Images
Et ainsi, notre proposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il y a pareils hasards de gain que de perte, et l'infini à gagner. Cela est démonstratif ; et si les hommes sont capables de quelque vérité, celle-là l'est.
Blaise Pascal
Notre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort.
Entre nous, et l'enfer ou le ciel, il n'y a que la vie entre deux, qui est la chose du monde la plus fragile.
Tout ce qui a été faible ne peut jamais être absolument fort.
Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu'à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l'irriter encore plus.
Il n'est pas étrange qu'on se conserve en ployant, et ce n'est pas proprement se maintenir.
Et ainsi, le présent ne nous satisfaisant jamais, l'expérience nous pipe, et de malheur en malheur, nous mène jusqu'à la mort, qui en est un comble éternel.
Condition de l'homme : inconstance, ennui, inquiétude
Nous ne sommes que mensonge, duplicité, contrariété, et nous cachons et nous déguisons à nous-mêmes.
De sorte qu'après tant d'épreuves de leur faiblesse, ils ont jugé plus à propos et plus facile de censurer que de repartir, parce qu'il leur est bien plus aisé de trouver des moines que des raisons.
L'orgueil contrepèse toutes nos misères. Car, ou il les cache, ou s'il les découvre, il se glorifie de les connaître.
Suivez la manière par où ils ont commencé : c'est en faisant tout comme s'ils croyaient, en prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes, etc. Naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira.
Est-ce donc une chose à dire gaiement ? et n'est-ce pas une chose à dire, au contraire, tristement, comme la chose du monde la plus triste ?
Il faut que le monde soit bien aveugle s'il vous croit.
Sans divertissement, il n'y a point de joie ; avec le divertissement, il n'y a point de tristesse.
Oui ; mais il faut parier ; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.
On ne s'ennuie point de manger et dormir tous les jours, car la faim renaît, et le sommeil ; sans cela on s'en ennuierait.
Nous implorons la miséricorde de Dieu, non afin qu'il nous laisse en paix dans nos vices, mais afin qu'il nous en délivre.
Notre instinct nous fait sentir qu'il faut chercher notre bonheur hors de nous.
L'esprit a son ordre, qui est par principes et démonstrations ; le coeur en a un autre. On ne prouve pas qu'on doit être aimé, en exposant par ordre les causes de l'amour.
Les miracles sont plus importants que vous ne pensez ; ils ont servi à la fondation, et serviront à la continuation de l'Eglise, jusqu'à l'Antéchrist, jusqu'à la fin.
Les hommes se gouvernent plus par caprice que par raison.
J'ai mal usé de ma santé, et vous m'en avez justement puni. Ne souffrez pas que j'use mal de votre punition.
Il n'aime plus cette personne qu'il aimait il y a dix ans. Je crois bien ; elle n'est plus la même, ni lui non plus ; il était jeune et elle aussi ; elle est tout autre.
Pour vous le montrer encore mieux, dit-il, ne pensez-vous pas que la bonne opinion de soi-même et la complaisance qu'on a pour ses ouvrages, est un des péchés les plus dangereux ?
Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher.
La raison agit avec lenteur, et avec tant de vues, sur tant de principes, lesquels il faut qu'ils soient toujours présents, qu'à toute heure elle s'assoupit ou s'égare, manque d'avoir tous ses principes présents.
La concupiscence nous est devenue naturelle et a fait notre seconde nature. Ainsi il y a deux natures en nous : l'une bonne, l'autre mauvaise. Où est Dieu ? Où vous n'êtes pas.
La vérité des passions ne se déguise pas si aisément que les vérités sérieuses. Il faut du feu, de l'activité et un feu d'esprit naturel et prompt pour la première ; les autres se cachent avec la lenteur et la souplesse, ce qu'il est plus aisé de faire.
Apprenez que l'homme passe infiniment l'homme, et entendez de votre maître votre condition véritable que vous ignorez. Ecoutez Dieu.
Les Grecs, et les Latins ensuite, ont fait régner les fausses déités.
A mesure que l'on a plus d'esprit, l'on trouve plus de beautés originales ; mais il ne faut pas être amoureux, car, quand l'on aime, l'on n'en trouve qu'une.
J'ai connu que notre nature n'était qu'un continuel changement, et je n'ai plus changé depuis ; et si je changeais, je confirmerais mon opinion.
L'orgueil et la paresse qui sont les deux sources de tous les vices.
Il ne faut pas moins de capacité pour aller jusqu'au néant que jusqu'au tout.
Les belles actions cachées sont les plus estimables.
L'éternuement absorbe toutes les fonctions de l'âme...
Tout ce qui est au monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie : libido sentiendi, libido sciendi, libido dominandi.
Quelle différence entre un soldat et un chartreux, quant à l'obéissance ? car ils sont également obéissants et dépendants, et dans des exercices également pénibles.
Tant plus le chemin est long dans l'amour, tant plus un esprit délicat sent de plaisir.
Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose ; cette universalité est la plus belle.
Il faut que vous passiez pour les plus abandonnés calomniateurs qui furent jamais.
L'ordre de la pensée est de commencer par soi, et par son auteur et sa fin.
Le premier effet de l'amour, c'est d'inspirer un grand respect ; l'on a de la vénération pour ce que l'on aime. Il est bien juste : on ne reconnaît rien au monde de grand comme cela.
Je mets en fait que, si tous les hommes savaient ce qu'ils disent les uns des autres, il n'y aurait pas quatre amis dans le monde. Cela paraît par les querelles que causent les rapports indiscrets qu'on en fait quelquefois.
La grandeurs des gens d'esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces gens de chair.
La faiblesse de la raison de l'homme paraît bien davantage en ceux qui ne la connaissent pas, qu'en ceux qui la connaissent.
Ceux que nous appelons anciens étaient vraiment nouveaux en toutes choses.
Il faut savoir douter où il faut, assurer où il faut, et se soumettre où il faut. Qui ne fait ainsi n'entend pas la force de la raison.
Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous ayons mis quelque chose devant pour empêcher de le voir.