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Nous sommes les pantins de nos récits. Le sentiment de honte ou de fierté qui accable nos corps ou allège nos âmes provient de la représentation que nous nous faisons de nous-mêmes.
Boris Cyrulnik
L'amour n'est pas un lien, c'est une révélation.
Sans angoisse et sans perte affective, aurait-on besoin de sécurité ? Le monde serait fade et nous n'aurions peut-être pas le goût d'y vivre.
La réussite n'est pas toujours une preuve d'épanouissement, elle est souvent même le bénéfice secondaire d'une souffrance cachée.
Moins on a de connaissances, plus on a de convictions.
On paie la neutralisation de l'angoisse par l'acquisition de l'intolérance.
On parle de sciences humaines, comme s'il pouvait y avoir des sciences inhumaines !
Nous habitons un monde interprété par d'autres où il nous faut prendre place.
La violence est un point de vue, exprimé par des comportements qui ne tiennent pas compte de l'existence de l'autre.
Les pervers n'ont jamais honte puisque pour eux l'autre n'existe pas, c'est un pantin qui n'est là que pour leur propre plaisir.
Le principal organe de la vision, c'est la pensée. On voit avec nos idées.
Chaque publication scientifique ne sert qu'à poser 10, 20 questions. Chaque découverte scientifique est passionnante parce qu'elle ouvre un univers de questions. Si les questions vous angoissent, ne soyez pas scientifique.
Un enfant n'a jamais les parents dont il rêve. Seuls les enfants sans parents ont des parents de rêve.
La voix humaine contient, elle aussi, un nombre étonnant de signaux : dès la première phrase au téléphone, on sait à qui l'on a affaire, son sexe, son âge, sa culture, son humeur agressive, abattue ou érotique, et même son niveau social.
Le paradoxe de la condition humaine, c'est qu'on ne peut devenir soi-même que sous l'influence des autres.
On disait que j'étais bavard comme une pie, je racontais des histoires, j'adressais la parole à des inconnus dans la rue. Qui aurait pu penser que je parlais pour me taire ? Les mots que je disais servait à cacher ceux qu'il ne fallait pas dire.
Inventez une charlatanerie, n'importe laquelle, vous trouverez toujours des hommes qui diront que ça marche, tant notre besoin d'illusion est intense.
L'aventure humaine, c'est de se poser des questions, d'explorer et de chercher.
Une enfance instable oblige à tâtonner pour contrôler l'adversaire. C'est un mode tranquillisant : chercher à comprendre l'agresseur, c'est la première défense de l'enfant agressé.
Nous sommes tous nés deux fois : le jour de notre naissance biologique, dont nous n'avons aucun souvenir, et le jour de notre naissance à la conscience, que nous nous rappelons par définition.
Le malheur n'est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d'organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s'en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d'adversité.
Les Allemands sont devenus nazis ... par incapacité de se représenter le monde de l'autre.
Le hasard ne joue que dans un cadre étroit des possibles.
L'évolution naturelle et culturelle ne se fait que grâce aux catastrophes.
Il nous suffit d'être, pour être supérieurs.
Si vous vous mettez à la place des autres, vous aurez un frein intime, vous ne pourrez pas tout vous permettre.
Quand tout vaut tout, rien n'a de valeur.
Toutes les identités sont le produit de l'héritage d'un père, d'une mère et d'une religion que chacun interprète selon son contexte culturel.
L'évolution ne connait pas la marche arrière.
La meilleure définition que je connaisse de la névrose et de la psychose est la suivante : le psychotique sait que deux et deux font cinq et pense qu'il faut être fou pour ne pas le voir. Alors que le névrosé sait très bien que deux et deux font quatre, et ça lui paraît intolérable.
Etre invulnérable voudrait dire impossible à blesser. La seule protection consiste à éviter les chocs qui détruisent autant qu'à éviter de trop s'en protéger.
A l'époque où l'on n'a jamais si bien compris la relation mère-enfant, les nourrissons n'ont jamais été si seuls.
Tout organisme pour s'adapter doit innover, tenter une aventure hors de la norme, engendrer de l'anormalité afin de voir si ça marche, car vivre, c'est prendre un risque.
Très souvent les orphelins sont des inventeurs de mondes.
Le vent paraît toujours plus violent quand le ciel devient sombre.
Dans l'histoire d'une vie, on n'a jamais qu'un seul problème à résoudre, celui qui donne sens à notre existence et impose un style à nos relations. On a tous les mêmes promesses développementales, mais pas tous les mêmes histoires.
Le bonheur est contagieux et le malheur aussi est contagieux.
La famille, ce havre de sécurité, est en même temps le lieu de la violence extrême.
Lorsqu'une personne n'est pas très sûre de ses désirs, de ses pensées ou de ses projets, le conformisme lui apporte les bénéfices du prêt-à-penser culturel et des comportements conformes. Le sentiment, au fond de soi, d'appartenir à un groupe, de venir d'un couple originel étaye l'acquisition de nos comportements, l'assimilation de nos valeurs et nos manières de nous insérer dans notre monde.
Toute vie est possédée. Double ensorcellement pour l'homme. Pas d'autre issue que de subir le biotope structuré par la nature, puis le milieu réglé par les récits des autres.
L'homme seul ne peut devenir homme. Je ne peux devenir moi-même que si j'ai un autre pour me développer, éveiller mes émotions, mes affects.
Le mot agressivité désigne indifféremment l'humain qui exprime son amour déçu ou celui qui souffre d'une tumeur temporale, d'un trouble métabolique ou d'un bourrage de crâne idéologique.
Un monde sans paroles ne serait plus humain, mais un monde sans animaux le serait-il encore ?
Le tabac racontait un discours de fière appartenance, alors que le timbre nicotinique murmure un triste désir de santé.
On n'en veut pas à la pierre contre laquelle on se cogne, on a mal c'est tout. Mais quand le coup provient d'une personne avec qui on a établi une relation affective, après avoir enduré le coup, on souffre une deuxième fois de sa représentation.
La seule révolution physiologique d'une vie humaine c'est l'amour.
La résilience : un tricot qui noue une laine développementale avec une laine affective et sociale.
Etre seul, ce n'est pas être. Nous ne pouvons qu'être ensorcelés, possédés pour devenir nous-mêmes.
On peut découvrir en soi, et autour de soi, les moyens qui permettent de revenir à la vie et d'aller de l'avant tout en gardant la mémoire de sa blessure.
Si l'on ramasse un blessé de la route n'importe comment, on risque d'aggraver ses douleurs et il faut prendre des précautions. De même pour les blessés de la vie, à défaut de quoi on les condamne.