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Un amour imposé n'est jamais durable.
Bernard Dadié
Le fleuve, survolé de mouettes, était comme un tapis uni tiré par une main invisible. Sur la berge, des vaguettes, sans dentelure aucune, d'un bloc comme du velours qu'on déploie, venaient mourir.
Nous avons nos génies ; ils ont ici leur journalistes : et tous nous font trembler parce que nous ne savons jamais ce qu'ils pensent. Une affaire les intéresse-t-elle ? Ils la montent en épingle. Dans le cas contraire ils font autour d'elle la grande conspiration du silence.
On les appellent journalistes. Une race turbulente, à l'origine obscure. […] Des gens à l'esprit fort curieux et à la plume hardie, alerte, faisant uniquement métier d'écrire. En somme des espèces de paresseux ne sachant absolument rien faire de leurs dix doigts, mais dont la tête toujours travaille, travaille si bien qu'elle est toujours chaude.
Lorsque Dieu créa les hommes, il les mit à cuire dans un four. Dès les premières flammes, le blanc se sauva, puis les autres le suivirent à mesure que la température montait. Seuls nous autres, bravement, pour prouver à Dieu qu'Il venait de créer des hommes, restâmes dans le four jusqu'à ce que Dieu jugeât l'épreuve suffisante.
L'homme instruit est un lion.
Or où est la liberté, la tolérance, lorsqu'on voudrait que les hommes pensent de la même façon, prient de la même façon, dansent de la même façon, et plus grave encore, rêvent de la même façon. Heureusement que la diversité demeure et nous permet chaque fois de chercher la longueur d'onde de l'interlocuteur.
Ne sommes-nous pas dans un pays neuf ? Et un pays neuf n'est-il pas une contrée où l'esprit ne peut avoir de place tant que les appétits ne seront pas satisfaits ?
La Parisienne ne nous trompe pas en se fardant. Elle entend tromper le temps ; elle veut l'user, le décourager, le vaincre. Mais y a-t-il au monde un élément plus patient, plus têtu, plus cruellement têtu que le temps ?
Nous sommes tous ainsi faits du reste, à traîner des poids de toutes les sortes et à ne pas toujours pouvoir les dominer. Un monde de clans où aucune place n'est faite aux hommes libres sans préjugés, sans oellières.
Tout est mis en œuvre pour faire circuler l'argent, fouetter le commerce, déchaîner les appétits, aigrir les gens, activer les compétitions, creuser les fossés entre les différentes classes. Les uns manquent de tout et les autres ne savent que faire du superflu.
L'originalité de l'Afrique noir, c'est l'homme nu ; son génie, c'est la femme à plateau.
Si nous confions la garde de nos villages à des génies, les Parisiens laissent ce soin à des espèces de guerriers d'une importance considérable. Personne n'entreprend une action, ne fait un geste sans penser à eux. On les appellent journalistes. Une race turbulente, à l'origine obscure.
Un lion même mort effraie encore plus qu'une brebis.
L'homme est devenu un rouage ; et on lui donne tout juste ce qu'il faut pour jouer son rôle, tourner aussi.
L'esprit ne peut s'investir encore moins produire des dividendes. Il est une flamme et personne n'aime une flamme qui n'est pas à son service, dans son foyer, dans son être.
Que sont cent ans dans le cours des choses ? Nous naissons, nous vivons et nous mourons. Point besoin n'est de se tracasser avec les mois et les ans. Que l'on compte ou non, on mourra. C'est une fatalité. Mieux vaut s'en aller en ne sachant même pas combien de temps on a passé sur la terre.
Dans l'évolution de l'espèce humaine, de singe on devient Noir, Rouge, Jaune, puis Blanc.
Une jambe cassée donne une autre démarche.
Le soleil a beau luire, tant qu'il luit sur des misères, il ne réchauffe jamais les coeurs.
La démocratie sur nos bords a pris une couleur étrange qui assombrit notre ciel, et pose de nouveaux poids sur nos poitrines.
Aux murs, des statues de saints et parmi eux pas un seul Noir. Je te le répète. Nous n'avons pas encore droit de cité dans le Paradis. Nous devons sans doute effrayer terriblement saint Pierre qui nous dirigerait plutôt vers Belzébuth à cause de la couleur de notre peau.
Sommes-nous réellement dans un régime de liberté d'opinion ? L'homme est-il respecté comme il devrait l'être ? Ne veut-on pas faire de lui un robot, un perroquet, un mannequin ? Ne tend-on pas à lui enlever ce qui donne du prix à sa vie : le droit de penser librement.
L'homme peut ainsi se définir : un être cherchant constamment à se faire distinguer.
Vouloir est le levier magique de toutes les brillantes situations.