Images
Il est toujours difficile de dire ce qu'on perd et ce qu'on gagne à choisir t'elle voie plutôt que telle autre. Mais on ne revient pas en arrière à volonté. Ou alors on devient une de ces épaves qui, à force de ne jamais choisir, finissent par vieillir sans avoir vécu.
Bernard Pingaud
Il ferma les yeux et souhaita de toutes ses forces être un arbre, ou une pierre, ou un simple brin d'herbe ancré dans la terre. Rêvait-t'il ?
S'il fallait un jour sacrifier ce qu'elle avait de meilleur, elle offrirait cela : une seconde chance de confiance très pure, volées à l'éternité.
L'auteur et son roman : couple infernal. Qui est le maître de l'autre ?
Les écrivains sont incorrigibles : même quand ils parlent de se taire, ils ne résistent pas à la tentation de raconter leur silence.
La grande affaire de l'existence n'est-elle pas d'accepter la compagnie d'autrui ? Impossible de vivre sans, difficile de vivre avec. On ne s'en tire jamais que par un compromis.
Un nouveau projet chasse le précédent, un autre "mon roman" prend la place de celui que je viens de quitter. On n'en en jamais fini avec l'écriture.
La contradiction qui rend toute approche du lecteur unique si difficile, elle est là : il faut qu'il me connaisse assez pour me retrouver, et trop peu pour ne pas être surpris. Il faut que la connaissance et la surprise soient, toutes les deux, totales.
On n'a pas le droit d'être fidèle pour rien, pour la seule gloire de la fidélité.
Cette grange, c'est pour nous qu'elle à était bâtie. Je la meublerai des plaisirs de tes songes. A toi sera le silence dont je suis le tisserand, à toi l'écoulement tranquille du temps qui glissera sur ton visage sans le tenir et fera mûrir les arbres du bonheur dont nous posséderont les fruits.
J'étais assuré, maintenant, que la merveilleuse musique qui m'avait obsédé si longtemps n'était pas perdue. Qu'elle continuait à voltiger, à travers l'espace et le temps, comme les mouettes de mon rêve, se posant là où il lui plaisait, quand il lui plaisait, dès l'instant où elle trouvait quelqu'un pour l'écouter.
Le lecteur unique ne serait pas vraiment un lecteur si mon livre ne l'étonnait pas. L'intérêt, pour lui, est de me découvrir en me lisant.
Finir un livre est comme fermer une porte. On n'est jamais certain que le moment soit venu de sortir.
Mais c'est qu'il est peut-être impossible de parler de la vraie musique, celle qui impose sa pure présence, comme une âme délivrée de toute contrainte charnelle, dans un espace et un temps qu'elle invente en même temps qu'elle s'y déploie.