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Il ne faut pas le bruit d'un canon pour empêcher ses pensées. Il ne faut que le bruit d'une girouette ou d'une poulie.
Blaise Pascal
Cependant le monde est si inquiet, qu'on ne pense presque jamais à la vie présente et à l'instant où l'on vit ; mais à celui où l'on vivra. De sorte qu'on est toujours en état de vivre à l'avenir, et jamais de vivre maintenant.
Si l'homme s'étudiait le premier, il verrait combien il est incapable de passer outre.
La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement et c'est pourtant la plus grande de nos misères.
Le hasard donne les pensées et le hasard les ôte.
L'on ne peut presque faire semblant d'aimer que l'on ne soit bien près d'être amant, ou du moins que l'on n'aime en quelque endroit ; car il faut avoir l'esprit et les pensées de l'amour pour ce semblant, et le moyen de bien parler sans cela ?
Il faut se connaître soi-même ; Quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela au moins sert à régler sa vie, et il n'y a rien de plus juste.
Croyant que ces propositions pouvaient être prises au sens de la grâce efficace.
Etrange zèle, qui s'irrite contre ceux qui accusent des fautes publiques, et non pas contre ceux qui les commettent !
Quand on aime fortement, c'est toujours une nouveauté de voir la personne aimée ; après un moment d'absence, on la trouve de manque dans son coeur. Quelle joie de la retrouver !
Ainsi s'écoule toute la vie on cherche le repos en combattant quelques obstacles et si on les a surmontés le repos devient insupportable par l'ennui qu'il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte.
Travaillons donc à bien penser : Voilà le principe de la morale.
Que sert à l'homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme ? Qui veut garder son âme, la perdra.
En un mot, le moi a deux qualités : il est injuste en soi, en ce qu'il se fait centre du tout ; il est incommode aux autres, en ce qu'il les veut asservir : car chaque moi est l'ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres !
La vérité subsiste éternellement.
Les yeux sont les interprètes du coeur ; mais il n'y a que celui qui y a intérêt qui entend leur langage.
La raison a beau crier ; elle ne peut mettre le prix aux choses.
Rien n'est si important à l'homme que son état, rien ne lui est si redoutable que l'éternité.
Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.
Il faut n'aimer que Dieu et ne haïr que soi.
Il n'y a point d'homme plus différent d'un autre que de soi-même, dans les divers temps.
Il importe à toute la vie de savoir si l'âme est mortelle ou immortelle.
Les preuves ne convainquent que l'esprit. La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues ; elle incline l'automate, qui entraîne l'esprit sans qu'il y pense.
La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.
La nature de l'amour-propre et de ce moi humain est de n'aimer que soi et de ne considérer que soi.
Si c'est un aveuglement qui n'est pas naturel de vivre sans chercher ce qu'on est, c'en est un encore bien plus terrible de vivre mal en croyant Dieu. Tous les hommes presque sont dans l'un ou l'autre de ces deux aveuglements.
La curiosité n'est que vanité le plus souvent ; on ne veut savoir que pour en parler.
Nous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables : misérables comme nous, impuissants comme nous, ils ne nous aideront pas ; on mourra seul.
L'imagination ne peut rendre sages les fous, mais elle les rend heureux à l'envi de la raison qui ne peut rendre ses amis que misérables, l'une les couvrant de gloire, l'autre de honte.
Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.
Prophétiser, c'est parler de Dieu, non par preuves du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat.
La loi par laquelle ce peuple est gouverné est tout ensemble la plus ancienne loi du monde, la plus parfaite, et la seule qui ait toujours été gardée sans interruption dans un Etat.
C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité.
Peu de chose nous console, parce que peu de chose nous afflige.
L'affection ou la haine changent la justice de face. Et combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste la cause qu'il plaide ! Combien son geste hardi le fait-il paraître meilleur aux juges, dupés par cettte apparence !
Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute.
A force de parler d'amour, on devient amoureux. Il n'y a rien de si aisé. C'est la passion la plus naturelle à l'homme.
Le respect de la personne humaine se fonde sur son caractère irremplaçable.
Les athées doivent dire des choses parfaitement claires ; or il n'est point parfaitement clair que l'âme soit matérielle.
Plus on a de bras, plus on est fort. Etre brave c'est montrer sa force.
Trop et trop peu de vin interdisent la vérité.
Nous avons une impuissance de prouver, invincible à tout le dogmatisme. Nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme.
Plaisante justice, qu'une rivière ou une montagne borne ! Vérité en deça des Pyrénées, erreur au-delà.
Le respect est : incommodez-vous ; cela est vain en apparence, mais très juste ; car c'est dire : je m'incommoderais bien, si vous en aviez besoin.
On peut voir trois principaux objets dans l'étude de la vérité : l'un, de la découvrir, quand on la cherche, de la démontrer, quand on la possède, le dernier, de la discerner d'avec le faux quand on l'examine.
La vérité est si obscurcie en ces temps et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever, et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. - Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.
"J'aurais bientôt quitté les plaisirs, disent-ils, si j'avais la foi." - Et moi, je vous dis : "Vous auriez bientôt la foi, si vous aviez quitté les plaisirs."
Plus ils marquent de faiblesse en ma personne, plus ils autorisent ma cause.
On trouve toujours plus de moines que de raisons.