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Il est faux qu'en divisant un espace on puisse arriver à une partie indivisible, c'est-à-dire qui n'ait aucune étendue...
Blaise Pascal
Que tous les disciples d'Aristote assemblent tout ce qu'il y a de fort dans les écrits de leur maître ou de ses commentateurs.
Puisqu'on ne peut être universel en sachant tout ce qui peut se savoir sur tout, il faut savoir peu de tout. Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose.
La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. C'est donc être misérable que de se connaître misérable ; mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable.
C'est le coeur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au coeur, non à la raison.
En effet, on a beau se cacher, l'on aime toujours. Dans les choses mêmes d'où il semble que l'on ait séparé l'amour, il s'y trouve secrètement et en cachette, et il n'est pas possible que l'homme puisse vivre un moment sans cela.
L'homme est ainsi fait, qu'à force de lui dire qu'il est un sot, il le croit ; et à force de se le dire à soi-même, on se le fait croire. Car l'homme fait lui seul une conversation intérieure, qu'il importe de bien régler.
Vous savez quel trafic on fait aujourd'hui des bénéfices, et que s'il fallait s'en rapporter à ce que saint Thomas et les anciens en ont écrit, il y aurait bien des simoniaques dans l'Eglise.
Dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr.
Quoique ce soit une même passion, il y faut de la nouveauté ; l'esprit s'y plait, et qui sait la procurer, sait se faire aimer.
L'Eglise enseigne et Dieu inspire, l'un et l'autre infailliblement.
(Les misères de l'homme.) Ce sont misères de grands seigneur, misères d'un roi dépossédé.
La dernière démarche de la raison est de reconnaitre qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle est bien faible si elle ne va pas jusque là.
On ne souhaite pas nûment une beauté, mais l'on y désire mille circonstances qui dépendent de la disposition où l'on se trouve ; et c'est en ce sens que l'on peut dire que chacun a l'original de sa beauté, dont il cherche la copie dans le grand monde.
Les enfants qui s'effrayent du visage qu'ils ont barbouillé, ce sont des enfants ; mais le moyen que ce qui est si faible étant enfant, soit bien fort étant plus âgé !
Il était d'autant plus fourbe qu'il ne l'était pas toujours.
Le plaisir d'aimer sans l'oser dire a ses peines ; mais il a aussi ses douceurs.
La nature de l'homme n'est pas d'aller toujours ; elle a ses allées et venues.
Je ne veux que mettre ici en évidence tous les fondements de cette religion chrétienne qui sont indubitables, et qui ne peuvent être mis en doute par quelque personne que ce soit.
La vie tumultueuse est agréable aux grands esprits ; mais ceux qui sont médiocres n'y ont aucun plaisir, ils sont machines partout.
Les riches quittent leur bien, les enfants quittent la maison délicate de leurs pères pour aller dans l'austérité d'un désert, etc.
Toute la suite des hommes, pendant le cours de tous les siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement.
A celui qui a le plus reçu sera le plus grand compte demandé à cause du pouvoir qu'il a par le secours.
Les qualités d'esprit ne s'acquièrent point par l'habitude ; on les perfectionne seulement. De là, il est aisé de voir que la délicatesse est un don de nature, et non pas une acquisition de l'art.
Soutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire.
En amour un silence vaut mieux qu'un langage. Il est bon d'être interdit ; il y a une éloquence de silence qui pénètre plus que la langue ne saurait faire.
Incompréhensible que Dieu soit, et incompréhensible qu'il ne soit pas.
La vanité est si ancrée dans le coeur de l'homme qu'un soldat, un goujat, un cuisinier, un cracheur de feu se vante et veut avoir des admirateurs et les philosophes mêmes en veulent.
L'essence de la méprise consiste à ne la pas connaître.
Ainsi j'appelle miraculeuse la guérison d'une maladie, faite par l'attouchement d'une sainte relique ; la guérison d'un démoniaque, faite par l'invocation du nom de Jésus, etc.
Les sens abusent souvent la raison par de fausses apparences.
Un portrait porte absence et présence, plaisir et déplaisir. La réalité exclut absence et déplaisir.
Diseur de bons mots, mauvais caractère.
Les chrétiens font-ils plus d'état des biens de la terre, ou font-ils moins d'état de la vie des hommes que n'en ont fait les idolâtres et les infidèles ?
On ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat.
Nous ne nous soutenons pas dans la vertu selon notre propre force, mais par le contrepoids de deux vices opposés.
On se forme par l'esprit et les sentiments par les conversations.
L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.
La conscience est le meilleur livre du monde que nous ayons ; c'est celui que l'on doit consulter le plus souvent.
Il y a des mots incapables d'être définis.
L'égarement à aimer en divers endroits est aussi monstrueux que l'injustice dans l'esprit.
Si on est trop jeune, on ne juge pas bien. Si on est trop vieil, de même. Si on n'y songe pas assez, si on y songe trop, on s'entête, et l'on ne peut trouver la vérité.
Induire en erreur est mettre l'homme dans la nécessité de conclure et suivre une fausseté.
Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui en voyant un livre croient trouver un homme, sont tout surpris de trouver un auteur.
C'est une sphère infinie, dont le centre est partout, la circonférence nulle part.
La vie n'est bonne qu'à étudier et à enseigner les mathématiques.
Ni la contradiction n'est marque de fausseté, ni l'incontradiction n'est marque de vérité.
Il n'est rien de cela aux exemples des payens ; nous n'avons pas de liaison à eux.
On ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux.
Quand on aime, il semble que l'on ait une toute autre âme que quand on aime pas !