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Se balader sur Internet, c'est comme se balader à poil toute la journée dans une maison de verre : tu vois ce que je veux dire ?
Bernard Minier
Il considérait que les meilleurs livres demandent des efforts et que, plus globalement, tout ce qui est obtenu facilement est vain et sans valeur.
Une fois de plus, il sentit les mots de l'écrivain le prendre et l'emporter vers des territoires où régnaient la nuit et le crime. Une fois de plus, le même sentiment de malaise et de fascination mêlés l'étreignit au fil des pages. Dans la bulle de lumière de la lampe, les mots, les scènes, les personnages sortaient du livre et dansaient une ronde autour de lui.
Avec le développement d'Internet, les stalkers – un anglicisme pour désigner les harceleurs névrotiques – pouvaient désormais débusquer leurs cibles hors du cadre familial ou de l'entreprise. Le Web avait démocratisé cette activité-là aussi : on ne s'en prenait plus seulement à des personnalités en vue, comme Madonna ou Jodie Foster ; tout le monde pouvait devenir la cible de tout le monde…
Après tout, c'était un politicien, donc un acteur et un menteur professionnel.
Les morts ne parlent pas. Les morts ne pensent pas. Les morts sont morts, tout simplement. Mais la seule vraie tombe, c'est l'oubli, songea-t-il.
Le vecteur du paludisme, c'est le moustique. Celui de la folie, ou du moins son vecteur préféré, ce sont les médias.
Les gens mentent. Par omission, par cynisme, par intérêt ou pour donner ou avoir une meilleure image d'eux-mêmes, ils mentent. A leurs amis, à leurs proches, à leur patron, à leurs collègues, et aussi aux psychologues et aux questionnaires – et bien sûr à eux-mêmes...
Il y a deux sortes de gens : les salauds et les autres. Et tout le monde doit choisir son camp. Si vous ne le faites pas, c'est que vous êtes déjà dans celui des salauds.
Tout le monde pense être réglo. On se dupe soi-même. On arrange, on embellit – et on noircit les autres pour mieux s'apprécier. C'est comme ça qu'on arrive à vivre…
On scrute des galaxies lointaines, on dépense des centaines de milliards de dollars dans l'industrie du cinéma, dans le sport, et on n'est pas foutus de guérir une putain de maladie ? Quel est le con qui a dit que la nature était bien faite.
Et Victor Hugo en devient lumineux : Ami est quelquefois un mot vide de sens, ennemi jamais !
Tout le monde a ses secrets, tout le monde a quelque chose à cacher, et personne n'est uniquement ce qu'il paraît.
Contrairement aux idées reçues, 70 % des divorces survenaient par décision de la femme, non du mari. Les hommes étaient plus lâches.
Parfois justice et police avançaient de concert, parfois c'était comme si chacune tirait à un bout de la même corde.
Dans ce pays, les gens n'étaient pas curieux. A force de fixer les écrans de leurs tablettes et de leurs smartphones et d'éviter le regards des autres, ils se comportaient comme des zombies.
C'est bien connu : nous touche ce qui nous est proche.
C'était ça, la jeunesse, songea-t-il, des rêves, des illusions, la vie présentée comme un chatoyant mirage... Une publicité clinquante vendue par une agence de voyages pour un séjour qui se révélerait très éloigné du prospectus... Et aucun bureau de réclamations en vue.
Noël ramène à la surface toutes les joies mais aussi toutes les ombres de l'enfance.
Il existait encore en France des personnes sans Internet, qu'on obligeait désormais à déclarer leurs revenus en ligne. Moïra considérait cela comme une atteinte à leur liberté : c'était la marche forcée du progrès - et ceux qui le refusait se voyaient toujours contraints de ployer l'échine.
Servaz se remémora une phrase de George Orwell dans 1984 : Le pouvoir est de déchirer l'esprit humain en morceaux.
Avec des mots, on peut rendre quelqu'un heureux ou malheureux, entraîner et convaincre, les mots provoquent des émotions, tout écrivain le sait, et permettent aux hommes de s'influencer les uns les autres.
Tu ne comprends donc pas que tout ce que vous mettez sur Internet y est pour l'éternité et que la notion de vie privée n'existe pas pour ces gens-là ? Ils s'en tapent de votre vie privée. Et même pis : ils ont bien l'intention de faire du fric avec.
Les yeux bleus vont aux cieux, les yeux gris au paradis, les yeux verts vont en enfer, les yeux noirs au purgatoire.
Rien n'est plus mensonger qu'une photo de famille.
Il avait deviné un homme qui, comme lui, détestait la vulgarité des loisirs modernes, la stupidité consumériste des générations actuelles, la pauvreté de leurs centres d'intérêt et de leurs goûts, la platitude de leurs idées, leurs comportements moutonniers et leur incurable philistinisme.
Je faisais partie d'un groupe libertaire. J'ai même vécu dans un squat. Les flics, les gendarmes, c'était l'ennemi : des fachos, les chiens de garde du pouvoir, l'avant-poste de la réaction - ceux qui protégeaient le confort petit-bourgeois et qui opprimaient des faibles, les immigrés, les sans-domicile.
Il se remémora en souriant la théorie d'Espérandieu : son adjoint estimait qu'à partie d'un certain taux de costards-cravates au mètre carré on entrait dans ce qu'il appelait la "zone de compétence raréfiée", encore nommée par lui "zone des décisions absurdes", "zone du tirage de couverture à soi" ou "zone des parapluies ouverts".
L'orque nomade est le plus cruel des mammifères marins mais l'homme nomade est le plus cruel des mammifères tout court.
La révolution numérique était en train de Bâtir brique par brique le rêve millénaire de toutes les dictatures - des citoyens sans vie privée, qui renonçaient d'eux-mêmes à leur liberté...