelques-uns.
Je mesurais à quel point dans une vie commune tout est une question de regard : on peut s'irriter ou s'attendrir devant un même geste selon que l'on cherche une raison de vivre avec quelqu'un ou de le quitter.
Un lifting, c'est fait pour l'aventure en général, pour un amant à la rigueur, mais avant tout c'est fait contre. Contre l'âge qu'on a. Quel qu'il soit !
On a toujours tort de donner deux raisons : c'est qu'aucune n'est la bonne.
Ce qu'il y a de plus beau dans la navigation, c'est de débarquer.
Soraya est plus près d'Arlette Laguiller que Giscard n'est le frère d'un O.S.
Le racisme scandalise, le sexisme est considéré comme naturel, incurable et inévitable.
J'ai trop aimé courir, grimper, skier, conduire un voiture pour accepter de m'installer aux commandes d'un déambulateur.
Il a fallu cent ans pour effacer les discriminations les plus criantes entre les hommes et les femmes, mais qu'attend-on pour abroger celles qui restent ?
Il faut enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme mais d'avoir été élevée femme dans un univers d'hommes.
Vieillir c'est peut-être ne plus supporter les autres.
Le sexisme est plus profond et plus endémique encore que le racisme.
Demain, ils vont se quitter, et se quitter, pour eux, c'est se perdre, peut-être pour toujours.
La mort des parents ne devient définitive que le jour où leurs enfants ne sont plus là pour les évoquer.
Filles de joie. La joie de qui ?
Ce n'est pas en tuant ses parents que l'on devient adulte, mais en tuant l'enfant de ses parents, une cible beaucoup plus difficile.
La vieillesse est si longue qu'il ne faut pas la commencer trop tôt.