Images
Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but.
Blaise Pascal
Trop de jeunesse et trop de vieillesse empêchent l'esprit.
Ils ne savent pas que ce n'est que la chasse, et non la prise qu'ils recherchent.
Toutes les occupations des hommes sont à avoir du bien ; et ils n'ont ni titre pour le posséder justement, ni force pour le posséder sûrement.
La nature a des perfections pour montrer qu'elle est l'image de Dieu, et des défauts pour montrer qu'elle n'en est que l'image.
A mesure qu'on a plus d'esprit, on trouve qu'il y a plus d'hommes originaux.
Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, son vide.
Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.
Deux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier, font rire ensemble par leur ressemblance.
Comme la mode fait l'agrément aussi fait-elle la justice.
Pour reconnaître si c'est Dieu que nous fait agir, il vaut bien mieux s'examiner par nos comportements au dehors que par nos motifs au dedans.
Qui tient le juste milieu ? Qu'il paraisse, et qu'il le prouve.
Imagination - C'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.
Il y a des passions qui resserrent l'âme et qui la rendent immobile et qu'il y en a qui l'agrandissent et la font répandre au dehors.
Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n'être pas fou.
Voulez-vous qu'on croie du bien de vous ? N'en dites point !
Morale et langage sont des sciences particulières mais universelles.
L'éloquence continue l'ennuie.
Il est faux que nous soyons dignes que les autres nous aiment, il est injuste que nous le voulions.
L'homme qui n'aime que soi ne hait rien tant que d'être seul.
Ce que Montaigne a de bon ne peut être acquis que difficilement. Ce qu'il a de mauvais, j'entends hors les moeurs, pût être corrigé en un moment, si on l'eût averti qu'il faisait trop d'histoires, et qu'il parlait trop de soi.
Nous avons beau enfler nos conceptions, au delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses.
On peut bien connaître l'existence d'une chose, sans connaître sa nature.
Ce qui m'étonne le plus est de voir que tout le monde n'est pas étonné de sa faiblesse.
La netteté de l'esprit cause aussi la netteté de la passion, c'est pourquoi un esprit grand et net aime avec ardeur et il voit distinctement ce qu'il aime.
La chose la plus importante à toute la vie est le choix du métier : le hasard en dispose.
L'on demande s'il faut aimer. Cela ne se doit pas demander, on le doit sentir. L'on ne délibère point là-dessus, l'on y est porté, et l'on a le plaisir de se tromper quand on consulte.
Il ne faut pas que l'homme croie qu'il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu'il ignore l'un et l'autre, mais qu'il sache l'un et l'autre.
S'ils sont plus grands que nous... ils ont les pieds aussi bas que les nôtres.
Notre doctrine des équivoques, par laquelle il est permis d'user de termes ambigus, en les faisant entendre en un autre sens qu'on ne les entends soi-même.
Les âmes propres à l'amour demandent une vie d'action qui éclate en événements nouveaux. Comme le dedans est mouvement, il faut aussi que le dehors le soit, et cette manière de vivre est un merveilleux acheminement à la passion.
Mon Dieu ! que ce sont de sots discours : Dieu aurait-il fait le monde pour le damner ?
Qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier, dont nous nous éveillons quand nous pensons dormir ?
A mesure que l'on a plus d'esprit, on trouve qu'il y a plus d'hommes originaux. Les gens du commun ne trouvent point de différence entre les hommes.
C'est le consentement de vous à vous-même, et la voix constante de votre raison, et non des autres qui vous doit faire croire.
Je blâme également, et ceux qui prennent parti de louer l'homme, et ceux qui le prennent de le blâmer, et ceux qui le prennent de se divertir ; et je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant.
Un corps qui nous aggrave et nous baisse vers la terre.
L'éloquence est une peinture de la pensée, et ainsi ceux qui après avoir peint ajoutent encore font un tableau au lieu d'un portrait.
L'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer.
Le moi consiste dans ma pensée.
Les grands génies ont leur empire, leur éclat, leur grandeur, leur victoire et leur lustre, et n'ont nul besoin des grandeurs charnelles où elles n'ont pas de rapport. Ils sont vus, non des yeux mais des esprits. C'est assez.
La pensée est donc une chose admirable et incomparable par sa nature.
Les choses ont diverses qualités et l'âme diverses inclinations, car rien n'est simple de ce qui s'offre à l'âme, et l'âme ne s'offre jamais simple à aucun sujet. De là vient qu'on pleure et qu'on rit d'une même chose.
Il est question de savoir si la volonté de l'homme est la cause de la volonté de Dieu, ou la volonté de Dieu la cause de la volonté de l'homme.
Les pères craignent que l'amour naturel des enfants ne s'efface ; quelle est donc cette nature, sujette à être effacée ? la coutume est une seconde nature, qui détruit la première. Mais qu'est-ce que nature ?
Personne n'est assez abandonné de Dieu pour cela.
Ceux qui font les antithèses en forçant les mots font comme ceux qui font de fausses fenêtres pour la symétrie : leur règle n'est pas de parler juste, mais de faire des figures justes.
Tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre.
L'esprit croit naturellement et la volonté aime naturellement ; de sorte que, faute de vrais objets, il faut qu'ils s'attachent aux faux.
Les femmes aiment à apercevoir une délicatesse dans les hommes, et c'est, ce me semble, l'endroit le plus tendre pour les gagner. L'on est aise de voir que mille autres sont méprisables et qu'il n'y a que nous d'estimables.